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L'ange bleu (1930) Josef von Sternberg

L'ange bleu (1930) Josef von Sternberg

Publié le 28 févr. 2021 Mis à jour le 28 févr. 2021 Culture
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L'ange bleu (1930) Josef von Sternberg

Une séductrice nommée Dietrich

Installé aux États-Unis, Josef von Sternberg a été, au début des années 1930, appelé à travailler en Allemagne par Emil Jannings pour réaliser le premier film allemand parlant. Censé être centré sur le personnage du Professeur Rath, héros du roman de Heinrich Mann dont il s’inspire, L’ange bleu prendra une toute autre tournure. Il faut dire qu’entre temps Von Sternberg a trouvé l’actrice qui interprétera le rôle de Lola Lola, la jeune débutante Marlène Dietrich. C’est le début d’une relation fructueuse entre le pygmalion et son égérie, qui quittera l’Allemagne avec lui pour marcher sur les plates bandes de Greta Garbo à Hollywood. Quant à Emil Jannings, il deviendra un des acteurs officiels de l’Allemagne nazie.

D’ailleurs Heinrich Mann dira, désabusé, que « le film devra son succès aux cuisses dénudées de mademoiselle Dietrich ». Il est vrai que si les adolescents blasés d’aujourd’hui ne seront sans doute pas plus émus que ça en voyant L’ange bleu, gageons qu’un bon nombre de mâles de l’époque ne sont pas restés insensibles à la sensualité débordante qu’y dégage Marlène Dietrich. La caméra filme amoureusement cette beauté glacée au regard mutin, en particulier lors de la fameuse scène où elle séduit son futur mari en chantant de façon prémonitoire « je suis faite de la tête aux pieds pour l’amour ». 

Et le professeur Rath va donc se laisser lui aussi entraîner par ce brusque élan de passion que rien ne prédisposait dans sa vie jusqu’alors. Si la première partie de L'ange bleu peine un peu à installer les personnages et l’intrigue, on est ensuite brusquement happé par ce tourbillon inexorable qui va conduire à sa perte notre bon vieux professeur. L’interprétation d’Emil Jannings, subtile et nuancée, donne de la gravité à un film qui paraîtrait bien léger au regard des nombreux moments de comédie de situation qui l’émaillent.

Tout ça pourrait prêter à sourire tant le trait est forcé : on se croirait quelquefois dans du mauvais théâtre de boulevard. La fin pourtant nous ramène à la réalité de la situation : un homme déchu, abandonné de tous et qui a tout perdu. Enfin, s’il est tant célèbré aujourd’hui c’est aussi parce que L’ange bleu reflète le symbole d’un âge d’or du studio de la UFA et d’une Allemagne qui ne sera plus la même à peine quelques années plus tard.

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