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Les parapluies de Cherbourg (1963) Jacques Demy

Les parapluies de Cherbourg (1963) Jacques Demy

Publié le 6 nov. 2022 Mis à jour le 6 nov. 2022 Culture
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Les parapluies de Cherbourg (1963) Jacques Demy

Comment réenchanter le monde

À sa sortie, Les parapluies de Cherbourg fut salué par la critique internationale, décrochant la Palme d'or au festival de Cannes. Et pourtant le film n'était pas gagné d'avance : les producteurs, frileux, contraignent Jacques Demy alors qu'il le prépare, à tourner d'abord un autre film qui sera La baie des anges. Car le long-métrage qu’a en tête le réalisateur de Lola est atypique dans le paysage cinématographique français : non seulement c'est une comédie musicale mais qui plus est il est entièrement chantée, et ne contient donc aucun dialogue parlé. Il évoque de plus un événement tabou de l'époque, la guerre d'Algérie, même si elle ne fait que partie du contexte. On peut ajouter à cela que la vedette du film est Catherine Deneuve et qu'à l'époque elle n'était pas encore très connue du grand public. Au final, le film fut un succès aussi bien critique que public.

Le début

Heureux de travailler dans son garage, Guy est particulièrement en joie puisque ce soir il emmène sa fiancée Geneviève Emery voir Carmen à l'opéra. La jeune fille travaille avec sa mère, propriétaire d'un magasin de parapluies, et elle passe ses journées à se languir de son amoureux. Les deux tourtereaux passent une soirée magique et se promettent chacun l'amour éternel avant de se quitter. Le lendemain, Geneviève avoue à sa mère qu'elle n'a pas passé la soirée avec une amie, qu'elle aime Guy et qu'elle veut l'épouser. Cette nouvelle effraye Mme Emery, qui considère sa fille trop jeune pour se marier, et elle tente de la raisonner, lui faisant comprendre qu'elle ne connaît rien à l'amour et qu'elle ne sait pas ce qu'elle fait. D'autres soucis l'accablent d'ailleurs puisqu’elle a reçu une lettre lui enjoignant de payer ses dettes, ce dont elle n'a pas les moyens.

Analyse

En fait on pourrait dire que Les parapluies de Cherbourg concrétise un peu le rêve de tout film français que l'on peut voir sur les écrans. Car a priori le film ne raconte pas grand-chose, voire presque rien, simplement une histoire simple comme dirait Claude Sautet, qui s’y connaît en la matière de raconter beaucoup sur un filon mince. La mention de ce réalisateur n'est ainsi pas anodine tant il possède avec Jacques Demy un talent rare, celui d'apporter de l'ampleur à des histoires que l'on trouverait banales chez d'autres cinéastes. Ici les sentiments sont exacerbés, les couleurs sont saturées, nous sommes en présence d'un grand cinéma, qui s'assume et revendique son genre. C’est le genre de grand spectacle que nous sommes heureux d’aller voir devant un grand écran, qui met en valeur tous les accessoires, tous les décors, tous les costumes.

Car rares sont les mélodrames français qui portent bien leur nom : Jacques Demy avait pour devise, en parlant des spectateurs « faites-les rire, faites-les pleurer », et c'est exactement ce qui se passe. Nous nous emballons pour les émois de Geneviève et de Guy, nous vivons avec eux leurs troubles et leurs malheurs. Car des malheurs et des mésaventures il y en a dans Les parapluies de Cherbourg. Le film est admirablement rythmé par les aventures de ses protagonistes et chaque scène apporte son lot de nouvelles, bonnes ou mauvaises. Évidemment, l’âge des protagonistes n’est pas innocent : « on n’est pas sérieux quand on a 17 ans », écrivait Arthur Rimbaud, et dans cette France du début des années 1960, où les jeunes filles sont loin d’être libérées et où les jeunes hommes doivent aller à la guerre, bien entendu qu’il n’est pas facile de vivre intensément.

Le long-métrage est aussi cadencé par les chansons de Michel Legrand, très entraînantes, à l'image du célèbre Je t'attendrai. Mais la direction artistique ne s'arrête pas là, et les couleurs chatoyantes des Parapluies de Cherbourg sont un plaisir des yeux : quand on pense que c'est le premier film colorisé de Jacques Demy, c'est assez impressionnant. Il faut dire qu’il sait s’entourer de jeunes talents : le directeur de la photographie, Jean Rabier, la costumière, Jacqueline Moreau, ainsi que le décorateur, Bernard Evein, ont une trentaine d’années, tout comme le réalisateur. L'interprétation de Catherine Deneuve ne fait que parachever la réussite, son innocence et son charme apportent une touche de fraîcheur indéniable qui nous font croire en son personnage dès le début. L'émotion nous étreint ainsi tout du long et l'on aimerait rester longtemps avec ces amoureux déçus.

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