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Wonder Woman 1984 (2021) Patty Jenkins

Wonder Woman 1984 (2021) Patty Jenkins

Publié le 31 mars 2021 Mis à jour le 31 mars 2021 Culture
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Wonder Woman 1984 (2021) Patty Jenkins

Un grand pouvoir implique de grandes responsabilités 

Finalement, Warner Bros a craqué : ils sortent en France Wonder Woman 1984 le 31 mars en achat digital, puis le 7 avril en VàD, DVD, Blu-Ray et Steelbook. Initialement prévu pour les salles américaines en juin et sur les écrans français en septembre 2020, le film a connu de nombreux reports avant de sortir fin décembre simultanément en digital et en salles uniquement aux États-Unis. La major a tenté jusqu’au bout de maintenir en Europe une politique de diffusion dans les cinéma mais se résout à abandonner cette idée, dans un contexte de crise du septième art et de la culture en général. Le film était pourtant attendu puisque le premier volet de la saga mettant en scène Diana Prince, sorti en 2017, avait cartonné, dépassant au box-office  Cinquante nuances de Grey. Dans une époque où l’empowerment féminin est de plus en plus valoris loolé, la franchise, réalisée par une femme et promouvant une super-héroïne, devient un symbole d’identification positive.

Lorsqu’elle était enfant, Diana Prince participait aux Olympiades de l’île de Themiscyra en compagnie d’autres Amazones. De loin la plus jeune, elle surpassait tout de même ses aînés mais un jour qu’elle menait la course haut la main, elle s’est retournée pour voir son avance et est tombée de son cheval, se laissant ainsi distancier. Découvrant un raccourci, elle parvint à rattraper son retard et arriva quasiment à la ligne d’arrivée quand sa mère l’empêcha de terminer victorieuse. Elle lui apprit ainsi les vertus de la vérité et de l’honnêteté, qui selon elle prévalaient au sentiment d’une victoire usurpée. Bien plus tard, en 1984 très précisément, un cambriolage se déroule dans un centre commercial de Washington. Les voleurs s’enfuient mais l’un d’entre eux fait tomber son revolver, déclenchant une panique générale. Dans la cohue, il prend en otage une petite fille et la suspend avec ses bras du premier étage, en gage de menace si la police tente de l’attraper.

Le prologue de Wonder Woman 1984 nous offre des paysages splendides, certes dignes de cartes postales retouchées à l’ordinateur, mais qui ont de quoi impressionner le spectateur. La situation actuelle, où chacune et chacun est empêché de voyager à travers le Monde, participe sans doute à cet enchantement, et l’on s’imagine ce que cet univers pourrait donner sur un grand écran. Puis l’on bascule en plein milieu des années 1980, alors que le premier volet de la saga s'était achevé durant la Seconde Guerre Mondiale. Le saut dans le temps est radical, et pourtant sûrement significatif : aux horreurs de la guerre succède les ravages du capitalisme effréné. L’époque est très bien rendu, le film étant émaillé de multiples clins d’œil vestimentaires et capillaires : on y voit même un vilain magnat dont la choucroute et le gratte-ciel ne peut que faire penser à Donald Trump. La bande-son, où l’on retrouve Frankie Goes to Hollywood ou Duran Duran, participe à installer cette ambiance rétro.

Mon ennemi, c’est la finance : telle pourrait donc être le mantra de ce Wonder Woman 1984, qui revient sur les origines de notre époque où règne la surconsommation. Mais notre héroïne, ou nos (anti) héroïnes se battent surtout contre un fléau encore plus pernicieux, la dominance du mâle blanc hétérocentré. Affichant son féminisme tout à fait ouvertement, le film nous offre quelques perles de scénario notamment cette longue scène où Kristen Wiig se retrouve face à son ancien agresseur et où sa réaction ne manque pas de piquant. Il faut dire que l’univers de DC Comics regorge de figures féminines puissantes, telles que Catwoman ou bien Harley Quinn, mais il faut bien admettre que dans les fanzines elles ont tendance à y être malencontreusement érotisées. La Wonder Woman qui nous est ici présentée revendique sa solitude en début de film, bien qu’elle ressent un vide depuis la mort de l’amour de sa vie. Elle se démène pourtant pour sauver l’humanité, avec pour seule instrument de combat son lasso de vérité.

Car voilà une caractéristique assumée de Wonder Woman 1984, résumée dans une réplique lapidaire de l’héroïne, qui déclare qu’elle déteste les armes. Cela ne l’empêche pas de se battre, et de gagner le plus souvent ses combats, mais elle va user de son intelligence pour au final faire triompher le Bien. Autant dire que l’on baigne dans un univers de charmante bien-pensance qui feraient frémir bien des réactionnaires, et certaines scènes du film débordent de guimauve et de ralentis mielleux. On sent que Patty Jenkins s’est fait plaisir, autant sur les scènes de combats, spectaculaires et un tantinet irréalistes, que sur le côté émotionnel, qui traîne en longueur trop souvent. La morale, qu’elle a dû emprunter à Spider-Man, nous fait bien comprendre que tout pouvoir mal maîtrisé engendre des dommages incontrôlables. Les responsabilités qui en incombent sont ainsi lourdes à porter : le message n’est pas nouveau, mais il est semble-t-il toujours d’actualité.

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