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Boulevard du crépuscule (1950) Billy Wilder

Boulevard du crépuscule (1950) Billy Wilder

Publié le 25 avr. 2022 Mis à jour le 25 avr. 2022 Culture
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Boulevard du crépuscule (1950) Billy Wilder

This is not Hollywood like I understood

Quand il arrive de sa Varsovie natale à Los Angeles, Billy Wilder passe souvent devant Sunset boulevard, où le premier studio de cinéma hollywoodien a été créé. C'est la fin des années 1940, et la mode n'est plus trop aux films muets, dont bon nombre de stars ont foulé les pas de cette artère mythique. Avec son scénariste habituel, Charles Brackett, il imagine le scénario de ce qui deviendra Boulevard du crépuscule, soit une variation autour d'une actrice déchue de cette époque. Ils ont maille à partir avec la censure du Code Hays, et au début du tournage seul un tiers du script est écrit. Plusieurs actrices sont pressenties, de Greta Garbo à Mae West, mais c'est finalement Gloria Swanson qui est choisie, sur les conseils avisés de George Cukor. Montgomery Clift refuse le rôle du personnage principal masculin, qui échoit finalement à William Holden. Attentif aux détails, Wilder n'hésite pas à truffer son film de nom de personnalités ayant existé, renforçant son réalisme.

Le début

Un scénariste fauché, Joe Gillis, en panne d’écriture, est retrouvé mort dans une piscine d'Hollywood. Criblé de dettes, il voulait fuir les huissiers et s'est retrouve par hasard dans la demeure en décrépitude d’une star déchue, Norma Desmond. Celle-ci, qui entretient son mythe, le prend pour un croque-mort venu livrer un cercueil pour son singe mort peu auparavant. Joe la reconnaît et lui confie qu'il est scénariste et qu'il cherche du travail. Elle lui propose alors de peaufiner le script d'un film inspiré par Salomé, et qui, elle l'espère, marquera son grand retour. Elle le couvre alors petit à petit de cadeaux et déborde d'attention envers lui, allant jusqu'à lui confier, le soir du réveillon, qu'elle l'aime, ce qui le met dans une situation peu confortable. Il la quitte soudainement pour rejoindre des amis et rencontre une femme à l'ambition galopante. Quand il appelle chez Norma, il apprend qu'elle a fait une tentive de suicide et revient auprès d'elle.

L’occasion est ici rêvée pour le spectateur de visiter les coulisses du cinéma tout en évoquant les heures glorieuses du septième art. En ajoutant à cela un cadavre mystérieusement retrouvé dans une piscine, on se dit que Billy Wilder et Charles Brackett (dont se sera la dernière collaboration) ont trouvé la une idée d’exception. Il suffit de rajouter que Norma Desmond était une star du cinéma muet qui n’a pas su évoluer avec l’apparition du cinéma parlant et la boucle est bouclée. On assiste alors dans ce Boulevard du crépuscule à un formidable jeu de miroirs qui se reflètent les uns les autres, une subtile interaction entre le réel et la fiction. Un exemple vaut mieux que de longs discours : lors d’une projection privée, Norma Desmond montre à Joe Gillis l’un des films qu’elle a tourné pendant son heure glorieuse. Or, il se trouve que ce film n’est autre que Queen Kelly, réalisé par Erich Von Stroheim, présent à l'écran, et avec Gloria Swanson.

L'excellent Erich Von Stroheim se retrouve donc projectionniste de son propre long-métrage, un film qui est d'ailleurs resté inachevé suite notamment aux nombreuses divergences entre le réalisateur et son actrice principale et fut fatal aux carrières respectives des deux protagonistes ! De même la partie de cartes entre amis rassemble trois grandes figures de l’époque du cinéma muet : Buster Keaton, H.B. Warner et Anna Q. Nilsson. Mais au delà de ces multiples clin d’œils, Boulevard du crépuscule est avant tout un formidable portrait de femme et une analyse impitoyable de l’univers hollywoodien. Pour jouer cette actrice oubliée, Billy Wilder a donc fait appel à Gloria Swanson, une icône du cinéma muet qui effectue ici un come-back impressionnant. Elle est formidable d’intensité et de fragilité à la fois, imposant son charisme indéniable, et écrase même presque les pourtant formidablement ambigus Erich Von Stroheim et William Holden.

Ce trio infernal nous fait petit à petit comprendre à la fois l’attraction que peut représenter Hollywood pour des apprentis acteurs ou scénaristes et le violent rejet qu’on peut ressentir quand le succès n’est plus au rendez-vous. La scène où Norma retourne aux studios Paramount est à ce titre exceptionnelle, quand elle retrouve l’espace de quelques instants et par la grâce d’un projecteur toute sa gloire d’antan et rejette juste après d’un geste méprisant le micro qui symbolise sa déchéance. Film phare de l’âge d’or du cinéma hollywoodien, Sunset Boulevard décrochera trois Oscars dans une cérémonie dominée par Eve de Joseph L. Mankiewicz. Il fera l’objet de nombreux hommages par la suite, l’exemple le plus frappant et le plus récent étant Mulholland Drive de David Lynch, qui le cite comme l’un de ses films préférés. Parmi les films qu'il a également influencé, on peut aussi citer The player de Robert Altman, ou bien Cecil B. Demented de John Waters : on a vu pire.

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Elodie Furtak il y a 2 ans

Bel article très complet !

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