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Retour fatal

Retour fatal

Publié le 7 avr. 2025 Mis à jour le 7 avr. 2025 Horreur
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Comme c'est étrange de se trouver ici. Après toutes ces années. Les lieux n'ont pas vraiment changé. Ils sont plus sombres et plus sales, mais les papiers peints sont les mêmes ; le bruit des lattes du plancher est toujours aussi sinistre, les moulures toujours si hautaines et grotesques... L'atmosphère est toujours aussi lourde et effrayante que dans mes souvenirs. Bizarrement, revenir ici n'est pas si difficile. Je pensais que je ne pourrais jamais franchir le seuil de cette maudite porte. Que je ne pourrais jamais faire face aux vestiges de mon passé. Que je n'en aurais jamais le courage. Pourtant, tout ceci me semble risible à présent.


Je ne suis plus cette enfant apeurée. Celle qui servait de punching-ball à un beau-père trop saoul. Celle qui servait de défouloir à un demi-frère trop en colère. Cette Cendrillon des temps modernes qui, par miracle, a survécu à tant de sévices sans jamais avoir la chance de rencontrer une quelques conque marraine fée. Je me suis toujours débrouillée seule, ne pouvant compter que sur moi-même. Je ne suis qu'une solitaire qui, à l'âge de 16 ans, a fui un foyer toxique. À échappé à une mère aveugle face à la détresse de sa fille et la sauvagerie de sa nouvelle famille.


J'ignorais être capable de pleurer cette femme qui m'a tant détestée. D'éprouver autant de chagrin à la perte de celle qui, par son indifférence, m'a fait tant de mal. Peut-être que j'espérais encore qu'elle me verrait. Qu'elle me regarderait avec amour et fierté. J'en ai si souvent rêvé lorsque je vivais sous ce toit. Chaque fois qu'un poing s'écrasait sur ma pommette. Chaque fois que des mots cruels m'anéantissaient. Chaque fois que des regards lubriques m'effrayaient. Mais je n'ai eu le droit qu'à son mépris et sa froideur. Elle ne m'a jamais pardonné d'être née. D'être en vie.


À présent, il ne reste que moi. Moi et les fantômes qui hantent cette maison. Plus personne pour me faire souffrir. Plus personne pour me haïr. Malgré tout, je ne peux m'empêcher de trembler à l'idée que des monstres se cachent dans la pénombre. Chaque craquement me fait sursauter. À chaque bruit, mon cœur s'emballe. Je n'ai plus rien de rationnel. Entre ces murs, je deviens folle. Sinon, comment expliquer les cris que j'entends ? L'odeur rance d'alcool et de cigarette qui flotte dans l'air ? La lourde respiration qui siffle à mon oreille ? Et la présence écrasante dans mon dos ?


Texte de L. S. Martins (15 minutes chrono, sans relecture).

Image par Peter H de Pixabay : Couloir Perspective Vider - Photo gratuite sur Pixabay

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