

Petite fille...
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Petite fille...
Simuler un malaise ? OK. Tuer mon gardien avec un morceau de métal arraché du mur ? OK. M'échapper de ma cellule ? OK. Et maintenant ?
Je cours depuis des heures à travers ce labyrinthe sans jamais trouver de sortie. Heureusement, j'ai veillé à récupérer l'arme et le pass de mon tortionnaire, mais jusqu'à présent, cela ne m'a servi à rien. Je suis perdue. Je n'ai croisé âme qui vive. Personne qui ne saurait m'aider à travers ce dédale d'acier. J'ignore où je me trouve exactement. La seule chose dont je suis certaine, c'est qu'on est en mouvement. Je peux le sentir. L'habitude, sans doute. Je parierais sur un vaisseau pirate, à en juger par les hurlements de la carlingue sous la vitesse et l'état vétuste des couloirs que j'ai traversés jusqu'alors. Ça et cette lumière blafarde et glauque qui ne cesse de clignoter, signe que les batteries secondaires sont plus que fatiguées.
Si seulement j'étais en mesure de me souvenir de ce qu'il s'est passé à cette soirée. Un détail. Un indice... J'ai bu ce soir-là, certes, mais pas plus que de raison. Pas plus que d'habitude. À vrai dire, il ne me semble pas que Léon a tenté de m'arrêter — lui qui s'est nommé gardien de mon foie et de ma vertu. Je suis même certaine que c'est lui qui a payé la tournée avant mon black-out. Alors quoi ? Cela signifie que j'ai été droguée ? Bien sûr, espèce d'idiote ! Cette idée me hante depuis mon réveil sur ce sol froid et immonde. Trois jours, d'après les rotations des gardes, et j'ai encore des vertiges et ce goût amer typique de la belladone.
Mais pourquoi ? Pour quelle raison m'enfermer sans jamais m'interroger ni même me torturer ? Pourquoi me laisser croupir dans ce trou à rats sans tenter de me soutirer la moindre information ? Pas que je parlerais, mais le public ne connaît pas ma véritable identité. Personne n'a conscience que je dirige la Rébellion. Beaucoup estiment que je ne suis que la petite-fille de Président. Une riche héritière totalement inutile. Inutile, parce que jamais mon très cher grand-père ne payerait pour me sauver. Aucune négociation. Aucune recherche. Non pas qu'il n'en a pas les moyens, seulement, c'est son cœur qui lui fait défaut. Ou serait-ce son âme ? Peu importe. Il a, auparavant, prouvé sa cruauté et son indifférence lorsqu'il a sacrifié mon père sur un autel. Son fils unique. Prix ultime pour sa magie et son immortalité.
— Je sais que tu es là, petite fille... Tu ne peux pas t'échapper.
Cette voix. Ce sifflement. Et ce frisson qui fait se dresser les poils de ma nuque. Il est ici. Le démon en personne qui me sert de famille. Il sait. Il a compris mon rôle dans cette guerre. Mais ce qu'il ignore, c'est que la Rébellion est comme une hydre. Si je meurs, d'autres prendront ma place. D'autres liés à moi par un serment du sang. La seule façon pour moi d'assurer un avenir à notre monde. De faire tomber ce monstre.
Texte de L. S. Martins (20 minutes chrono, sans relecture).
Image par Foundry Co de Pixabay : Tunnel Effrayant Mystérieux - Photo gratuite sur Pixabay

