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Meurtre dans un jardin anglais (1982) Peter Greenaway

Meurtre dans un jardin anglais (1982) Peter Greenaway

Publié le 9 déc. 2022 Mis à jour le 9 déc. 2022 Culture
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Meurtre dans un jardin anglais (1982) Peter Greenaway

This is a british « marivaudage », my dear

En 1982, quand sort sur les écrans Meurtre dans un jardin anglais, son réalisateur Peter Greenaway, à 40 ans, a déjà une solide carrière derrière lui. Ce gallois a débuté en tant que peintre puis auteur pour se tourner finalement vers le cinéma. Après divers court métrages plutôt expérimentaux, il signe The Falls en 1980, mais la critique internationale ne commence à le remarquer qu’avec ce deuxième opus. Pour la petite histoire, son titre original, The Draughtsman's Contract, n'a pas grand chose à voir avec sa version française. Queques temps après sa sortie, un distributeur anglais a la drôle d'idée de traduire Péril en la demeure,  quand il sort en Grande-Bretagne, par Death in a French Garden : réponse du berger à la bergère.

Le début

En 1694, en Angleterre, la très aristocrate Mrs Herbert demande, en l'absence de son mari, à Mr Neville, un peintre-paysagiste réputé, jeune et plutôt bien fait de sa personne, d'effectuer douze dessins de leur domaine, afin de l'immortaliser, lui qui dit aimer son domaine plus qu'elle. En échange de quoi, et puisque l'arrogant Neville trouve que la somme proposée n'est pas assez élevée, elle offre à l'artiste l'occasion de jouir de son corps. C'est Mr Noyes qui rédige le contrat, qui prévoie que chaque jour, durant une heure, Neville pourra profiter des faveurs de Mrs Herbert. Le peintre choisit scrupuleusement les lieux dans lesquels seront exécutés les dessins, à la même heure chaque jour.

Analyse

Il faut en convenir, Meurtre dans un jardin anglais a de quoi laisser perplexe à première vue : l’intrigue policière n’est pas assez mise en valeur pour qu’il soit qualifié de film policier, il n’a pas la prétention d’être à proprement parler un film d’époque ni un film pictural, quoiqu’il se rapproche le plus de ce qualificatif. En fait, c’est un mélange de tous ces genres, en y ajoutant un zeste de badinage , un humour très « british » et une pincée de critique sociale. Réglons d’ailleurs un compte aux traducteurs françaos qui ont attribué ce titre, certes mélodieux mais quelque peu trompeur. En anglais, The draughtsman’s contract signifie « le contrat du dessinateur », et correspond bien plus au thème principal du film.

En l'occurence il s'agit bien d'un contrat qui lie le dessinateur, Mr Neville, à la propriétaire du domaine, Mrs Herbert. Si l’intrigue du film (qui ne commence qu’au milieu) sert de toile de fond, ce sont bien les relations entre les différents personnages qui priment. Le spectateur n’assiste qu’impuissant au déroulement des événements en comprenant petit à petit la signification réelle de toute cette histoire. Avec un esthétisme et un sens de l’image très prononcé, d'ailleurs on ne peut s’empêcher de penser à Barry Lyndon, Meurtre dans un jardin anglais brode une satire d’une aristocratie en fin de règne, opposant la classe dominante à l’artiste, chacun essayant tour à tour de prendre l’avantage sur l’autre.

Les oppositions sont d’ailleurs nombreuses dans Meurtre dans un jardin anglais, que ce soit dans le rapport de classes, le rapport hommes/femmes ou la place de l’artiste dans la société. Des dialogues bien sentis nourrissent ces confrontations tandis que la musique de Michael Nyman accompagne parfaitement ce jeu du chat et de la souris plutôt savoureux. On peut donc dire que le film possède un sens esthétique particulièrement brillant, une intrigue policière amusante et la critique d’une société décadente de l’Angleterre du XIIe siècle. Seulement, on peut regretter ses excès parfois trop baroques dans les costumes ou les personnages, qui peuvent irriter si on les prend au premier degré.

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