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La communion (2020) Jan Komasa

La communion (2020) Jan Komasa

Publié le 23 juin 2020 Mis à jour le 23 juin 2020 Culture
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La communion (2020) Jan Komasa

Mon père est une rock star

Un carton nous l’annonce dès le début : La communion est inspiré de faits réels, l’histoire d’un jeune homme qui, en 2011, s’est fait passer pour un prêtre dans un petit village de Pologne. À partir de ce fait divers qui visiblement n’est pas si isolé que ça, le réalisateur Jan Komasa et son scénariste Mateusz Pacewicz ont brodé une histoire peu banale. Le film se retrouve assez vite sélectionné dans divers festivals : on peut le voir à la Mostra de Venise et au Festival international du film de Toronto, avant de sortir en Pologne où il fait une belle performance au box-office. Puis il poursuit son parcours en étant sélectionné aux Oscars dans la catégorie du meilleur film international, où il se fait coiffer au poteau par Parasite (qui lui-même reçoit également, entre autre, l’Oscar du meilleur film). Le réalisateur, qui en est à son quatrième long-métrage, a fait ses gammes à la Cinéfondation du Festival de Cannes au milieu des années 2000.

Dans la menuiserie d'un centre de détention pour mineurs, un jeune homme se fait violemment tabasser alors que le contremaître s'est absenté. Le garçon qui surveillait pendant ce temps la porte d’entrée s’appelle Daniel, et il assiste le Père Tomasz, qui officie dans l'institution en prônant un discours de tolérance et d’apaisement. Daniel aimerait devenir séminariste à sa sortie prochaine mais le père Tomasz lui fait clairement comprendre que vu son passé de délinquant ce ne sera pas possible. Au réfectoire un homme grand et musclé impressionne l’assemblée et s'installe près de Daniel, l'intimidant de façon ostentatoire. Plus tard, lors d'une permission, Daniel retrouve son ancienne bande d’amis. Alors qu’il avait promis de bien se tenir, il se saoule, se drogue et baise une inconnue dans les toilettes. Alors qu’il fume dans le bus pour rentrer, le jeune homme se fait réprimander par un policier qui lui intime d’éteindre sa cigarette.

Formellement, La communion est un film fort. Les scènes d’introduction et de conclusion, filmées en caméra à l’épaule, tranchent avec le reste et prennent aux tripes. Aucune violence ne nous est épargnée et la crudité des gestes tout comme les incertitudes quant au devenir du protagoniste sont tout à fait saisissantes. Le film fait ainsi ressentir au spectateur plusieurs émotions, de la stupeur initiale on passe à la compassion devant le destin brisé de ce jeune homme qu’on devine au passé tourmenté. Puis vient l’étonnement de voir, en même temps que le personnage, combien le hasard va lui porter chance, et la curiosité de savoir jusqu’à quel point son stratagème va fonctionner. En apprenant à connaître le protagoniste, on peut lui accorder une certaine admiration en voyant comment il parvient à séduire cette communauté, et on rit très souvent devant le décalage provoqué par les situations.

Ainsi La communion est-il un film efficace, dans le bon sens du terme. Le scénario est en particulier très bien ficelé. Le début nous présente en quelques brèves scènes l’essentiel de la narration : la violence, la ferveur, l’engagement raté, les risques de replonger. S’il est un peu trop long, le film n’a quasiment pas de temps mort, et chacune des actions qui sont relaté semble avoir son importance. Alors certes on peut pointer du doigt certaines facilités ou des incohérences. Ainsi, cela paraît difficilement justifiable que durant une si longue période, personne ne cherche à retrouver Daniel : mis à part un coup de téléphone manqué, on ne cherche pas à la joindre. Sachant qu’il se réfugie dans un village à côté du centre de détention, cela semble peu probable. De même, la montée en grade du jeune homme est tout de même relativement rapidement acceptée. Si ce genre de cas ont apparemment existé, cela mériterait peut-être un traitement plus fouillé.

Mais globalement La communion est un film marquant, à la fois pour ses qualités esthétiques et par ce qu’il raconte sur la Pologne. La présence de Bartosz Bielena n’est pas étrangère à l’attraction que l’on peut ressentir devant les images, par ailleurs mises en avant par la photographie de Piotr Sobociński Jr. L’acteur au visage magnétique impose sa présence dans quasiment tous les plans, et offre une prestation impressionnante, un peu trop survoltée mais mémorable. Le long-métrage nous présente habilement les enjeux d’un pays partagé, où les tensions communautaires et conservatrices sont encore très présentes, et où le poids d’une vision rétrograde du catholicisme se fait encore violemment ressentir. La question de la réinsertion des jeunes délinquants est tout aussi bien montré, non pas de façon didactique mais en nous faisant ressentir une l’empathie naturelle et authentique.

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