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La ronde (1950) Max Ophuls

La ronde (1950) Max Ophuls

Publié le 16 avr. 2021 Mis à jour le 16 avr. 2021 Culture
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La ronde (1950) Max Ophuls

On badine avec l’amour

Cette adaptation d'Arthur Schnitzler fleure bon la fraîcheur et l’espièglerie. Porté par un réalisateur amateur éclairé de littérature, La ronde nous conte une histoire éternelle, celle d’un homme et d’une femme qui s’aiment le temps d’une étreinte pour mieux rejoindre un(e) autre. Une galerie de personnages se croisent dans une Autriche de début de siècle autour d’un même personnage clé, le démiurge metteur en scène – auteur – spectateur.

La critique de l’époque n’a sans doute pas bien compris cette œuvre de Max Ophuls (comme nombre de films du cinéaste) pour mieux se rattraper plus tard (les auteurs de la nouvelle vague, notamment François Truffaut, l’ont largement encensé). Peu qu’être était elle trop moderne dans son apparence très classique. Car le cadre de La ronde est on ne peut plus classique : l’histoire se déroule à Vienne en 1900, les superbes costumes sont très travaillés, de même que les décors sont brillamment mis en valeur. C’est une histoire somme toute banale qui nous est raconté ici, l’amour est un des plus vieux poncifs du cinéma. On s’attend à voir un film qui se situe dans la lignée des grands films d’auteurs à la française.

Et pourtant, dès le début de La ronde le spectateur est dérouté : un personnage nous prend à parti directement pour nous raconter ce qui est en train de se passer devant nous. Il nous explique qu’il est à la fois tout le monde et personne et qu’il va faire tourner la ronde des destins, passant tour à tour d’une scène de théâtre à un plateau de cinéma, d’une impasse mal éclairée à un appartement cossu. Et la modernité de l’œuvre de Max Ophuls ne s’arrête pas là. Une mise en scène très fluide (les mouvements de caméra suivent l’action tout en légèreté) sert un discours finalement assez osé pour l’époque. 

En gros La ronde nous dit que tous le monde trompe tout le monde, de la prostituée à la soubrette, du militaire au comte ; les hommes et les femmes sont cupides et menteurs à la seule fin de l’acte sexuel, et ce sur un ton tout à fait frivole : tout ça n’a pas grande importance finalement. La fine fleur du cinéma français se retrouve ici bien gaiement et chacun joue son rôle tel un artisan dans cette partition à plusieurs voix. On retiendra particulièrement Danielle Darrieux qui est étonnante, mystérieuse et passionnée en épouse déçue d’un mari ennuyeux. La morale de tout ça, c’est qu’avec finalement bien peu de choses on peut faire un grand film ; on en connait quelques uns qui feraient bien de retenir la leçon.

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