The Boys in the Band (2020) Joe Mantello
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The Boys in the Band (2020) Joe Mantello
Jeu de massacre pour un anniversaire
Arrivé sur une plateforme de vidéo à la demande en septembre 2020, The boys in the band est une œuvre existant depuis une cinquantaine d’années. C’est l’auteur Mart Crowley à qui l'on doit la pièce originelle, jouée à Broadway en 1968. Dix ans auparavant, le jeune homme, fraîchement arrivé à Hollywood de son État du sud-est, rencontrait Natalie Wood sur le plateau de La Fièvre dans le sang. Il deviendra son secrétaire particulier, profitant de son temps libre pour écrire sa pièce, qui met en scène plusieurs personnages homosexuels. Le succès est au rendez-vous et occasionnera par la suite plusieurs reprises ainsi qu’une suite, se déroulant trente ans plus tard. À l’occasion du cinquantième anniversaire de la production, le metteur en scène Joe Mantello la renouvelle avec un casting composé d’acteurs ouvertement gays. Le producteur à succès de Glee et de Pose, Ryan Murphy, lui propose de l’adapter pour une version audiovisuelle.
Donald appelle son ami Michael pour lui demander s’il peut passer chez lui car il est dans le coin. Ce dernier lui reproche d’être trop en avance et lui demande d’apporter des glaçons pour la soirée d’anniversaire qu’il organise ce soir. Larry et Hank, de leur côté, prennent un taxi pour ce rendre chez Michael, passant chercher Emory au passage. Tandis qu’ils se préparent, Michael et Donald rattrapent le temps perdu quand Alan, l’ancien colocataire de Michael, l’appelle pour lui dire qu’il est de passage en ville et qu’il souhaite le voir. Ils conviennent de boire un verre rapidement avant la soirée mais qu’il ne pourra pas rester. Michael fait alors promettre à Donald de bien se conduire car son vieil ami ne sait pas qu’il est homosexuel. Larry, Hank et Emory arrivent et sont rapidement mis au courant de la situation, se moquant de Michael et ne croyant pas qu’il ait pu avoir une vie avant son coming-out. Puis arrive Bernard, accueilli chaleureusement par ses amis.
La règle des trois unités imposée par le théâtre classique est parfaitement respectée par The boys in the band. Le film se déroule dans un seul lieu, le loft dans lequel habite Michael, qui invite ses amis à une fête d’anniversaire. Cet appartement est en lui-même quasiment un personnage : parfaitement décoré, il reflète très bien la personnalité de son occupant et ses différents recoins, sans oublier sa terrasse, recèlent des trésors d’ingénuité que la mise en scène exploite sans cesse. Hormis quelques brefs flash-backs, qui s’inscrivent très bien dans la narration et sont amenés subtilement, l’intrigue se déroule durant une unique soirée aux multiples rebondissements, qui arrivent chacun à point nommé pour relancer la tension dramatique. Quand à l’histoire, elle se concentre sur une thématique, à savoir l’homosexualité, que l’on examine sous toutes ses coutures et qui concerne chaque participant à ce jeu de massacre qui ne dit son nom que progressivement.
Car ce dont il est question dans The boys in the band c’est bien d’homsexuaité, et de la façon dont chacun la vit. Michael, dans son for intérieur, lutte avec sa foi catholique, ne parvenant pas à la réconcilier avec son orientation sexuelle. Larry a beau aimer son compagnon Hank, il a besoin de vivre aussi sa sexualité avec d’autres hommes. Hank est quant à lui marié et, en cours de divorce, tente de conquérir son homme et de le convaincre à une certaine forme de fidélité, quitte à ce qu’elle soit à trois. De son côté, Bernard doit faire face à une double discrimination, celle d’être gay et noir, n’acceptant les piques raciales que si elles lui sont lancées par un autre homme racisé. Les démons de Donald sont plus psychologiques, il lutte contre des angoisses et a du mal à passer trop de temps sans voir son psychanalyste. Et pour ce qui est d’Alan, son mariage semble battre de l’aile, Michael étant persuadé que c’est à cause du fait qu’il est dans le placard.
Avec des personnages aussi hauts en couleur, les jeux de mots et les railleries fusent, faisant de The boys in the band un objet assez jouissif pour l’oreille. Le rythme ne faiblit jamais et l’on se rappelle les anciennes comédies américaines qui se déroulaient à Philadelaphie ou bien à Boston, avec un Cary Grant au mieux de sa forme et une Katharine Hepburn toute en verve. Le film n’est évidemment pas sans rappeler Qui a peur de Virginia Woolf, non seulement pour son côté théâtral mais aussi son principe où les masques tombent durant une soirée mondaine. Les acteurs livrent tous une prestation remarquable, en tête desquels le fameux Zachary Quinto alias Spock de la nouvelle franchise Star trek. On apprécie une fois de plus de retrouver le charmant Matt Bomer, qui semble se bonifier avec le temps mais aussi le tout mignon Charlie Carver qui continue une belle carrière après ses débuts dans Desparate Houswives. En bref tout ceci est drôle, cinglant et piquant comme on aime.