Dikkenek (2006) Olivier van Hoofstadt
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Dikkenek (2006) Olivier van Hoofstadt
Le Rénier du culte
Lorsque débarque sur les écrans Dikkenek, c'est l'été et la France est en finale de la Coupe du Monde de football. C'est pourquoi le film fait un flop au box-office, en tout cas c'est ce que raconte aujourd'hui son réalisateur, Olivier van Hoofstadt. À moins que ça ne soit une boutade décalée, une saillie d'humour belge dont son film est truffé. Reste que depuis sa sortie en DVD et ses réguliers passages à la télévision, le film a acquis une notoriété de film culte, dont les dialogues sont régulièrement cités par ses aficionados. Avec le recul, on se demande comment, même avec le soutien de Luc Besson (qui a défendu le projet dès le début, et c'est tout à son honneur), le réalisateur belge a pu convaincre des actrices et des acteurs comme Jérémie Rénier (qui était connu pour ses collaborations avec les frères Dardenne) ou Marion Cotillard (qui était déjà bien lancée et n'allait pas tarder à cartonner avec La môme) à se lancer dans cette aventure.
Le parking est désert et pourtant JC et Stef se retrouvent à discuter sur les sièges avant de leur voiture. Le premier explique à son meilleur ami comment draguer une nana, et lui promet qu'il lui fera rencontrer une fille d'ici la fin de la journée. De son côté, Claudy se fait interviewer par deux apprentis journalistes devant les abattoirs d'Anderlecht, dont il est le directeur général. Il explique alors son métier, avec moult digressions, concluant son intervention avec la recette peu ragoutante de la fameuse fricadelle. On retrouve ensuite Stef, qui maladroitement usurpe la place d'une racaille dans une friterie et se fait houspiller. Son pote JC vient alors à sa rescousse et réprimande le petit caïd. Puis nous sont présentées la bourgeoise Sylvie et sa nièce Natacha. Celle-ci écoute patiemment un sermon, Sylvie s'inquiétant sur l'avenir de Natacha, qui visiblement s'en fiche et lui répond qu'elle n'ambitionne que de lui ressembler, c'est à dire ne rien faire de sa vie.
Ce qui est sûr, c'est que Dikkenek ne tire par sa force de son scénario. Le film est plus une succession de sketchs, tous plus drôles les uns que les autres, vaguement reliés par les divers personnages du film qui se croisent, qu'une comédie qui tiendrait par la structuration de l'histoire qu'elle nous raconterait. Peut-être peut-on dire que le film dénonce les long-métrages qui ne fonctionnent que par l'entrecroisement de destins personnels et qui se terminent par un climax commun révélateur. Car ce n'est pas divulgâcher que de dire que le final de Dinekkek n'explique rien de ce que l'on a vu avant. Ou peut-être peut-on penser que le film n'est qu'une pochade, une simple volonté d'accumuler des gags et faire rire par la force qui se dégage des personnages et des actrices ou des acteurs qui les incarnent. Le trait est appuyé au marqueur, les situations sont absurdes et les dialogues sont fameux, c'est d'ailleurs un des aspects qui rendrait le film si populaires, ses défenseurs n'hésitant pas à citer des répliques entières, où la langue belge prend toute sa saveur.
Parce que Dikkenek est avant tout un produit culturel belge, au delà des nombreuses expressions typiquement wallonnes qui émaillent les dialogues, et les rendent parfois difficilement compréhensibles pour un spectateur français. On retrouve durant tout le film cet esprit de décalage et d'absurde qui irrigue les figures de la culture belge, de Benoît Poelvoorde à Philippe Geluck en passant par René Magritte. Bête et parfois méchant, l'humour du film se comprend au second degré mais pas que. On y trouve aussi des blagues et des situations qui se dégustent aussi au premier degré et en font l'héritier d'un Charlie Chaplin ou des Marx Brothers. On pense forcément aussi à C'est arrivé près de chez vous, en moins féroce peut-être mais tout aussi surréaliste. Mais cette galerie de personnages pas piqués des hannetons a aussi quelque chose de touchant, confère la figure du benêt habilement incarné par Dominique Pinon.
Car Dikkenek possède un casting quatre étoiles, où les actrices et les acteurs jouent une partition très bien orchestrée. Jérémie Rénier est tout particulièrement convaincant dans une tonalité qu'on a pas beaucoup l'habitude de le voir utiliser. On peut tout aussi saluer les prestations de Mélanie Laurent, pour une fois supportable, et de Marion Cotillard, qui joue avec son image visiblement avec jubilation. Il faut dire que le thème général du film, Dikkenek signifiant « grande gueule » ou « vantard », laisse le champ libre à des interprétations en roue libres comme celle que nous offre François Damiens, qui à ce moment là était plutôt connu pour ses caméras cachés à la télévision. Si on ajoute à cela les apparitions mémorables de Florence Foresti et de Catherine Jacob, sans oublier bien entendu les facéties savoureuses de Jean-Luc Couchard, on peut dire que Dikkenek est un film à ne manquer sous aucun prétexte.
Julien Guyomard il y a 3 ans
"Dis, on t'a jamais appris à manger avec la bouche fermée toi ? C'est à toi qu'je cause hein ! J'ai l'impression d'être à côté d'un camion poubelle qui travaille moi, ici ! Connasse va ! C'est excessivement énervant d'entendre quelqu'un qui mange des tchips pour celui qui n'en mange pas ! COMPRIS ? ... Éducation minimum ! ... J'vais taper ça à l'abattoir, ça va être vite fait t'sais."
"Je sais que je plais pas à tout le monde... Mais quand je vois à qui j'plais pas, j'me d'mande si ça m'dérange vraiment."