Jeune et Jolie
Sur Panodyssey, tu peux lire 10 publications par mois sans être connecté. Profite encore de 9 articles à découvrir ce mois-ci.
Pour ne pas être limité, connecte-toi ou créé un compte en cliquant ci-dessous, c’est gratuit !
Se connecter
Jeune et Jolie
Titre original : Jeune & Jolie
Année : 2013
Réalisateur : François Ozon
Pays : France
Casting : Marine Vacth, Géraldine Pailhas, Frédéric Pierrot, Johan Leysen, Charlotte Rampling, Nathalie Richard, Djédjé Apali, Stefano Cassetti, Lucas Prisor
Résumé : Le portrait d'une jeune fille des beaux quartiers à travers une année, depuis sa première expérience sexuelle à son aventure dans la prostitution. (source : Senscritique.com)
Avis vite dit : Avec ce film, François Ozon aborde le sujet de la prostitution sous un angle qui n'est pas forcément celui de l'air du temps, à savoir dans un contexte volontaire, une prostitution non forcée, sans proxénétisme et hors toute considération de nécessité liée à la pauvreté. Car la jeune fille qui s'y adonne n'est ni dans un réseau de prostitution, ni poussée par le besoin financier, bien au contraire. Elle fait ça d'abord "pour voir", et sans que cela soit expressément dit (car elle ne s'en explique jamais vraiment), on sent au fur et à mesure, d'une part une dose de masochisme (car cela ne se passe pas toujours idéalement bien), d'autre part une sorte de fascination qui la pousse à continuer. La fascination (et en cela, une forme de pouvoir qu'elle exerce) dans les yeux des hommes qui la regardent et la désirent. Immanquablement, on ne peut pas ne pas faire le lien avec sa première expérience sexuelle qui s'avère très loin de ce qu'elle s'imaginait, pourtant avec un jeune homme séduisant et qu'elle a librement choisi. La déception semble telle pour elle, que le sexe, objet de curiosité et de convoitise tant qu'elle ne l'a pas encore expérimenté, passe quasi instantanément d'idéal fantasmé en désillusion et acte complètement désacralisé une fois sa première fois consommée. Comme si ensuite le sexe devenait autre chose pour elle. Un moyen, presque un outil, pour exister, pour s'affirmer, pour prendre sa revanche sur le "rêve" qu'on lui avait vendu (par les contes de fées, les légendes urbaines, les histoires de princesses et de beaux chevaliers, le romantisme fleur bleue, que sais-je ?) et qui s'est avéré si en deçà de ses attentes. Ce que j'avance là ne sont que des suppositions, car la jeune femme ne donnera jamais, même quand on la questionne à ce sujet, les raisons exactes qui l'ont poussée à décider de se prostituer, si ce n'est la simple curiosité qui consiste à essayer pour voir. Ce qui ne nous avance pas plus sur ses raisons de poursuivre une fois qu'elle a pu tester la chose. En tout cas ce film amène son lot de réflexions et d'interrogations sur les différentes voies que peut prendre pour une femme le rapport à son propre corps, son rapport à la sexualité, la part de morale également qu'on peut y trouver (ou non), où l'on place la frontière entre ce qui est acceptable et ce qui ne l'est pas, si notre liberté de disposer à notre guise de notre corps doit connaître des limites ou non. Les réactions très épidermiques de sa mère à ce sujet sont d'ailleurs l'illustration parfaite de toute l'ambivalence des réponses qu'on peut apporter à ces questions en fonction de nos propres sensibilités. Film très intéressant donc, qui pousse à se poser pas mal de questions de fond, et qui a l'intelligence de ne pas apporter de réponses définitives à celles-ci, laissant le soin de trouver à chacun les siennes propres.
Tous mes avis vite dits ont été initialement publiés sur mon blog : www.moleskine-et-moi.com