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Les fraises sauvages (1957) Ingmar Bergman

Les fraises sauvages (1957) Ingmar Bergman

Publié le 4 juil. 2021 Mis à jour le 4 juil. 2021 Culture
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Les fraises sauvages (1957) Ingmar Bergman

Homme au bord de la crise existentielle

En 1956, quand le festival de Cannes révèle Ingmar Bergman via le charmant Sourires d’une nuit d’été, il a déjà quinze films à son actif. Un an après il nous livre deux de ses plus grands opus, Le septième sceau et Les fraises sauvages, qui recevra l’Ours d’Or au festival de Berlin en 1958. Deux « road movies » hantés par les obsessions habituelles du réalisateur (la mort, la solitude, l’incommunicabilité des êtres… que du bonheur) mais avec un traitement radicalement différent. Quand le premier interroge la métaphysique et la religion, le deuxième fait le bilan mélancolique et plus léger de la vie du docteur Isaak Borg à la veille de son hommage public. Pour l'incarner, Bergman confie le rôle à une figure marquante du cinéma scandinave, à savoir Victor Sjöström. Approchant ses 80 ans, le réalisateur effectue son dernier passage devant la caméra, et il mourra trois ans après le tournage du film. La distribution compte également Bibi Andersson, Ingrid Thulin, Gunnar Björnstrand et Max von Sydow, soit la crème de la crème des interprètes suédois de l'époque.

C’est un rêve prémonitoire macabre qui déclenche le voyage en voiture d’Isaak avec sa bru Marianne. Il décide de partir le lendemain avec elle pour Lund, où le doyen de l'université souhaite lui décerner un prix en l'honneur de sa longue carrière médicale. On va alors suivre ce périple qui fait peu à peu évoluer un homme égoïste et hautain, se rendant compte à la fin de sa vie de sa profonde solitude. Au travers des séquences oniriques qui s’insèrent avec une pleine fluidité dans le récit, le docteur se rappelle son premier amour, sa jeunesse dorée et son épouse décédée. Une séquence le met notamment en scène dans un coin où poussaient des fraises sauvages, et où il allait quand il était enfant avec sa cousine. Trois jeunes gens rencontrés sur la route, puis des conversations sans complaisance avec sa belle-fille et sa mère vont également changer sa façon de voir la vie tout en éclairant d’une nouvelle façon le personnage. Il va peu à peu briser la glace à coup de révélations froides et lucides, de vérités assénées et pleinement assumées.

Malgré leur violence les règlements de comptes des Fraises sauvages sont assez jubilatoire pour le spectateur. D'une part cela fait partie de la catharsis cinématographique, qui agit à l'instar des films d'horreur, où l'on se confronte avec joie, ou même avec effroi, à nos pires peurs. Ici le personnage principal incarne a priori tout ce que l'on peut détester dans l'espèce humaine, et le fait qu'il se confronte de façon aussi violente avec ses pairs nous rassure ou nous satisfait. D'autre part car Ingmar Bergman amène son propos avec bienveillance, contre toute attente, et avec une remarquable fluidité. Tous les dialogues, nombreux, et souvent violents, sont aussi exprimés avec une certaine ironie et une distance qui nous permet de souffler, et même de sourire. On pense aux scènes avec la vieille domestique du docteur, interprétée par Jullan Kindahl, une actrice de théâtre qui jouait déjà le rôle d'une cuisinière dans Sourires d'une nuit d'été.

Mais avec Les fraises sauvages, Ingmar Bergman rend surtout ici un vibrant hommage au réalisateur suédois Victor Sjöstrom, qui joue avec tendresse le rôle principal et arrive à humaniser un personnage rigide. S'il avait déjà fait l'acteur dans quelques films, dont un réalisé par Bergman, c'est sans aucun doute ce rôle qui lui donnera le plus de visibilité. Quant à Ingrid Thulin et Bibi Andersson, elles entament et poursuivent avec ce film une collaboration fructueuse avec le maître suédois. Elles éclairent de leur beauté le film et apportent une touche de charme non négligeable à un récit sec et implacable. De son côté, on sent que Gunnar Björnstrand apporte beaucoup de lui-même en incarnant un rôle difficile, celui du fils du professeur, avec qui il entretient des rapports compliqués. Une fois de plus, la photographie du film est superbement léchée ; on la doit à Gunnar Fischer, chef-opérateur de nombreux films du cinéaste suédois, surtout au début de sa carrière.

Le plus marquant, c'est que, tout en traitant de thèmes profondément graves, Les fraises sauvages est empreint d’une poésie apaisante et rédemptrice qui tranche avec d’autres œuvres bien plus sombres de son réalisateur. Le fait que l'on passe rapidement d'une époque à l'autre crée un sentiment de flottement qui, loin d'être perturbant, donne au visionnage quasiment un léger aspect cotonneux qui n'est pas déplaisant. De même, les transitions entre séquences oniriques et réalistes sont subtilement mises en scènes et donnent un certain cachet au film, qui assoit sa souceur. Les thèmes évoqués sont du reste assez universels pour que le spectateur puisse, sans forcément s'identifier au protagoniste, en tout cas se retrouver dans telle ou telle situation. On est en cela aidé par le narrateur lui-même, qui commente les images en voix off, sans que cela n'alourdisse le propos. L'effet miroir peut également se voir du point de vue d'Ingmar Bergman, et de nombreux commentateurs ont noté la similitude entre ses initiales et celles du personnage principal, Isak Borg.

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