Des secrets dans le placard (2021) Nicolás Teté
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Des secrets dans le placard (2021) Nicolás Teté
La laideur indiscrète de la bourgeoisie
Crise sanitaire oblige, Des secrets dans le placard va sortir en France directement en DVD le 18 mars, tout en étant au préalable présenté en avant-première le 14 mars lors du festival en ligne Queerscreen. Depuis août, le film a été diffusé dans plusieurs festivals, souvent dans des conditions particulières, chacune et chacun ayant dû adapter ses séances de visionnage face à cette situation si particulière. Il a ainsi notamment été programmé à Miami et à Chicago, mais aussi en Espagne ou bien au Brésil, et a été sélectionné au festival Chéries-Chéris qui n’a pas encore pu avoir lieu. Son réalisateur a grandi dans une petite ville d’Argentine, où se déroule la majorité de la narration du long-métrage, et a mis en scène trois œuvres cinématographiques depuis 2012 Il s’agit de deux films de fictions et un documentaire, qui suivait dix actrices et acteurs qui avaient connu durant les années 1980 une période de notoriété, et qui ont aujourd’hui plus ou moins perdu de leur éclat.
Manuel dit au-revoir à son compagnon Maximo avant d’aller à l’anniversaire de mariage de ses parents, où il leur demandera de l’argent pour le rejoindre. Avant de partir, il passe un oral universitaire qu’il réussit, et s’empresse de l’annoncer à ses parents et à Maximo. Il avance son voyage de quelques jours pour rejoindre sa ville natale de Villa Mercedes, où son père tient une entreprise de pâtes. C’est une famille connue, et le conducteur de taxi lui demande s’il est Luisito, son petit frère, champion de tennis parti vivre à Barcelone. En arrivant chez ses parents, il fait sonner l’alarme et surprend toute la famille qui ne l’attendait que quelques jours plus tard. Sa sœur est ravie de le retrouver, demande si elle peut sécher les cours pour l’occasion et finalement lui fait promettre de venir la chercher à la sortie de l’école. Au petit-déjeuner, son père annonce qu’il doit aller à la mairie, et sa mère lui explique que c’est pour convaincre des notables locaux de sponsoriser un match de Luisito.
Étrange objet que Des secrets dans le placard, où l’on pourrait se croire transporté des années auparavant. On a un peu l’impression, en regardant le film, de se retrouver dans un drame bourgeois où le moindre non-évènement acquiert une importance disproportionnée. Le cadre est celui d’une famille industrielle d’une ville moyenne, où le père de famille possède sa petite aura locale, et où la mère, en bonne ménagère, s’occupe de la maison et de l’éducation des enfants. Ceux-ci n’attendent qu’une chose : quitter le domicile familial dès leur majorité pour gagner, qui la capitale Buenos Aires, qui un pays étranger. Dans ce contexte, notre protagoniste n’aura de plus grand tracas que de ne pas être aimé, tant par ses parents que par son compagnon, qui le quitte assez rapidement dans le film. Son attachement envers un ancien professeur ne fait que diversion, et il n’aura de plus de cesse que de faire accepter à ses parents son homosexualité.
Autant dire que tout ce qui se déroule dans Des secrets dans le placard a déjà été raconté, et en mieux, dans pléthore de films. De plus, le rapport du film avec ces thématiques manque sérieusement de modernité : Nicolás Teté a beau avoir trente ans, il ne semble pas du tout en phase avec son temps. Prenons le thème de l’homosexualité : certes, les parents de Manuel semblent au prime abord ne pas avoir de problème avec son coming-out, qu’il a fait durant une fête de famille (ce qui est en soi un poncif). Or leur comportement avec leur fils semble complètement dépassé, tant ils enfouissent leurs sentiments et refusent d’en discuter, ne sachant pas quoi faire d’une telle information. Il en va de même avec la peinture de cette petite ville, où les rares homos vérifient que personne ne regarde l’entrée de leur immeuble quand ils invitent un autre homme : on se croirait dans une fiction d’il y a une vingtaine d’année, en étant gentil.
La fin de Des secrets dans le placard est tout aussi problématique. La majeure intrigue qui va nous occuper, durant les plus de 100 minutes que se passe le film, tourne autour du frère de Manuel, sportif célèbre que les parents vont tout faire pour préserver. Or, sans ne rien divulgâcher, le nœud du problème va se régler en deux coups de cuiller à pot, et la dernière scène, assez embarrassante, nous fait croire à un bonheur factice que rien auparavant ne laisse présager, et que l’on peut qualifier d’absolument pas crédible. Cette petite histoire n’est pas en soi déplaisante, et pourra même faire passer un bon moment à des spectateurs, mais on peut tout aussi légitimement se demander ce qu’elle apporte. D’autant plus que sa mise en scène n’a rien de flamboyant, on se demande d’ailleurs quel est l’intérêt de cette lumière sépia qui nimbe le long-métrage, à moins que ce ne soit pour accentuer le caractère désuet d’une œuvre qu’on oublie assez rapidement après son visionnage.