Le parrain 2 (1975) Francis Ford Coppola
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Le parrain 2 (1975) Francis Ford Coppola
On ne récolte que ce que l’on sème
Rares sont les suites qui dépassent le premier opus d’une saga, et pourtant c’est le cas avec Le parrain. Enfin, plutôt que d’une suite, on a affaire à une deuxième partie : auréolé du succès monumental du premier épisode, Francis Ford Coppola va profiter de l’énorme budget que lui propose la Paramount (13 millions de dollars à l’époque) pour approfondir les personnages du roman de Mario Puzo et évoquer des aventures qu’il n’avait pas pu traiter dans le premier. Une nouvelle lecture donc incorporant la genèse de la Famille à travers le destin de Vito (Marlon Brando étant remplacé par un Robert De Niro inspiré) et parallèlement l’apogée ainsi que l’isolement d’un Michael pris au piège de toute cette violence.
Le début
Au début du vingtième siècle, en Sicile, Vito Corleone assiste à neuf ans à l’enterrement de son père, tué par un chef de la mafia locale. Puis c’est son frère et sa mère qui succombent devant ses yeux au même assassin ; échappant de justesse à un même sort, il s’enfuit et prend le premier bateau pour les États-Unis. Là il va grandir et se tisser des relations pour petit à petit monter l’empire que l’on connaît. On retrouve son fils Michael à la fin des années 1950, alors qu’il baptise son fils Anthony, et qu'il essaye de fédérer les nouvelles mafias à ses côtés, ce qui ne se fait pas sans heurts. Echappant de justesse à un attentat, il va devoir fuir pour démasquer les commanditaires de l’assassinat manqué.
Analyse
La construction en parallèle apporte une nouvelle dimension au Parrain 2. Francis Ford Coppola donne ainsi une densité et une épaisseur unique à la saga des Corleone. On se rend compte petit à petit que toutes les déconvenues inéluctables qui arrivent à Michael sont en germe dans la trajectoire unique de son père Vito. On n’échappe pas à son destin, c’est en filigrane le message du film, qu'il égrène avec quasiment tous les personnages qui tissent cette famille si particulière, si puissante et aussi destructrice. Ainsi, alors que le premier volume était presque complaisant vis à vis de la Cosa Nostra, on sent que Coppola a voulu ici mettre un bémol à son discours.
Observant d’un regard froid les agissements de ses protagonistes, Francis Ford Coppola tisse avec un scénario très chiadé une complexe galerie de personnages. On notera au passage que même les femmes, à l’image surtout de Kay, incarnée par Diane Keaton, ont ici aussi leur petit mot à dire, et que chacun des personnages prent ici un peu plus d’épaisseur. Le premier étant bien sûr Michael, dont la personnalité va se révéler dans cette deuxième partie du Parrain. Et c’est à Al Pacino qu’incombe le rôle délicat de saisir toutes les nuances d’un personnage qui a vu ses illusions s’effriter peu à peu et qui s’enferre dans les erreurs fatales qui le conduiront, on le devine petit à petit, à sa chute.
De l’autre côté, Robert De Niro prend superbement la succession de Marlon Brando, dont il s’est inspiré pour construire son interprétation, dans le rôle de Vito Corleone. Au rythme de la musique impeccable de Nino Rota on suit cet engrenage de la violence : construit sur des bases malsaines, l’empire des Corleone ne pourra qu’isoler ses protagonistes. Et pourtant on éprouve de la compassion pour Vito et Michael, qu’on peut aussi voir comme deux victimes d’un système implacable. L’émotion est au rendez-vous, et parvient à son comble lors de la scène des funérailles, quand Connie tente de réconcilier ses frères. Ce qui débouche à une fin époustouflante qui prouve, fallait-il en douter, l’étendue du talent de Monsieur Coppola.