Block 10
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Block 10
Tout semblait vouloir me ramener à cet endroit. Tous les indices menaient à cette adresse. Un bordel réputé pour ses services hors normes. Aucun flic sain d'esprit n'accepterait de passer cette porte métallique de son plein gré. Pas sans prendre le risque de gerber ses tripes sur le tapis de velours violet qui couvrait le sol miteux. Pas sans prendre le risque de voir ses nuits peuplées d'images immondes.
Block 10. Une maison close portant le nom de l'un des blocks d'Auschwitz. Celui dans lequel des médecins nazis expérimentaient toutes sortes de pratiques atroces sur des hommes et des femmes. Un clin d'œil qui semblait échapper à beaucoup d'habitués. Mais pas à moi...
Mon enquête piétinait. Un nouveau corps avait été découvert à quelques rues d'ici, devant l'école Saint-André. Le cadavre était disposé comme les précédents : assis contre le mur, les genoux repliés contre la poitrine, les bras autour des jambes, la tête tombant sur le torse. Crâne rasé. Sourire de l'ange. Les yeux maquillés. L'homme était nu sous une soutane en gabardine grise. Il avait été trouvé par des mômes du quartier qui jouaient au ballon. Un tir malencontreux avait fait basculer la dépouille sur le côté dévoilant une mare de sang coagulé. Une atrocité.
Comme pour les cinq autres victimes, aucun témoin. Comme pour les cinq autres victimes, aucun coupable. Comme pour les cinq autres victimes, aucun mobile. Mais toujours le même mode opératoire. Toujours le même profil de proie. Toujours la même mise en scène morbide. Les interrogatoires des proches, des voisins et des collègues n'avaient rien donné. Toute cette affaire était une véritable énigme.
Mais mon intuition ne me lâchait pas. J'avais la conviction que je devais aller fouiner du côté du Block 10. Nous savions tous que des trucs louches s'y déroulaient, mais sans mandat aucune descente n'était possible. Je devais y aller incognito. Je devais y aller en oubliant ma plaque, mon flingue et mon instinct de flic.
Ce soir, c'était ma chance. 24 heures s'étaient écoulées depuis le dernier meurtre. Le prochain devait avoir lieu aujourd'hui. Ce soir, j'étais l'appât désigné. Je troquai mon uniforme de détective contre celui d'un homme soumis. D'un homme mal dans sa peau, introverti et en manque d'affection. J'appris mon rôle à travers les différentes descriptions des six autres morts. Les épaules voûtées, le regard fuyant, je frappai à l'imposante porte de métal.
Un géant m'ouvrit et me conduisit vers la chambre des maîtres : une pièce dans laquelle les dominants venait adopter un jouet pour le temps d'une soirée. J'étais un morceau de choix, j'en avais conscience, et j'espérais avoir la chance de tomber sur notre coupable. Lorsque je croisai le regard sombre et sans âme de cet inconnu accoudé au bar, je sus que c'était lui. Et j'avais attiré son attention. À présent, il ne restait plus qu'à l'attirer dans mes filets et lui faire dévoiler tous ses secrets.
La main dans ma poche de mon pantalon, en quelques clics, j'appelai mon coéquipier, l'inspecteur Jiardino. À cette heure-ci, il était très certainement autour d'une table de poker avec ses amis pompiers. Il ne répondrait pas. Inutile de compter sur lui en cas de besoin, mais sa messagerie me servirait d'enregistrement.
Tel un prédateur, l'homme s'approcha de moi. Sans hâte, il me fit enlever ma veste. Il en profita pour flatter mes épaules et bras musclés de ses puissantes mains. Il défit ma ceinture et me l'accrocha autour du cou. Il venait de me revendiquer. Sans un mot. Il avait fait de moi son esclave. Il était difficile de me contenir. Je mourais d'envie de lui faire cracher ses dents. Mais je ne pouvais pas faire tomber mon masque tout de suite. Il était nécessaire que je continue à jouer cette comédie. Pour rassembler toutes les preuves nécessaires à son arrestation.
Il me conduisit dans une pièce sombre, décorée d'objet de torture en tout genre. Il se dirigea vers une armoire renfermant de nombreux fouets et en choisit un fait de cuir rouge. D'un simple hochement de tête, il me fit comprendre de retirer ma chemise et de me mettre à genoux. Je devais le faire parler, mais comment ? Je n'étais pas adepte de ces jeux de rôle. Je ne voulais pas l'offenser et prendre le risque de le faire fuir. Mais lorsque je le vis mettre des gants en latex et plonger les lanières dans un liquide transparent, je compris mon erreur. J'étais entré dans l'antre d'un monstre et jamais je ne pourrais rendre justice aux victimes sans en être moi-même une.
Je me relevai, arrachai ma ceinture qu'il m'avait fait porter comme un collier et l'enroulai autour de mon poing. Il me sourit. Il savait. Il avait compris qui j'étais. Que j'étais ici pour percer lever le voile sur toute cette affaire. Peut-être même m'avait-il suivi toutes ces semaines alors que je flânais dans les rues à la recherche d'indices. Peut-être m'avait-il observé durant toutes ses soirées alors que j'analysai ce dossier qui me hantait. Dans ses yeux, je pouvais voir qu'il connaissait tout de moi et que cette entrevue serait la seule et unique. Que de nous deux, un sortirait vivant de cette pièce sordide.
Des cris provenant du couloir interrompirent notre échange silencieux. Des portes claquèrent. Des coups résonnèrent. Une lumière éblouissante envahit notre salle de torture. Un coup feu siffla. Et une rosace rouge orna magnifiquement la chemise blanche de mon maître. Jiardino venait d'abattre notre suspect. Sans arrestation. Sans procès. Il venait de rendre justice à toutes les victimes de ce fou qui restera un mystère.
Texte de L.S.Martins (35 minutes chrono, sans relecture).
Promtp : propose moi un nuage de mots en francais pour une histoire courte policière.
Réponse : Mystère, Enquête, Inspecteur, Indices, Suspect, Alibi, Témoin, Meurtre, Énigme, Mobile, Preuve, Détective, Interrogatoire, Coupable, Intrigue, Filature, Arrestation, Justice, Crime, Secret.
Jackie H il y a 8 mois
Très bon premier jet en 35 minutes !
L. S. Martins il y a 8 mois
Merci beaucoup. Un écrit qui restera dans sa spontanéité malgré ses erreurs et ses imperfections 😉.