Freaky (2021) Christopher Landon
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Freaky (2021) Christopher Landon
Do you like scary movies ?
Le réalisateur de Freaky a commencé sa carrière à la fin des années 1990. Christopher Landon, le fils de l’acteur principal de La petite maison dans la prairie, a tout d’abord fait des études de cinéma à l’université, où il rencontre Larry Clark. Celui-ci le repère après avoir lu un de ses scripts et lui propose d’écrire le scénario d’Another day in paradise avec Eddie Little, l’auteur de l’ouvrage dont s’inspire le réalisateur de Kids, et Stephen Chin, qui gravite alors dans la bande du cinéaste, avec aussi Harmony Korine. Landon fait alors son coming-out, et attend une bonne dizaine d’années avant de travailler sur des projets d’envergure. Scénariste de plusieurs volets de la série Paranormal activity, il va en réaliser un spin-off avant de lancer sa propre franchise horrifique avec les deux Happy birthdead. Puis il prépare Freaky, qui s’inspire du roman Freaky Friday, déjà adapté plusieurs fois au cinéma. Cette fois-ci, la comédie sera toutefois teinté d’horreur.
Quatre adolescents se retrouvent un soir dans la maison des parents de Ginny. Son copain raconte l’histoire d’un serial killer, le boucher de Blissfield, qui depuis plus de quarante ans tue chaque année des jeunes gens. Leur ami Isaac verse par mégarde de la bière sur Sandra, et va l’aider à nettoyer dans la pièce d’à côté. Ils y découvrent une collection d’étranges œuvres d’art, parmi lesquels figure une dague nommée La dola. En se promenant, Isaac ouvre une porte derrière laquelle se trouve un escalier qu’il descend. Au sous-sol, il trouve une cave à vin et en sort une bouteille de Montrachet. Surpris par un bruit, il lâche la bouteille qui se brise et il tente de ramasser les morceaux. En se relevant, il ne voit pas l’homme masqué qui lui plante un tesson de verre dans la bouche, l’enfonçant jusqu’à sa pomme d’Adam. De son côté, Sandra entend des coups frapper à la porte mais ne presse pas pour l’ouvrir. Le tueur l’enfonce et se rue sur elle avant de la tuer violemment.
On peut considérer que Freaky remplit consciencieusement le cahier des charges dévolu au genre qu’il revendique, à savoir la comédie horrifique. Si Scream a eu un retentissement considérable, ce style de film hybride existait déjà bien avant, on peut citer Le bal des vampires pour exemple. Les ingrédients sont simples, et la recette est assez balisée. Tout d’abord il convient de faire figurer des personnages stéréotypés, ici nous avons bien entendu la blonde, déclinée dans plusieurs des jeunes victimes potentielles, le jeune gay outrageusement extraverti, la meilleure copine issue d’une minorité visible, qui n’a pas le premier rôle évidemment. On ajoute à cela un scénario assez classique et dont les incohérences sont légion, en particulier lorsqu’il s’agit de se relever de blessures qui semblent fatales. Bien évidemment, une pincée de manque de jugeote devant des situations qui clairement devraient faire clignoter des lumières rouges dans les cerveaux, et pourtant les personnages tombent toujours dans les mêmes panneaux.
On l’aura compris, la fantaisie dont Freaky fait usage à foison, relève beaucoup du second degré, et le film remplit son contrat relativement bien. Les références y sont pléthoriques, de Vendredi 13 à Halloween en passant par Freaky Friday : Dans la peau de ma mère, lui aussi interprété par Jamie Lee Curtis. Mais le long-métrage de Christopher Landon se moque gentiment de ses aînés, en caricaturant à l’outrance les comportements de ses protagonistes. La quantité d’hémoglobine déversée, autre signe distinctif du genre, ainsi que les diverses et ingénieuses façons de tuer les cibles apportent aussi une dose d’humour assez appréciable, pour qui peut supporter l’imagerie gore que ces scènes véhiculent. Est-ce systématiquement volontaire, c’est là que l’on touche à la limite de l’exercice de style, et on ne peut pas dire que le film fasse dans la demi-mesure à ce sujet. Il pourra donc rapidement agacer certains par ses ficelles par trop évidentes, qui encore une fois peuvent être considérées comme de l’ironie.
Même dans l’autre sous-genre qu’il exploite, à savoir le body swap movie, Freaky ne cherche pas à se distinguer. Le principe d’échanger deux âmes en expérimentant le corps d’un autre a été exploité de nombreuses fois au cinéma, dans des genres aussi divers que la comédie, le film d’action ou le film d’animation, pour ne citer que ceux-là. L’effet est toujours garanti et occasionne des scènes souvent pas très subtiles mais assez drôles. Le fait de dédoubler le changement de sexe et la différence d’âge ajoute à l’intérêt, le réalisateur s’aventurant dans des réflexions certes pas très élaborées mais qui méritent d’être rabâchées. Ainsi le tueur coincé dans le corps de la jeune innocente, et qui se retrouve face à trois adolescents outrageusement représentatifs des mâles blancs dominants donne un relief intéressant à une séquence qui pourrait être embarrassante. De même la représentation de ce corps d’homme de plus de quarante ans batifolant avec un jeune qui a moins de la moitié de son âge a de quoi faire jaser.