Le chevalier de mon coeur
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Le chevalier de mon coeur
Lorsqu’il tomba à terre, mon cœur se serra. Tristan était le chevalier le plus fort de toute la région et pourtant, son adversaire avait réussi à le toucher. Comment avait-il pu savoir pour sa blessure à l’épaule ? Comment ?
Le visage crispé de douleur, il se releva et saisit son épée. Les jambes souples, le regard fier, il guettait la prochaine attaque. Celle qui serait décisive. Pour lui. Pour moi. Pour nous.
Nous avions grandi ensemble. Lui le fils du maître forgeron. Moi la fille du roi. Tout nous séparait et pourtant rien ne faisait obstacle à notre amour. À l’âge de dix ans, il me fit une promesse, celle de devenir le plus illustre chevalier du royaume et de gagner le droit de m’épouser.
Et il avait respecté son serment. À douze ans, il était devenu l’écuyer de mon frère, Gaëtan. À ses côtés, il apprit à manier l’épée, à tirer à l’arc et à monter à cheval. Il était d’une agilité et d’une force incroyables. Il maîtrisait l’art du combat à la perfection.
Gaëtan sut reconnaître son immense talent et demanda à père de l’adouber. De faire de lui un véritable chevalier. Sir Tristan, le bras droit du prince Gaëtan, son homme de confiance et un ami précieux.
Mais père n’avait pas oublié les origines modestes de mon cher et tendre. Je ne sais comment, il découvrit notre amour et se mit dans une sombre colère. Il confia à Tristan une quête interminable et périlleuse qu’il ne put refuser. Plusieurs jours de voyage, des terres maudites à parcourir, une bataille perdue d’avance.
J’avais imploré père, mais en vain. Pour unique réponse, il m’annonça qu’une joute serait organisée en mon honneur et que le gagnant remporterait ma main. Mon cœur se brisa. En quelques minutes, j’avais perdu l’homme que j’aimais et ma liberté. Désespérée, je courus implorer Gaëtan de m’aider. Il essuya mes larmes, me prit dans ses bras et me berça. Il me murmura des paroles que je ne comprenais pas, mais elles me calmèrent.
Durant près de deux semaines, je n’avais pas quitté ma chambre. Seuls ma dame de compagnie et mon frère étaient autorisés à y pénétrer. Je ne voulais voir personne d’autre. Les jeux avaient été annoncés et des chevaliers et princes de tous les royaumes venaient y participer. Tous voulaient avoir l’honneur d’épouser la belle Iseult. Mais aucun ne posséderait mon cœur.
Aujourd’hui, ma sentence serait prononcée. Mes habits avaient été choisis : une robe éclatante de velours rouge pour rehausser la blondeur de mes cheveux. C’était un grand jour… Je devais être éblouissante, m’avait soufflé mon frère en me tendant une lettre.
« Je tiendrai ma promesse, mon amour. T. »
Il avait réussi. Il avait fait revenir Tristan pour qu’il puisse participer à cette journée de joutes. Mais il avait été blessé et n’avait pas la force pour lutter. Son adversaire l’avait bien compris. Impuissante, j’assistais à sa mise à mort…
Mais tout ceci n’est que du spectacle. Une mise en scène pour séduire les touristes et leur apprendre notre histoire. Je ne suis pas Iseult. Il n’est pas Tristan. Seulement des figurants. Pourtant, à chaque fois que je joue cette scène, je ne peux m’empêcher de me demander comment elle aurait réagi ? Se serait-elle jetée devant son amour pour qu’il soit épargné ? Aurait-elle supplié son père pour qu’il arrête le combat ? Ou se serait-elle contentée de détourner le regard, envahi de larmes et de regrets ?
30 minutes chrono, sans relecture.
Texte de L.S.Martins
Image par jaymethunt de Pixabay : Chevalier Battu Médiévale - Photo gratuite sur Pixabay