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Au fil de l'eau (1950) Fritz Lang

Au fil de l'eau (1950) Fritz Lang

Publié le 14 janv. 2021 Mis à jour le 14 janv. 2021 Culture
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Au fil de l'eau (1950) Fritz Lang

Film noir classique et thématiques langiennes

Un an après La femme au portrait, le deuxième des quatre films qui associeront Joan Bennett et Fritz Lang, ces derniers vont monter leur propre société de production, avec l’aide du mari de Bennett. Les conflits se multiplient entre eux et l’entreprise s’avère un désastre financier : après La rue rouge, l’échec au box-office du Secret derrière la porte va sonner le glas de cette association. Au creux de la vague, Lang va chercher une petite société de production, Republic Pictures, qui travaille de temps avec de grands noms comme John Wayne ou bien Orson Welles, pour son nouveau film. Au fil de l'eau n’a donc pas un casting flamboyant, et sa sortie aux États-Unis fut discrète. Il ne fut même pas sorti en France, il a donc fallu une diffusion télévisuelle à la fin des années 1970 pour que les spectateurs français puissent le découvrir. Ce n’est qu’en 2019 qu’à la faveur d’une restauration il accède aux salles de cinéma hexagonales.

Pendant qu'elle fait du jardinage, Madame Ambrose voit passer un animal mort dans le fleuve qui jouxte sa maison. Stephen Byrne, son voisin, qui écrit sur son porche, reçoit alors du courrier. C'est un manuscrit de plus qu'une maison d'édition lui a refusé ; Madame Ambrose lui conseille alors de pimenter ses histoires. La jeune Emily, la femme de chambre de Stephen, venu apporter le courrier, semble lui plaire, ce que Madame Ambrose ne manque pas de remarquer, lui glissant une discrète allusion sur son épouse. Celle-ci est chez des amis et devrait rentrer pour la soirée organisée par mademoiselle Whittaker. En rentrant, Emily prend un bain quand Stephen se décide à prendre une rose pour venir la lui offrir. Elle ne l'entend pas rentrer dans la maison, et il prend un malin plaisir à lui faire peur. Il tente alors de l'embrasser mais elle se débat.

Tous les thèmes de prédilection de Fritz Lang se retrouvent dans Au fil de l'eau. Le film est une exploration de la culpabilité, puisqu’on quasiment dès le début du film qui est l’assassin. Le spectateur assiste à la scène de crime de façon tout à fait maligne puisque, par un truchement de scénario tout simple, la caméra bifurquera discrètement au moment de l’acte, de sorte que l’on ne verra que le cadavre mais qu’aucun doute ne subsiste. Par contre, la teneur même de ce forfait reste ambigüe sur le moment : Stephen voulait-il inconsciemment tuer (autrement dit, sa folie était-elle déjà en germe), a-t-il agi sous l’emprise de l’alcool, est-ce une manifestation de machisme ordinaire, est-ce un pur accident ? Sans doute les motivations finales mélangent tout cela, mais le réalisateur se garde bien de le formaliser dès le début, apportant petit à petit des nuances plus sombres à son personnage principal.

On voit bien d’ailleurs que Stephen souffre du geste qu’il a commis, tout autant qu’il jouit des opportunités que ce concours de circonstances va pouvoir lui apporter. Ainsi Au fil de l'eau est-il un pur film noir estampillé Fritz Lang, digne héritier de ses précédentes productions. Outre la culpabilité, le sujet de la morale aura son importance, ainsi que la duplicité amoureuse. On se rappelle ainsi que de nombreux biographes ont pointé du doigt les circonstances du suicide de la première femme de Fritz Lang, alors qu’il la trompait, et combien les doutes sur sa propre responsabilité ont poursuivi le cinéaste. Les scènes de procès ont bien entendu une part importante dans le film, et l’on pense forcément à M le maudit : le lynchage dont est victime le frère de l’assassin en est ainsi un lointain écho.

Au-delà de ces thèmes récurrents, Au fil de l'eau s’avère un excellent thriller, sec et tendu comme il faut. Le film ne dépasse pas une heure et demi et le spectateur est constamment à l’affut. La musique et la lumière contribuent à instaurer une atmosphère angoissante, et les effets d’ombre et de lumière accentuent l’ambivalence des sentiments. À plusieurs reprises, des éléments naturels (le vent, le fleuve…) annoncent le déroulement funeste des prochains événements, tandis que la partition des actrices et des acteurs, sans être brillante, s’avère tout à fait cohérente. Si l’histoire en soi n’est pas révolutionnaire, et que l’on peut regretter une résolution un peu trop tirée par les cheveux, le film respecte tout à fait les canons du film noir à l’ancienne et ne décevra pas les amateurs du genre.

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