Les barbouzes (1964) Georges Lautner
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Les barbouzes (1964) Georges Lautner
Les Tontons reprennent du service
Les Britanniques ont leur James Bond, nous on a nos Barbouzes ; chacun son style. Après le succès phénoménal des Tontons flingueurs, Georges Lautner a repris, un an plus tard, plus ou moins les mêmes et a recommencé. Le fameux trio Lino Ventura – Bernard Blier – Francis Blanche s’en donne à cœur joie dans cette comédie qui n’a, il faut bien le dire, ni queue ni tête. L’écriture du scénario est bien entendu confiée à Michel Audiard, qui s’associe une fois de plus avec l’auteur de Grisbi or not grisbi (le titre original des Tontons flingueurs). Lautner reste fidèle à son directeur de la photographie, Maurice Fellous, et c’est encore Michel Magne qui signe la bande originale. Notons au pasage qu’on y aperçoit Noël Roquevert, et, pour les amateurs, Philippe Castelli ou Jacques Balutin.
Un riche trafiquant d’armes libanais, Constantin Benard Shah, meurt dans les bras d’une prostituée, en léguant à sa veuve, l’ingénue Amaranthe, des brevets pour la fabrication de bombes atomiques. À ses côtés, lors de l’enterrement, sont présents quatre barbouzes : son faux cousin, Francis Lagneau, son faux psychanalyste, Hans Müller, son faux frère, Boris Vassilieff, et son faux confesseur, Eusebio Cafarelli. Ils sont venus dérober les brevets de Constantin, à la demande de leurs pays respectifs : la France, l’Allemagne, l’URSS et la Suisse. Bien entendu, un agent secret Américain, O'Brien, est dépêché, proposant de monnayer grassement les brevets, et plusieurs Chinois gravitent dans les parages du château où résidait l’homme d’affaires.
Franchement, malgré des dialogues aux petits oignons concoctés par le grand Michel Audiard, il faut bien avouer que le scénario des Barbouzes c’est du grand n'importe quoi. On peut convenir que c’est vraisemblablement le cadet des soucis des réalisateurs et des producteurs du film, qui sans doute souhaitent surfer sur la vague des Tontons flingueurs au box-office, mais aussi des spectateurs qui, on peut raisonnablement le supposer, ne veulent globalement que de la castagne. Et là on peut dire qu’ils sont servis : ça défouraille sec, ça dynamite sérieux, ça canarde à gogo dans le film. Entre deux scènes de combat, bien entendu peu réalistes, on tente de parler politique et conflits internationaux, mais personne n’est dupe.
Notre joyeuse bande de j’en foutre s’en donne donc à cœur joie pour en rajouter à qui mieux-mieux dans la surenchère de coups de poings devant l’œil impassible de leur hôtesse, la toute mimi Mireille Darc. Voilà donc à quoi se résume finalement Les barbouzes. En l’occurrence des acteurs au top de leur forme, en particulier Francis Blanche, qui n’en rajoute pas du tout, joies de l’euphémisme, dans son imitation de l’accent soviétique, mais aussi Bernard Blier, qui, au summum de l’autodérision, incarne un ecclésiastique suisse assez peu crédible mais savoureux à souhait, et notre bon vieux Lino Ventura, qui s’en donne une fois de plus à cœur joie dans un personnage aux multiples surnoms à la réputation qui n’est plus à faire.
Tout ceci ne serait-il pas un tout petit peu léger ? S’il on se parle franchement et avec une honnêteté de cinéphile indécrottable, on peut aisément convenir que Les barbouzes n’arrive pas à la cheville de son antécédent, Les tontons flingueurs, sorti un an auparavant et plus recherché (sans être non plus, cela dit). Après, Georges Lautner en convenait lui-même, vu qu’il ne se considérait pas comme un réalisateur « à carrière », acceptant les tournages successifs afin de mieux croiser ses amis, là n’est pas l’essentiel de ces films, dont l’intérêt principal, voire unique, est de divertir. À cet égard, le film reste tout de même une bonne vielle comédie « des familles », à consommer sans bouder son plaisir, de préférence le dimanche soir devant sa télévision ou sa plateforme préférée.