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Sous le sable (2000) François Ozon

Sous le sable (2000) François Ozon

Publié le 28 juin 2021 Mis à jour le 28 juin 2021 Culture
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Sous le sable (2000) François Ozon

Femme au bord de la dépression

S’il ne fallait garder qu’un film dans la filmographie de François Ozon, ce serait pour beaucoup Sous le sable. Ce seul long-métrage justifie ses ratages quelquefois évidents d’autres fois contestables. Loin de ses provocations que d'aucuns trouvent gratuites et parfois lassantes (Sitcom, Gouttes d’eau sur pierres brûlantes), le réalisateur livre ici un portrait de femme sobre et touchant, d’une étonnante épure. S’entourant pour le scénario d'une collaboratrice fidèle (Marina de Van) et de la romancière Emmanuèle Bernheim, il est parti d’un fait divers qu’il s’est rappelé avoir vécu étant enfant pour élaborer un film sur la difficulté de faire son deuil, en particulier lorsqu’on ne trouve pas de corps. Et pour le rôle principal, il pense à Charlotte Rampling, qu'on ne voyait plus beaucoup sur les écrans de cinéma.

Marie est bien embêtée : elle est partie comme chaque année dans les Landes avec son mari Jean (et dès les premières images on ressent la lassitude inexorable mais touchante de ce couple de cinquantenaires) quand soudain, s’étant endormie un jour sur la plage, elle se réveille et ne le retrouve pas. Au bout d’un certain temps il lui paraît évident qu’il s’est passé quelque chose, et elle prévient les autorités qui font tout pour le retrouver. Seulement voilà, Jean a disparu. S’est-il noyé ? S’est-il enfui de son plein gré ? En tout cas, Marie va continuer à vivre sa vie comme si il ne s’était rien passé, au grand dam de son entourage qui lui conseille de consulter un psychologue. D’ailleurs les apparitions (fantomatiques ?) de Jean (qu’elle seule voit) la confirment dans son entêtement.

Avec Sous le sable, François Ozon fait preuve d’une rare maturité pour capturer et rendre cinématographique l’état dépressif. Comme l’avait fait en son temps Georges Pérec sous la forme romanesque avec Un homme qui dort, le réalisateur sonde l’âme traumatisée de son personnage principal. Et c’est paradoxalement furieusement gai : le décalage entre l’état profondément dépressif dans lequel est l’héroïne et la vision qu’elle a d’elle-même, son obstination à nier la réalité, donne lieu a des scènes à la fois bouleversantes et drôles (la scène dans le supermarché, rythmée par la voix de Barbara, une scène au lit avec le très bon Jacques Nolot…). Ainsi Ozon arrive à parler de sujets graves comme la mort ou le déni sans paraître lourd ni ennuyeux.

Autre aspect formidable de Sous le sable, et étonnant de la part d’un réalisateur d’un peu plus de trente ans à l’époque : le portrait aussi précis et délicat d’une femme d’âge mûr. À une époque où passé quarante ans un grand nombre d’actrices sont délaissées (voir à ce titre l’excellent documentaire Searching for Debra Winger de Rosanna Arquette), François Ozon nous laisse à voir ici une femme qui a vécu, sans être vieille pour autant, et la magnifie devant la caméra. Et pour cela, il a la meilleure collaboration qui soit en la personne de Charlotte Rampling. Le réalisateur de Huit femmes peut d'ailleurs s'enorgueillir de faire tourner les actrices les plus iconiques du cinéma hexagonal, de Catherine Deneuve et Fanny Ardant à Isabelle Huppert en passant bientôt par Sophie Marceau et Isabelle Adjani.

Ici Charlotte Rampling irradie et porte Sous le sable sur ses épaules, tant elle est sur chaque plan. Elle-même ayant trouvé des parallèles troublant entre son personnage et sa vie personnelle, elle donne corps à cette Marie de façon à la fois grave et légère, spontanée et émouvante. Quant à la réalisation, toute en nuances, elle est remarquable : jamais François Ozon ne lève le voile sur cette atmosphère de mystère qui entoure le film. Il laisse le spectateur libre de se faire sa  propre interprétation, en adoptant une mise en scène sobre et discrète. Laissant la caméra s’attarder longuement sur le visage de l’héroïne, il nous offre en prime une ambiance sonore impeccable (la lourde respiration de Bruno Cremer, le choix des musiques…). Du véritable travail d’orfèvre.

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