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Sonate d’automne (1978) Ingmar Bergman

Sonate d’automne (1978) Ingmar Bergman

Publié le 20 juil. 2022 Mis à jour le 20 juil. 2022 Culture
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Sonate d’automne (1978) Ingmar Bergman

Maman si tu voyais ma vie

La fin des années 1970 annonce le crépuscule de la carrière d'Ingmar Bergman. Ainsi, Sonate d'automne est son avant-dernier long-métrage pour le cinéma ; il tournera ensuite principalement pour la télévision, y compris Fanny et Alexandre, qui sortira finalement aussi dans les salles obscures. C'est également le dernier film au cinéma d'Ingrid Bergman, alors déjà atteinte du cancer du sein dont elle succombera quatre ans plus tard. Le film, tourné en Norvège pour des raisons fiscales un peu nébuleuses, sera l'occasion pour l'actrice de tourner pour la première fois dans sa langue maternelle, et avec le maître du cinéma suédois. Leur relation fut d'ailleurs assez tempétueuse, quoique pleine de respect, ce qui enrichit leur travail. Chacun a mis du temps à s'acclimater aux méthodes de travail de l'autre, mais le résultat est tout à fait spectaculaire.

Le début

Le couple formé par Eva et son Viktor de pasteur est assez paisible. Ils se sont rencontrés des années auparavant à un séminaire sur la religion, et très vite une complicité est née, amenant Eva à venir s'installer au presbytère. Apprenant que le compagnon de sa mère vient de mourir, elle lui écrit une lettre et l'invite à passer du temps avec elle à la campagne. Pianiste célèbre, Charlotte ne tarde pas à arriver et s'installe dans la chambre coquette que sa fille a préparée. Elle l'abreuve de paroles, lui racontant les derniers moments douloureux qu'elle a passés à veiller le mourant. Elle se plaint de son mal de dos, de ses insomnies récurrentes et de sa fatigue. Puis elle s’enquiert des dernières nouvelles d'Eva, lui disant combien elle est heureuse de la retrouver après les sept années qui séparent leur dernière rencontre.

Analyse

L'incommunicabilité est un des points communs qui relient les cinémas d'Ingmar Bergman et de Michelangelo Antonioni, tous les deux décédés la même journée de juillet 2007, tous deux ayant des partis pris de mise en scène radicalement différents. Si dans Scènes de la vie conjugale le premier mettait en scène un couple qui ne parvenait pas à échanger, il filme dans Sonate d'automne l'incompréhension mutuelle d'une mère et de sa fille. Chacune d'entre elle est le produit d'une éducation rigoriste, l'une a fui sa maternité, privilégiant sa carrière de pianiste, l'autre fuit le bonheur après la douloureuse perte de son enfant, mais toutes deux souffrent sans le verbaliser. Jusqu'à cette nuit de confessions mutuelles où Eva vide son sac, révélant à sa mère combien elle a pu éprouver de la haine envers celle qu'elle considère comme un monstre d'égoïsme. 

Une fois de plus, comme dans la plupart des films d’Ingmar Bergman, les révélations sont cruelles et douloureuses, et apparaissent comme un semi-exutoire autant pour l'une des protagonistes que pour l'autre. Ne nous détrompons pas, Sonate d'automne n'est pas un film aimable, et ne cherche pas à l'être. Les deux personnages principales qui se font face durant plus d’une heure et demie sont tout sauf sympathiques. L'une d’entre elles ne pense qu'à sa carrière et à son développement personnel tandis que l'autre n'a de cesse de proférer des récriminations, ressassant la somme de frustrations engrangées durant toute sa vie sans avoir pu jusqu’alors les dire à quiconque. Mais le film est beaucoup plus doux qu'il n'en a l'air, de façon aussi paradoxale que cela puisse paraître. On parvient même à ressentir une sorte d’apaisement, et cela est peut-être dû aux qualités artistiques du long-métrage. 

Tout d'abord la magnifique photographie de Sven Nykvist met en valeur les belles couleurs automnales et les décors scandinaves, ce qui est loin d’être une surprise mais mérite d’être encore une fois souligné. Tout comme bien entendu les qualités de la surperbe mise en scène d’Ingmar Bergman, qui met en quelque sorte en pratique l'art de la maïeutique, exhortant ses personnages à se libérer de leur fardeau. Non pas pour s'en débarrasser, et la fin volontairement ambiguë montre bien que chacune d’entre elles revient à son existence, bon gré mal gré, mais pour parvenir à vivre avec leur douleur. Mais durant un court moment la vérité a pu éclater, non sans risque puisque au moment où les deux femmes étaient concentrées sur leur propre ego, une troisième, victime expiatoire de leur haine et leur mépris, criait cruellement à l'aide sans qu'elles ne puissent l'entendre.

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