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Deux moi (2019) Cédric Klapisch

Deux moi (2019) Cédric Klapisch

Publié le 25 mai 2020 Mis à jour le 25 mai 2020 Culture
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Deux moi (2019) Cédric Klapisch

Ultra moderne solitudes

Pour son treizième film, Cédric Klapisch réalise avec Deux moi une autre variation générationnelle à Paris. Il commence à filmer la capitale dans son premier film, Riens du tout, qui se déroulait dans un grand magasin typiquement parisien. Puis il met en scène le film d'une génération, qui en marquera beaucoup, avec Le péril jeune. Retour à Paris au milieu des années 1990 avec Chacun cherche son chat et sa fameuse Renée Le Cam. Le début des années 2000 marque une autre étape de sa carrière avec L'auberge espagnole et Les poupées russes, qui suivent un groupe de jeunes au fil de leurs vies. Il revient avec Paris à une histoire chorale en mode portrait citadin. Avec son dernier film, on retrouve ces deux aspects – la jeunesse et la ville – avec des apparitions au casting des actrices et des acteurs fétiches du cinéaste. Et une fois de plus, le ton adopté est doux-amer pour nous raconter une romance empêchée.

Mélanie et Rémy, deux trentenaires parisiens qui habitent dans les appartement mitoyens de deux immeubles adjacents, n'ont pas vraiment la forme. La première est chercheuse dans un institut de lutte contre le cancer, le second est logisticien dans un grand entrepôt. Il s’inquiète du fait qu'un plan de licenciement est en cours dans son entreprise, et il a bientôt rendez-vous avec la direction des ressources humaines pour connaître son sort. Mélanie doit quant à elle préparer dans deux mois un exposé sur son travail devant une assemblée de plus de trente personnes, ce qui la fait stresser en avance. Ils se retrouvent un jour tous les deux sans se voir chez le pharmacien, à commander des traitements pour leurs problèmes de sommeil. Mais ça n'est pas vraiment efficace, et Rémy en vient à avoir une crise de panique dans les transports en commun. Son médecin lui conseille alors d'aller voir un psychothérapeute.

Au-delà de ses personnages, l'élément le plus important de Deux moi est son cadre. Le film a visiblement pour ambition de nous décrire un univers parisien hyper connecté et où pourtant personne ne se parle. Le numérique y a une place prépondérante, ce qui n'a rien d'une nouveauté. Les rencontres se font au travers d'applications géolocalisées, on reconnaît une chanson grâce au téléphone multimédia, les robots tendent à remplacer les travailleurs dans des hangars aseptisés ou dans des centrales téléphoniques déshumanisées. Certes, mais quand on a dit ça on a tout dit. Les images que nous transmet Cédric Klapisch de la capitale sont peu ou prou les mêmes que celles qu'il a pu filmer dans Paris ou dans Chacun cherche son chat. Il insère une fois de plus ses traditionnels clins d'œil, entre son apparition dans une scène, ou bien celle de ses fidèles collaborateurs comme Madame Renée Le Cam ou bien Garance Clavel. Bref, rien de neuf sous le soleil.

Quant à l'enjeu narratif de Deux moi, il est inexistant. En soi ce ne serait pas vraiment un problème, et Cédric Klapisch a su bien le démontrer dans certaines de ses précédentes œuvres. Or ici le problème c'est que le film prend le pouls de ses personnages. Cela donne un long-métrage sans aucune tension dramatique, où les scènes se suivent et se ressemblent sans susciter aucun intérêt chez le spectateur. Si encore le réalisateur parvenait à exploiter la thématique de la dépression, qui occasionne quelques scènes inspirées, mais même pas. Pire, on frise parfois la caricature dans les rapports qu'entretiennent les deux protagonistes avec leurs thérapeutes respectifs. Tout ça pour au final nous raconter la naissance d'une histoire d'amour qu'on voit venir et dont on se fiche éperdument puisqu'on ne parvient pas à s'attacher à ces deux jeunes bobos mal dans leur peau.

Si on n'accroche pas vraiment à la romance de Deux moi, c'est peut-être dû à ses deux acteurs principaux. François Civil a beau être un joli garçon apparemment bien fait de sa personne, aucune émotion ne transparaît de son visage. On ne pourrait pas mieux qualifier la moue que trimballe Ana Girardot sur ses traits diaphanes, où rien ne transparaît. Pourtant le reste du casting du film est assez impressionnant, il suffit de mieux regarder ses seconds rôles, malheureusement tous aussi sous-exploités les uns que les autres. On n'a pas l'occasion de voir suffisamment les deux psys, en les personnes de la magnifique Camille Cottin, qui construit une très belle arrière, et du classique dans son genre mais efficace François Berléand, qui illuminent chacun de leurs façon certaines scènes. On est tout autant ravi de retrouver l'excellente et discrète Marie Bunel, qu'on ne voit que trop peu souvent devant les écrans.

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