Spider (2001) David Cronenberg
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Spider (2001) David Cronenberg
David Cronenberg tisse sa toile
Pour une fois David Cronenberg n’est ici pas à l’origine de son projet cinématographique : Spider doit pour beaucoup son existence à Ralph Fiennes. L’acteur britannique a cherché à tous prix à développer ce projet, réussissant à convaincre David Cronenberg de le réaliser. Le réalisateur canadien sort de Existenz et va entamer avec Spider ce qui se profile comme un tournant dans sa carrière puisque après viendront A history of violence et Les promesses de l’ombre. On est loin des outrances à tendance série B de ses débuts ; pourtant à y regarder de plus près on ne s’éloigne pas tant que ça de l’univers du réalisateur.
Spider débarque de son train et s’engage dans les faubourgs londoniens. Il entre dans un établissement où il fait rapidement connaissance avec la logeuse Mrs Wilkinson et un des pensionnaires. On s’aperçoit très vite que Spider est méticuleux, très méticuleux. Il écrit souvent dans son cahier à spirales des mots que lui seul comprend. Son esprit se met alors à divaguer pour revenir à son enfance et revivre un drame personnel qui le marquera à jamais.
C’est à croire que David Cronenberg s’est pris au jeu de son personnage principal : sa mise en scène est méticuleuse, peut-être trop , en tout cas en tout point maîtrisée. Le maître canadien sait où il va, il mène le spectateur de bout en bout, d’un point A à un point B. Point de fioriture, le timing est respecté, nous suivons pas à pas dans ce Spider l’enquête introspective de son personnage. On assiste ainsi à une mise en abîme personnelle assez impressionnante.
Soit le chemin nécessaire que doit parcourir le personnage de Spider pour arriver à une possible rédemption. On sent que c’est vers le passé qu’il faut se tourner pour trouver la clé du problème, et si il faut bien dire qu’au début on peut trouver ce petit drame familial d’une platitude consternante, la suite nous prouvera bien vite que rien n’est simple chez David Cronenberg. Avec l’aide de Patrick McGrath, écrivain britannique qui connaît bien le sujet, il développe une intrigue schizophrénique aux petits oignons.
Et qui dit schizophrène dit boulevard pour l’interprétation ; ici Ralph Fiennes s’en donne à cœur joie et livre une performance irréprochable, à la fois sobre et inquiétante. Il est aidé par un casting parfait : l'excellente Miranda Richardson est absolument magnifique (comme toujours) dans un triple rôle qui oscille entre la maîtresse et la femme au foyer. Quant à Gabriel Byrne il montre encore une fois combien un second rôle peut avoir d’importance dans un film. Bref, Spider est une œuvre dense, habitée par ses interprètes, une plongée fascinante dans l’univers de la folie qui réserve de belles surprises.