On the rocks (2020) Sofia Coppola
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On the rocks (2020) Sofia Coppola
Liaison mystérieuse à Manhattan
Avec On the rocks, Sofia Coppola tourne son deuxième film pour Netflix, si l’on compte A Very Murray Christmas, qui n’était autre qu’une variation d’une heure autour de son complice Bill Murray. Peu de personnes auraient misé sur elle quand à la fin des années 1990 elle tourne son premier long-métrage, Virgin suicides, qui sera pourtant un succès. Puis Lost in translation achève de convaincre la critique, et elle devient la coqueluche de tout un petit milieu hype et tendance, avec son époux Spike Jonze dont elle divorce pourtant et se met brièvement en couple avec Quentin Tarantino. Puis vient le tournage épique de Marie-Antoinette, où elle s’offre comme décor naturel rien de moins que le Château de Versailles, et Somewhere qui se déroule dans le Chateau Marmont, ce célèbre hôtel de Los Angeles,. Elle s’entoure ici de Rashida Jones, la fille de la magnifique Peggy Lipton, actrice de Twin Peaks décédée en 2019, et de Marlon Wayans, qui s’est notamment fait connaître avec la saga Scary movie.
Quand elle était une petite fille, le père de Laura lui faisait promettre qu’elle lui appartiendrait toujours et qu’elle ne donnerait son cœur à aucun garçon. Bien des année plus tard, elle a visiblement tout oublié quand le jour de son mariage avec Dean elle plonge dans une piscine avec lui, portant encore son voile. Sept ans ont passé et ils ont deux filles ; un soir que son mari rentre de voyage d’affaires, il se comporte bizarrement au lit, semblant à peine la reconnaître après l’avoir embrassée. Le lendemain matin, Laura accompagne ses filles à l’école, croisant plusieurs de ses amies qui lui disent qu’il faut qu’elle se voient bientôt. Elle appelle une amie pour lui raconter son anecdote, et celle-ci la rassure, lui disant que c’est normal d’être fatiguée : elle a une petite fille et a du mal à avancer sur son roman. Puis elle demande conseille à son père, qui est en voyage à Paris ; il confirme immédiatement ses doutes : pour lui, Dean s'attendait à voir quelqu’un d’autre à côté de lui dans le lit.
Durant une grande partie d’On the rocks, on se croirait dans du Woody Allen, le film faisant visiblement plus particulièrement référence à Meurtre mystérieux à Manhattan. Comme chez le réalisateur new-yorkais, la majeure partie de l’intrigue nous entraîne dans une enquête improbable, où un tueur potentiel est remplacé par un mari supposément infidèle. Les dialogues sont tout autant le cœur d’une mise en scène un peu moins élaborée mais qui se veut sophistiquée. On traîne, comme d’habitude, dans des hôtels chics et dans de luxueux immeubles, on n’a pas le temps de voir des amis tout aussi égocentriques et superficiels. C’est la marque de fabrique de Sofia Coppola, qui fait qu’on a, il faut l’admettre, un peu de mal à se projeter dans des personnages peu aimables et qui frisent un peu la caricature. La réalisatrice tente lors de deux ou trois monologues de nous faire comprendre les motivations des uns et des autres mais ça ne prend pas vraiment.
Pourtant On the rocks est l’un des films de Sofia Coppola où la narration est presque palpitante. Si la trame narrative est simple – une femme, influencée par son père, suspecte son mari d’avoir une liaison avec sa collègue – au moins elle existe et les personnages ne font pas que traîner dans leur chambre ou dans des boutiques de luxe. Cela dit, on ne ne pas dire que l’intrigue avance à pas de géant, elle déroule tranquillement son fil jusqu’à une fin plus qu’attendue et qui nous plonge tout droit dans un bol de guimauve dont la réalisatrice semble friande. À peine a-t-on droit à quelques scènes avec l’entourage de l’héroïne – sa mère et sa grand-mère, une autre mère de famille complètement timbrée, assez bien campée par Jenny Slate - mais elles sont à peine développées. La grande majorité des scènes se déroulent avec Bill Murray, dont le personnage intervient pourtant assez tard dans le film : on sent bien que tout ceci n’est qu’un prétexte pour la narratrice.
Le principal argument d’On the rocks est le peinture de ces deux personnages principaux, à savoir une quarantenaire mère de famille et son père libertin. On peut supposer que Sofia Coppola a mis une bonne part d’elle-même dans le portrait de cette femme, que Rashida Jones prend à bras le corps, tout en y intégrant une touche de modernité avec son mari afro-américain. Avec Felix, impeccablement incarné par un Bill Murray en pleine forme, on trouve la figure du fameux mâle blanc dominant de plus de cinquante ans. Rien de bien glorieux dans ce séducteur impénitent, complètement à côté de la plaque et qui trompe son ennui en entraînant sa fille dans des aventures improbables. C’est vaguement divertissant, même si on n’y croit pas une seconde et qu’on voit les rebondissements venir les uns après les autres. C’est tout de même un peu court pour en faire autre chose qu’un film du samedi soir à regarder sur une plateforme de vidéos à la demande.