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Les feux de la rampe (1952) Charles Chaplin

Les feux de la rampe (1952) Charles Chaplin

Publié le 15 août 2020 Mis à jour le 15 août 2020 Culture
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Les feux de la rampe (1952) Charles Chaplin

Moi je veux mourir sur scène devant les projecteurs 

La fin des années 1940 a été difficile pour Charlie Chaplin, victime du McCarthisme et subissant l’échec de Monsieur Verdoux, qui est récemment ressorti en version restaurée avec une dizaine d’autres de ses films. Il prend son temps pour écrire le scénario des Feux de la rampe, avec une méthode assez peu banale : il le rédige initialement sous la forme d’un roman de plus de 200 pages. Son inspiration lui vient, à une époque où il sent bien que les goûts du public ont changé depuis sa période de gloire dans les années 1920. Il a vu apparaître l’avènement du parlant, puis de la couleur, trainant parfois des bien pour s’adapter à ces nouvelles techniques. Il choisit d’ailleurs d’ancrer son film quasiment quarante ans plus tôt, dans le milieu du music-hall qu’il a bien connu. Il choisit également de donner la parole à son grand rival du muet, Buster Keaton, qui sort de Boulevard du crépuscule où il faisait un autre clin d’œil fameux. C’est ici la seule fois où on les verra ensemble dans un long-métrage.

Rentrant dans son immeuble légèrement éméché, le clown Calvero sent une odeur étrange. Il en identifie la provenance dans l’appartement d’une de ses voisines, dont la porte est calfeutrée. Il parvient à la forcer et, trouvant la jeune femme inanimée, décide de la porter tant bien que mal dans son appartement, situé au deuxième étage. Il fait appel à un médecin travaillant dans un dispensaire qui, une fois le gaz éteint, lui conseille de laisser la malade alitée, en lui donnant du jus d’oranges si elle a soif et du bouillon si elle a faim. La logeuse, quand elle apprend la situation, voit d’un mauvais œil cette cohabitation, tout en n’hésitant pas à relouer immédiatement l’appartement désormais vacant. La jeune femme reprend petit à petit des forces, et s’étonne de se retrouver chez Calvero. Il parvient tout de même à la faire parler sur ce qui lui a amené à vouloir attenter à sa vie.

Une grande nostalgie se dégage des Feux de la rampe, ce qui est sans doute dû au fait que Charlie Chaplin pensait que ce serait son dernier film. On sent qu’il a voulu y transmettre un message fort, et l’on retrouve dans le personnage de Calvero des échos au Charlot qui a fait son succès. Bien entendu, une grande partie de la force du film tient dans sa dernière demi-heure : retrouver dans une séquence finale à la fois Charlie Chaplin et Buster Keaton ne peut que susciter l’émotion. D’autant plus que l’un et l’autre dont en train de vivre la fin de leur carrière, ils le savent et le spectateur le sait également. Leur numéro de music-hall est d’une poésie rare, mais aussi d’un humour dévastateur : sans aucune parole, ils parviennent à nous faire ressentir toute une palette de sentiments, comme à leur apogée. Le dialogue qui précède ce fameux duo est d’ailleurs resté célèbre, Keaton ironisant sur le fait qu’il en a assez que tout le monde leur parle de ce fameux « bon vieux temps ».

D’une simplicité confondante, l’histoire des Feux de la rampe pourrait se résumer sur un bout de papier. Et pourtant la richesse du film est assez inouïe. Charlie Chaplin parvient à insuffler une épaisseur à chacun de ses personnages, qui ne sont pas nombreux, certes : nous sommes dans une épure remarquable. La construction même de l’histoire est impeccable, la seconde partie du long-métrage répondant à la première, les rapports de force s’inversant entre les deux personnages. L’histoire d’amour entre Calvero et Terry se construit pas à pas, et même si la raison nous fait clairement comprendre qu’elle serait mieux avec Neville, on a le cœur serré de voir cette figure finalement paternelle se rendre compte qu’il est plus sage de laisser vivre sa protégée. Même des personnages mineurs comme la logeuse ou l’agent ont leur importance, à la fois dans la dramaturgie et le rythme, intervenant toujours au bon moment.

Ce qui est tout aussi touchant, c’est de voir combien Charlie Chaplin avait besoin, en cette fin de carrière tumultueuse, de se voir rassuré. Il travaille ainsi dans Les feux de la rampe avec plusieurs membres de sa famille, au-delà du fait que lui-même intervient à la fois à la mise en scène, la distribution, mais aussi la musique, pour laquelle il recevra un Oscar… vingt ans plus tard. C’est comme si, en tournant la page de Charlot, il avait besoin de tendre la main vers la prochaine génération. Ainsi, il confie le rôle du jeune débutant à son propre fils, Sydney Chaplin, qui soit dit en passant aura une carrière relativement discrète. Comme un clin d’œil, Chaplin fera aussi figurer dans l’une des premières scènes trois autres de ses enfants : Michael, Josephine et Geraldine, tandis que son demi-frère interprète un des seconds rôles et que son épouse double Claire Bloom dans certaines séquences.  Le résultat n’en est que plus attachant.

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