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Un rêve tenace

Un rêve tenace

Publié le 20 mai 2021 Mis à jour le 20 mai 2021 Culture
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Un rêve tenace

La première fois est toujours plus intense. On fait connaissance. On se découvre. On s’apprivoise. Certains se livrent, sans artifice, sans faux-semblant. D’autres se cachent derrière des sourires forcés et des silences. L’heure passe et le moment fatidique approche. Celui de convenir d'un nouveau rendez-vous. De fixer une nouvelle date. Proche ou lointaine…

10h00. Monsieur Grifon. Bel homme. Coupe courte. Barbe de quelques jours, gris poivre. Costume trois pièces. Très chic.

Il est assis dans la salle d’attente. Le regard fier et plein d’assurance. Un sourire séduisant. Je l’invite à entrer dans mon bureau et à s’asseoir dans le canapé face à mon fauteuil.

Après quelques banalités, la séance peut enfin commencer. Il ne tient pas en place, comme si je le déstabilisais. C’est étrange. Mais je ne dois surtout pas le brusquer. Ce genre de personnage se braque facilement. Je dois me montrer patiente, il finira par s’ouvrir à moi.

- Docteur… Je…

Il prend une grande bouffée d’air, comme pour se donner du courage et continue :

- Voilà… depuis quelques jours, je fais toujours ce rêve… Il me semble si réel, mais c’est impossible !

- Pourquoi impossible ?

- Parce que je ne suis pas ce genre de gars !

- Quel genre ?

- Aventurier ! Le truc le plus fou que j’ai dû faire, c’est traverser hors des clous !

Il s’énerve. Ce n’est pas bon signe. Il faut absolument que j’arrive à le calmer.

- Respirez. Et commencez par me raconter ce rêve, vous voulez bien ?

Il change de position. Ses jambes s’agitent. En quelques minutes, il a perdu toute son assurance. Toute l’arrogance liée à son titre.

- Je… Toutes les nuits, depuis quelques semaines, je vois cette planète. Je suis entouré de montagnes de roche marron. Le sol est recouvert de flaques d’eau sombre et fumante. Je ne suis pas sur la Terre, j’en suis certain. Je peux apercevoir Saturne dans cet immense ciel bleu.

- Que faites-vous sur cette planète ?

- J’sais pas. Des relevés, je crois. Je suis avec un autre homme, un scientifique. Je porte une de ces combinaisons de cosmonaute et une arme à la ceinture. À quoi peut me servir une arme sur une planète déserte ?

- Je ne sais pas, monsieur Grifon. Vous souvenez-vous d’autres détails ?

- Le scientifique avec qui je suis, ne cesse de m’appeler Capitaine Grifon. Visiblement, je suis chargé de sa protection pendant qu’il étudie l’atmosphère… Et… oui… je distingue d’autres voix dans la radio reliée à mon casque. Des soldats. Ils m’appellent tous Capitaine. Mais pourquoi ?

- Et que vous disent-ils d’autres ?

- Ils me font des rapports sur leur position. Sur les scientifiques qui les accompagnent. Sur la température étouffante et l’odeur de mort qui rôde. Et moi aussi, je le sens. Il fait si chaud dans cette combinaison. Et ces relents me donnent la nausée… Mais tout ceci ne peut pas être vrai.

- Pourquoi ? N’avez-vous jamais participé à ces expériences virtuelles que propose la société Margas ?

- Non. Jamais. Je n’y ai jamais mis les pieds. J’ai autre chose à faire dans la vie ! Vous me voyez moi, dans l’un de ces lieux sordides ?

- Je ne sais pas, monsieur Grifon. Pourquoi cela vous semble impossible ?

- Mais parce que ce n’est pas mon genre. Et puis, je m’en souviendrai !

- Pas nécessairement. Les stimulations cérébrales produites par ces machines peuvent provoquer des dommages à la mémoire. C’est connu.

Il se lève et se met à tourner en rond. Il est nerveux. En pleine confusion. Il se ronge les ongles.

L’église sonne les 11 h, l’heure pour nous de se quitter. Mais je ne peux pas le laisser dans cet état.

- Monsieur Grifon. Voilà ce que je vous propose. À chaque fois que vous faites ce rêve, notez tout ce dont vous vous souvenez sur un carnet. Chaque détail. Ainsi, ensembles, nous pourrons voir si des éléments diffèrent. Et lors de notre prochaine séance, si vous êtes d’accord, je vais vous mettre dans un état d’hypnose. Je vous guiderai et vous aiderai à comprendre.

- Merci, docteur. Merci de ne pas me prendre pour un fou.

- Pourquoi je vous prendrais pour un fou ?

- Parce que jusqu’à aujourd’hui, à chaque fois que j’en parle à quelqu’un de mon entourage, j’ai droit à ce regard. Un mélange de pitié et d’inquiétude. Mais pas chez vous. Alors un grand merci.

- De rien, monsieur Grifon.

Il se rassied devant moi, sort son portable et nous fixons un nouveau rendez-vous. Fin de semaine prochaine.

Il me salue et quitte mon bureau aussi calme que lorsqu’il est rentré. La démarche digne et confiante. Quel étrange personnage.

 

30 minutes chrono, sans relecture.

Texte de L.S.Martins

Image par Reimund Bertrams de Pixabay : Saturne Paysage Montagnes - Image gratuite sur Pixabay

 

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