Prêt-à-porter (1994) Robert Altman
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Prêt-à-porter (1994) Robert Altman
Toutes celles qui portent la frange à la Kate Moss
À sa sortie, Prêt-à-porter a été l'un des films les moins bien défendus de Robert Altman, y compris parmi ses plus grands fans. Il faut dire que le réalisateur américain sortait alors d'une période faste, enchaînant coup sur coup deux pièces majeures de sa filmographie, à savoir The player et Short cuts. Précédait pourtant une décennie peu glorieuse dans les années 1980, tandis que les années à venir lui seront plus souriantes, avec des films tels que Cookie's fortune ou bien Gosford park. Reste qu'il jetait ici son dévolu sur le milieu de la mode au moment même où la marque Yves Saint-Laurent allait être rachetée par Gucci et où des anciens petits jeunes comme Jean-Paul Gaultier étaient installés bien haut dans l'échiquier de la haute couture.
Le début
À Moscou, Sergio achète deux cravates Dior identiques. Quelques jours plus tard à Paris, Olivier de la Fontaine, président de la chambre syndicale de la haute-couture, reçoit l'une d'entre elles par courrier. C'est la pleine période de la fashion week et la journaliste américaine Kitty Potter fait découvrir à son public les coulisses des créateurs. L'épouse d'Olivier de la Fontaine fait participer son chien à un concours de beauté tandis que la styliste Simone Lowenthal effectue les derniers préparatifs de son futur défilé. Radieuse et enceinte, la mannequin star Albertine lui rend visite, et lui explique qu'elle ne pourra pas travailler cette année. Olivier arrive alors et annonce à Simone qu'il doit aller récupérer quelqu'un à l'aéroport, plein de journalistes et de couturiers étrangers, accueillis par Kitty Potter.
Analyse
On peut dire que Prêt-à-porter est daté, à la fois dans le bon sens et dans le mauvais sens du terme. Le film cristallise une époque bien déterminée, les années 1990, qui furent pour le petit monde très fermé de la mode une période charnière, celle de l'apogée des modèles stars, de la médiatisation à outrance et de l'arrivée massive des investisseurs. Toutes ces facettes sont particulièrement bien représentées dans le film, chacune au travers d'un personnage emblématique, qui gravite autour des autres à la manière des films chorals que savait si bien mettre en scène Robert Altman. De nombreuses intrigues sont développées, et chacune n'a pas droit au même traitement, mais ce bouillenement créatif participe aussi à ce portrait de groupe bien senti.
Avec le recul des années, les images qui défilent sont cela dit dépassées par tout ce qui est arrivé depuis. Peut-être faut-il avoir vécu ces moments, en tant qu'acteur ou en tant que spectateur, pour ressentir de la façon la plus précise possible toute l'ironie que le réalisateur tente d'insuffler dans son long-métrage. Car Prêt-à-porter peut, et il l'a été grandement à sa sortie, être critiqué à de nombreux égard. Plusieurs reproches qui ont été fait à Robert Altman et à son traitement de la mise en scène, tournaient, par exemple, autour de la facilité à laquelle il aurait cédé, en particulier au regard des nombreux clichés parisien comme les sempiternels monuments de la capitale, que l'on voit et revoit dans pratiquement tous les films américains tournée à Paris, ou les blague récurrentes, et pas très fines, sur les crottes de chien.
D'autres critiques portaient sur la caricature opérée dans Prêt-à-porter d'un univers de la mode où tout le monde couche avec tout le monde, et sur la désinvolture avec laquelle Robert Altman traite sa pseudo-intrigue, cousue de fil de blanc et effectivement artificielle, voire inutile. Mais ce n'est pas le but du réalisateur, qui ne veut que croquer de manière acide ce petit microcosme fermé, qui ne se rend parfois pas compte de son propre ridicule. Le défilé des stars est cependant impressionnant, de Sophia Loren à Lauren Bacall en passant par Marcello Mastroïanni ou même Jean Rochefort, tous étant délicieusement over the top. La bande originale est également très bien choisie, à l'image de cette magnifique scène de défilé final où trône Pretty, des Cranberries.