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Persona (1966) Ingmar Bergman

Persona (1966) Ingmar Bergman

Publié le 16 sept. 2022 Mis à jour le 16 sept. 2022 Culture
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Persona (1966) Ingmar Bergman

Toi toi mon moi

À propos de Persona, dont il a imaginé les premières images alors qu’il était alité suite à une grave pneumonie, Ingmar Bergman a dit qu’il l’avait sauvé, que s’il ne l’avait pas fait il aurait été un homme fini. D’un point de vue psychanalytique cet aveu du réalisateur éclaire un peu plus le spectateur sur ce film qu’on peut trouver opaque à une première lecture. Le long-métrage a été aussi l'occasion de la première rencontre entre le cinéaste et une de ses muses les plus emblématiques, Liv Ullmann. L’actrice ne quittera plus son Pygmalion, de ruptures en retrouvailles. Le film est aussi une nouvelle approche de l’art cinématographique qui inspirera nombre de réalisateurs, de David Lynch à Woody Allen entre autres. Aboutissement visuel d’une théorie analytique, illustration violente d’un conflit intérieur, tout a été dit ou presque pour décortiquer la sève du long-métrage.

Le début

Une infirmière, Alma, doit s’occuper d’une patente bien particulière, Elisabeth Vogler. Cette actrice de théâtre a été subitement frappée de mutisme sur scène trois mois auparavant, et n’a depuis pas prononcé une seule personne. Alma, 25 ans, travaille depuis deux ans, et est fiancée. Elle craint que son manque d’expérience ne soit un handicap dans le traitement de la comédienne. De fait, elle se montre maladroite au début, lui faisant écouter une représentation théâtrale à la radio, avant de mettre de la musique. La malade a du mal à s’endormir, ce que les nouvelles qui passent à la télévision n’arrangent pas, entre la guerre au Vietnam et les manifestations. Pendant ce temps, l’infirmière pense à sa future vie de femme mariée, ce qui a le don de la calmer. Elle se propose de lire une lettre de son mari à Elisabeth, qui accepte mais l’arrête en plein milieu.

Analyse

Les premières images nous plongent directement dans le bain : une série d’images entrechoquées, qui rappellent Un chien andalou de Luis Buñuel, nous font entrer de plein fouet dans un univers étrange. Cela nous met parfaitement dans l’ambiance, puisqu’avant tout, Persona est un film visuel. Sa construction narrative, les multiples champ-contrechamp, les innovations visuelles envoûtent le spectateur. Le travail d’orfèvre sur la photographie, effectué par Sven Nykvist, atteint ici son apogée : sur un noir et blanc léché, les visages des deux actrices sont admirablement sublimés. Les nombreux gros plans sur ces deux visages torturés nous laissent imaginer les tourments dont sont victimes les deux protagonistes, obligées à une introspection forcée dans ce huis-clos oppressant. Car les femmes vont se retrouver seules sur une île, l’infirmière volubile se confiant peu à peu à l’actrice. 

Ainsi une relation étrange d’attirance et de répulsion mêlées va se nouer entre ces deux êtres isolés et complémentaires. Cette intimité va forcer les protagonistes de Persona à se révéler l'une à l’autre, mais également à elles-mêmes. C’est là que l’interprétation psychologique se montre utile : d’un premier abord évident on se rend compte qu'Ingmar Bergman a voulu ici faire référence au psychanalyste suisse Carl Gustav Jung. Celui-ci a développé le concept de persona, qui signifie « parler à travers »  en latin, et était le masque que portaient les acteurs romains dans l’Antiquité, pour désigner le rapport de l’individu à la société qui l’entoure. À l’opposé, l’Alma serait le symbole du subconscient dont vient une bonne partie de la souffrance humaine. Le raccourci n’en est que plus frappant avec le film où le personnage incarné par la diaphane Bibi Andersson se prénomme Alma. 

Mais ne portons pas tout de suite de conclusion trop hâtive. Car la complexité de Persona ne saurait se réduire à une seule explication, toute justifiée fût-elle. Ce film d’une durée plutôt courte n’en est pas moins d’une richesse insoupçonnée. Il permet encore une fois à Ingmar Bergman de régler certains comptes, frontalement ou pas, avec la psychanalyse, la religion ou la morale. C’est aussi un film subtil et sensuel sur la féminité, la maternité, le rapport à l’autre et à soi-même. Au final qu’importe si l’infirmière est un double schizophrénique de la malade, son sombre inconscient qui vient la tarauder ou tout simplement son âme sœur, à la fois complémentaire et opposée, l’important est de savoir de quelle façon ces deux entités peuvent cohabiter, voire coexister pour vivre plus sereinement, d’apaiser les souffrances quitte à en raviver d’autres, afin de pouvoir accepter l’existence, et s’accepter soi-même.

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