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Absent (2011) Marco Berger

Absent (2011) Marco Berger

Publié le 3 mars 2023 Mis à jour le 3 mars 2023 Culture
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Absent (2011) Marco Berger

Avant de toucher le fond, je descends à reculons

Avec Absent, l‘argentin Marco Berger semble vouloir se dessiner une filmographie qui gravite autour du thème de l‘homosexualité. Déjà avec Plan B le réalisateur évoquait l’histoire d’un jeune homme hétérosexuel remettant en cause ses préférences sexuelles. Et l'on utilise le terme « préférences » à bon escient, à des fins provocatrices : car Berger voit son activité de cinéaste quasiment comme un militant, pour donner de la voix à des sexualités alternatives. Un choix respectable, et qui lui valut d’être remarqué au festival de Berlin où il reçut le Teddy Award au nez et à la barbe de Céline Sciamma qui y présentait Tomboy, ce choix du palmarès ayant pu en laisser quelques uns perplexes.

Le début

Lors de sa visite médicale, Martin est déclaré apte à pratiquer la natation. Quelques jours plus tard, il ressent une douleur à l’œil durant un entraînement et son professeur Sebastian décide de l’emmener consulter un ophtalmologue. Celui-ci ne diagnostique rien d’anormal et Sebastian propose à Martin de le raccompagner chez lui. Mais la grand-mère de l’adolescent n’est pas là et il a confié ses clés à un ami, rentré chez lui également. Le professeur offre alors au jeune homme l’hébergement en attendant le lendemain. Arrivé chez lui, Sebastian est tout de même un peu gêné et il demande à Martin de ne rien dire à personne sinon il risque de perdre son emploi.

Analyse

Le plus intéressant dans Absent ce sont ses manques, ses failles, ses absences, qui résonnent justement avec le titre du long-métrage. Le film pourrait ne rien raconter que l’anecdote banale d’un homme, professeur de son état, hébergeant temporairement un adolescent, qui se trouve être son élève. Et le scénario de Marco Berger s’ingénie d’ailleurs à amplifier les doutes des personnages et leurs hésitations,  sa lenteur nous faisant interroger les images qui nous sont présentées. Les corps sont filmés au plus près, ce qui est une des caractéristiques de filmage du metteur en scène, et l’on se questionne sur la signification de telle ou telle action. Action qui paraitrait banale au commun des mortels et qui là nous sautent aux yeux étrangement. 

On vient alors à se demander ce qui s’est passé avant ou après telle action, on se pose des questions sur ce bel adolescent qui parait pourtant tellement innocent, et sur ce professeur qui semble exempt de tout reproche. Et un léger twist dans l'intrigue rend Absent encore plus étrange. De l’atmosphère de thriller psychologique on passe à un drame fatal qu’on n’a pas vu venir, ou plutôt que l'on n'a pas voulu voir venir. Encore une fois on s’interroge avec le personnage principal, pour qui l'on ne peut s'empêcher d'éprouver de l'empathie. Cette déconstruction progressive des acquis est intéressante car elle met en lumière toute la relativité des relations humaines et renforce la fragilité des êtres.

Malheureusement, Absent ne va pas complètement au bout de son ambition et ses défauts de mise en scène gâchent un peu le plaisir, sans aucun doute coupable, que l’on peut être amené à ressentir devant des images homosensuelles un peu trop répétitives. Le film possède des atouts indéniables sur le papier mais le réalisateur et ses acteurs ne réussissent pas complètement à incarner toute la sensualité et la dangerosité des situations qui nous sont décrites. Peut-être le long-métrage manque-t-il un peu de subtilité, et a du mal à choisir entre trop montrer ou pas assez, sur un sujet qui ne manque pas de dangerosité. Le film incarne donc un bel essai, qui ne manque pas de subtilité, mais qui pourrait gagner en émotion.

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