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Accords et désaccords (1999) Woody Allen

Accords et désaccords (1999) Woody Allen

Publié le 28 juin 2023 Mis à jour le 28 juin 2023 Culture
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Accords et désaccords (1999) Woody Allen

Élégant hommage à l'univers du jazz

Avec le cinéma, une des plus grandes passions de Woody Allen est certainement celle pour le jazz. Une passion qu’il exprime sur scène : musicien à ses heures il se produit de temps en temps dans une salle new-yorkaise. Ce trait de sa personnalité nous était d’ailleurs joliment présenté avec le documentaire de Barbara Kopple intitulé Wild man blues. Avec Accords et désaccords Woody nous invite à se pencher sur la vie d’un musicien très peu connu du grand public, Emmet Ray. Et pour cause, si le film est construit comme un documentaire, il est plutôt du genre documenteur, comme disait Agnès Varda, puisque l'homme n'a jamais existé. Et pourtant, le réalisateur parvient à nous le faire croire.

Le début

Dans les années 1930, un guitariste de jazz du nom d'Emmet Ray a enregistré des disques pour le célèbre label RCA Victor, avant de sombrer dans l'anonymat. Son existence était tumultueuse, et il montait souvent sur scène alcoolisé, tandis que ses diverses liaisons faisaient le tour des chroniques mondaines. Il rencontre un jour une timide jeune femme, Hettie, sourde et muette, qui travaille dans une blanchisserie. Malgré des difficultés pour se faire comprendre, ils commencent une liaison et semblent sincèrement et tendrement s'aimer. Ayant perdu son travail, Emmet part avec Hettie sur les routes et ils parcourent les États-Unis en vivotant et en participant à des concours de musique.

Analyse

Un peu à la manière de Zelig, mais cette fois-ci avec quelqu’un qui a, soit-disant, réellement existé, Accords et désaccords alterne interviews de spécialistes du sujet et reconstitutions supposées de la vie de l’artiste. Parce que ce qui est amusant avec Emmet Ray, et ça nous est dit dès le début, c’est qu’on ne sait pas grand chose de sa vie, ce qui est bien normal, après tout. Tout ce qu’on sait c’est qu’il eut sa période de gloire dans les années 1930, était un fan inconditionnel de Django Reinhardt, avait des rapports conflictuels avec les femmes et des tics de comportement. Et c'est avec une grande sincérité que Woody Allen veut nous faire croire qu'il a existé, d'ailleurs on finit presque par se demander s'il ne le croit pas lui-même au final.

À partir de là, Woody Allen tisse dans Accords et désaccords un scénario très fin qui navigue entre blagues potaches mais toujours efficaces, tel le coup de la lune, un running gag qui définit parfaitement son personnage principal, situations burlesques poussées à fond, comme par exemple la scène durant laquelle Emmet se retrouve en possession de faux billets et quelques moments d’émotion délicatement amenés, en particulier la scène d’adieu entre Emmet et Hattie. Arrive un moment où on se fiche complètement de savoir ce qui est vrai ou non de cette supposée biographie : l’humanité du personnage dépasse ses activités publiques, et c'est la magie du cinéma qui l'emporte.

Pour donner corps à l’artiste, le réalisateur peut compter sur le talentueux Sean Penn. L’acteur fait admirablement passer toutes les nuances du caractère versatile d’Emmet. Il faut voir son visage quand il prend sa guitare et qu’il devient habité par cette musique envoutante. Parce que Accords et désaccords est aussi un film d’ambiance où la musique est incorporée à la narration d’une manière à la fois élégante et naturelle. Les second rôles féminins sont au diapason de cette partition, en particulier Samantha Morton dans un rôle difficile de compagne muette, et la toujours aussi charmante Uma Thurman. En bref, Woody Allen réussit ici le pari difficile de partager sa passion sans être rébarbatif ni didactique pour un sou.

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