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Garde à vue (1981) Claude Miller

Garde à vue (1981) Claude Miller

Publié le 10 déc. 2021 Mis à jour le 10 déc. 2021 Culture
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Garde à vue (1981) Claude Miller

Duel aux sommets entre deux géants

Entre la fin des années 1970 et les début des années 1980, Claude Miller sort d’une période de vaches maigres suite à l’échec de son deuxième film. C'est alors que Michel Audiard lui propose d’adapter le roman À table de John Wainwright, un huis clos carcéral entre deux fortes têtes qui débouchera sur Garde à vue. Il engage pour les interpréter deux acteurs a priori totalement opposés, de par leur façon de jouer et leurs univers filmographiques, mais qui vont s’avérer brillantissimes. Ils donnent au film une intensité paroxystique et en font l’une des plus belles confrontations que le cinéma français ait jamais connu. Pour l'anecdote, Yves Montand avait initialement  été approché pour incarner le rôle finalement échu à Lino Ventura, tandis que le personnage de Michel Serrault n'était à l'origine pas un notable de la région.

Dans la région de Cherbourg, deux corps de fillettes qui avaient subis des agressions physiques et sexuelles sont retrouvées dans les dunes. Quelques semaines plus tard, un soir de réveillon du nouvel an, l’inspecteur Antoine Gallien et son adjoint Belmont convoquent le notaire Martinaud. Celui-ci connaissait une des victimes, et si Gallien n'est a priori pas convaincu de la culpabilité du notable, son comportement l'agace. En effet, le ton monte rapidement tandis que plusieurs indices semblent pointer du doigt le suspect, qui est mis en garde à vue afin qu'il ne puisse pas partir du commissariat. Cependant, les preuves manquent à Gallien pour l'inculper, et la situation s'envenime quand il se rend compte que Belmont l'a tabassé en son absence. Quand l'épouse de Martinaud est interrogée, elle confie aux policiers que leurs rapports intimes sont inexistants et qu'elle considère louche la proximité de son mari avec sa nièce Camille.

L’exercice proposé par Garde à vue est périlleux : rendre intéressante une garde à vue pendant une heure trente, avec pour seuls personnages un flic assisté de son subalterne, un accusé et la brève apparition de sa femme, ce dans pratiquement un seul décor… on peut a priori nourrir quelques craintes. C’est compter sans le talent d’analyse et d’écriture de Claude Miller et Michel Audiard : les répliques fusent comme des couperets, elles insufflent un rythme et un suspense tel qu’on est happé dès les premières minutes par ce duel improbable. Ils reçurent d'ailleurs pour ce film, avec Jean Vautrin, qui se faisait alors appeler par son nom de naissance Jean Herman, le César du meilleur scénario. le public ne s'y est pas trompé, conférant au fil du temps au long-métrage le statut de deuxième score au box-office pour un film de Claude Miller.

De nombreuses questions se posent tout au long de Garde à vue. Tout d'abord, qu’est-ce qui pousse cet inspecteur taciturne à convoquer ce notaire désabusé en cette Saint-Sylvestre, et quelle urgence y a-t-il à le faire à cette date si particulière ? Pourquoi Antoine Gallien tient-il tellement à faire avouer Jérôme Martinaud, alors même qu'au début du film il entretient de sérieux doutes sur sa culpabilité ? Quel terrible secret Martinaud recèle-t-il, pourquoi agit-il de façon si suspecte, et que vient faire Mme Martinaud dans cette histoire ? Les réponses à toutes ces questions nous seront dévoilées petit à petit, laissant apparaître une vérité peut-être encore plus sombre que les apparences. La fin réserve d'ailleurs une profondeur supplémentaire, et peut même laisser à repenser l'ensemble de ce que le spectateur a jusque là pu comprendre.

Bien sûr, il fallait deux monstres sacrés pour insuffler une telle puissance à Garde à vue. Le grand Lino Ventura, dans un rôle taillé sur mesure, étoffe son personnage d’une ambiguïté presque malsaine dans sa traque sans merci d’un coupable potentiel. Michel Serrault est quant à lui époustouflant, poursuivant une reconversion remarquable dans un registre où on n’était pas habitué à le voir, il apporte à la fois une dangerosité et une faille dans ce rôle d’assassin désigné. Quant à Romy Schneider, si on ne fait que l’apercevoir, elle possède néanmoins un rôle clé dans l'histoire ; elle est particulièrement émouvante dans ce qui sera son avant-dernier film. Un film sombre, dans tous les sens du terme, l’absence de luminosité renforçant la dramaturgie et nous obligeant à nous concentrer sur l’essentiel : deux petites filles violées et assassinés, un couple à la dérive… que se cache-t-il derrière les faux semblants ?

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Jean-Marie Gandois il y a 3 ans

Un chef d'œuvre du cinéma, pour moi, qui m'a bouleversé. Guy Marchand est aussi hors norme. Ce film fait partie de mon Panthéon personnel.

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