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Felicità (2020) Bruno Merle

Felicità (2020) Bruno Merle

Publié le 15 juil. 2020 Mis à jour le 15 juil. 2020 Culture
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Felicità (2020) Bruno Merle

Mon papa à moi...

Après avoir réalisé des court-métrages, Bruno Merle sort en 2007 son premier long, Héros, sélectionné à la Semaine de la critique du Festival de Cannes. Pourtant remarqué par la profession, le film sera un échec au box-office, et le réalisateur se concentre sur son travail de scénariste. Il écrit pour la télévision ainsi que pour le cinéma, notamment sur Le prince oublié, de Michel Hazanavicius. Il met plus de dix ans à réaliser son deuxième long-métrage, Felicità. Le titre du film est basé sur une chanson italienne, sorti dans les années 1980, et qui prend une place centrale lors d’une séquence solaire. L’idée centrale qui a motivé l’écriture du scénario était de balader le spectateur. Le réalisateur tenait à surprendre, à ce que l’on ne s’attende pas vraiment à ce qui pourrait se passer d’une scène à l’autre. Une fois qu’il eut choisi son acteur principal en la personne de Pio Marmaï, il préféra orienter son choix vers une actrice moins connue, Camille Rutherford, qui a fait des apparitions dans plusieurs films depuis dix ans.

Timothée, Chloé et leur fille Tommy déjeunent dans une aire d’autoroute. Tommy, un casque anti-bruit sur les oreilles, fait un signe de loin à un autre enfant, qui lui répond. Son père lui demande d’enlever son casque car il a quelque chose d’important à lui dire. Douze ans auparavant, ils vivaient tous les deux avec un couple d’amis, Marthe et Aurélien, qui ont eu un enfant mais n’avaient pas les moyens de le garder. Ils l’ont abandonnée et Timothée et Chloé l’ont élevée : c’est elle. Or, ils viennent de revoir Aurélien à la télévision, il s’agit d’Orelsan. Timothée demande alors à Tommy si elle préfère finalement vivre avec lui, qui a des moyens bien plus conséquents qu’eux. Tommy n’est pas dupe : ce n’est pas la première fois que son père lui monte une histoire de toutes pièces, et elle est maintenant habituée. Le lendemain matin, Tommy se réveille dans une maison, met son casque et retrouve ses parents qui prennent le petit-déjeuner. Son père le lui enlève des oreilles et lui demande de profiter de ce moment de complicité familiale.

Libre est sans doute le terme le plus approprié pour évoquer Felicità et ses personnages. La petite Tommy, 12 ans et toutes ses dents, a pour parents deux énergumènes qui ne sont pas vraiment dans la norme. Son père adoré lui fait souvent des blagues, pas toujours du meilleur goût, et il aime dépasser les limites. Ainsi on va vite constater que squatter une maison, qui s’avère être celle des employeurs de la mère de Tommy, ne semble pas vraiment choquer qui que ce soit. Dans cette famille nucléaire, on aime parler fort, conduire vite et se coucher tard. C’est pourquoi l’un des arguments du film, à savoir la rentrée des classes du lendemain, qui structure d’ailleurs temporellement l’action, revêt une importance capitale pour Tommy. Le petite fille en a parfois assez de ces parents bigger than life, et c’est pourquoi elle porte souvent un casque qui l’isole du monde extérieur. Comme beaucoup d’enfants, elle a besoin de cet espace de socialisation pour au moins l’espace d’un instant, entrer dans une norme.

Si les personnages de Felicità sont libres, la mise en scène du long-métrage l’est tout autant. Bruno Merle s’amuse perpétuellement avec le spectateur en jouant avec le récit et avec les émotions. On peut s’attendre à peu près à tout d’une scène à l’autre, et si le scénario n’a pas l’air très épais, plusieurs scènes se répondent tout de même l’une à l’autre dans un joyeux ensemble, à la fois fantaisiste et harmonieux. Certaines séquences du film, qu’il ne vaut mieux pas divulgâcher, font lentement monter la tension, soit avec des dialogues assez osés, soit avec des comportements que l’on n’aurait pas attendus. C’est un peu une limite du film, qui s’il durait plus de ses une heure vingt, deviendrait un tout petit peu trop prévisible. Mais ce format lui convient, on n’a pas le temps de s’ennuyer avec ces quelques péripéties estivales joliment décalées. On s’amuse de ces situations légères tout comme on s’attache à ces gentils personnalités hors-cadre.

Et pour interpréter ce père imprévisible, Pio Marmaï trouve un rôle à sa mesure. L’acteur, qui a fait ses gammes dans une école de Commedia dell'Arte, prend visiblement beaucoup de plaisir à jouer ce rôle de père assez peu conventionnel. L’acteur, qui a collaboré avec Rémi Bezançon ou bien Pierre Salvadori, donne corps à ce personnage énergique que l’on aurait pu sans lui trouver caricatural. Dans le rôle de la maman, Camille Rutherford lui donne la réplique de façon malicieuse tandis que la fille du réalisateur complète ce casting, on ne saurait trouver mieux pour un film centré sur la famille. Si le scénario de Felicità manque un peu de substance, on reste tout de même touché à la fin du film de voir comment tout cela se termine. Il n’est bien sûr pas désagréable de voir défendre une idée différente de la structure familiale traditionnelle, et de voir émerger un petit vent de rébellion. Le tout nous donne un petit film, fragile, imparfait, mais qui ne manque pas d’arguments.

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