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Lola, une femme allemande (1981) Rainer Werner Fassbinder

Lola, une femme allemande (1981) Rainer Werner Fassbinder

Publié le 5 mars 2021 Mis à jour le 5 mars 2021 Culture
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Lola, une femme allemande (1981) Rainer Werner Fassbinder

Chronique d’une RFA en pleine reconstruction

Deuxième film de la « trilogie allemande », l’histoire de Lola, une femme allemande se situe chronologiquement après celle du Mariage de Maria Braun mais juste avant celle du Secret de Veronika Voss. Rainer Werner Fassbinder est alors au faîte de sa carrière, qui prendra fin trop tôt quelques années plus tard. Loin de ses expérimentations de début de carrière, il maîtrise les cadres et les lumières pour imposer un style singulier. On reconnait également sa volonté de dénoncer ici d’une manière rétrospective les travers d’un capitalisme galopant d’une Allemagne en pleine reconstruction. Tout ça en prenant comme toujours pour symbole une femme et sa volonté de s’extraire de la condition dans laquelle veut la figer la société.

Dans le bordel d‘une petite ville de Bavière se croisent tous les notables du coin. Le maire ne veut pas se faire voir, alors que tout le monde sait qu’il fréquente l’établissement, tandis que Schuckert, entrepreneur sans scrupule, côtoie un fonctionnaire idéaliste et pourtant corrompu. Autour d’eux on voit Lola, belle femme charismatique, faire son numéro et se donner au plus offrant. Elle a un fils élevé par sa mère, gouvernante chez le nouveau directeur des travaux publics qui arrive en ville bien décidé à imposer ses manière d’incorruptible rigide et opaque à tout ce système.

La thématique de la respectabilité en proie aux doutes voire à la déchéance semble avoir une place importante dans la cinématographie allemande. On retrouve en effet dans Lola, une femme allemande le même schéma qu’on pouvait voir apparaître dans L’ange bleu de Joseph von Sternberg, que Rainer Werner Fassbinder admire. Ici cependant, quand von Böhm rencontre Lola il ne sait pas qu’elle est prostituée, et c’est d’ailleurs elle qui va vers lui au départ. La révélation faite à l’incorruptible fonctionnaire donne l’occasion d’une scène admirable où l’héroïne qui voit son honneur bafoué se donne, de rage, corps et âme dans un striptease effréné. Cette scène remarquablement filmée est par ailleurs tout à fait emblématique de la thématique générale du film, où chacun est tour à tour bourreau et victime, mais toujours perdant.

Car Lola, une femme allemande nous fait le procès d’un système, le capitalisme naissant, dont les travers gangrènent la société. Dans cette petite ville de Bavière où tous les notables se côtoient dans des endroits louches mais font semblant d’être respectables dans la vie civile officielle, l’argent est roi. Lors d’une scène cruelle, deux des clients du bordel surenchérissent pour avoir Lola tandis que même le plus gauchiste des fonctionnaires finit par se laisser tenter par le chant des sirènes du capitalisme. La fin, d’une ambiguïté et d’un cynisme particulièrement appuyés, est d’ailleurs formidable tout en laissant un goût amer au spectateur. Rainer Werner Fassbinder, qui montre ici tout son talent de scénariste et de « poseur d’ambiance », se révèle encore une fois militant et acerbe, et n’oublie pas la dimension romanesque d’une histoire tout à fait passionnante.

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