

Je te protégerai toujours
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Je te protégerai toujours
— Kaïla, que fais-tu ici toute seule ?
Dans la pénombre du couloir austère et poussiéreux, à peine éclairée par les quelques rayons du soleil qui perçaient derrière les fenêtres crasseuses et ternes, Kaïla se tenait à genoux. Silencieuse et effrayée. Ses cheveux en bataille, la peau pâle et froide, cachée dans un pull trop grand pour elle, la petite ne bougeait pas. Pas même lorsque la jeune femme s'approcha et posa sa main sur son épaule minuscule. Elle ne dit rien lorsque l'adulte face à elle passa deux doigts sous son menton pour relever sa tête et observer son doux visage. Elle se contenta de détourner le regard et de retenir sa respiration quelques secondes.
— Kaïla, parle-moi. Que t'est-il arrivé ?
Tremblante, les yeux baissés, les joues tachées de larmes, Kaïla ne réagit pas. Elle ne répondit rien, laissant l'autre perplexe. Inquiète.
— Pourquoi es-tu si craintive ? Tu sais que je ne te ferai aucun mal..., la rassura la jeune femme en s'accroupissant à ses côtés. Tu me connais, ma chérie. C'est moi, Lucie.
Kaïla cligna plusieurs fois les paupières, sortant doucement de sa torpeur. La panique la submergea, sa respiration s'accéléra. Secouée par les sanglots, elle haleta, ses immenses yeux noyés de désespoir. Le cœur brisé, Julie la prit dans ses bras et la serra contre sa poitrine, faisant tressaillir son petit corps fragile.
— Qui a-t-il ? Tu es blessée ? s'enquit Julie en reculant. Laisse-moi regarder, tu veux bien.
La fillette fit un signe de la tête et se laissa faire, grimaçant à chaque mouvement. Elle était couverte d'ecchymoses. Ses poignets et ses chevilles avaient des traces de liens rouge vif et son abdomen prenait une couleur violacée qui ne laissait rien présager de bon.
Julie ne put retenir sa rage. Elle n'avait été absente que deux jours. Deux jours durant lesquels ils n'avaient pas hésité à la maltraiter. Malgré ses menaces. Comment avaient-ils osé ? Ce n'était qu'une enfant. Une gamine innocente qui ne demandait qu'à être aimée.
Devant la réaction de la jeune femme, Kaïla prit peur. Elle gémit de douleur en se recroquevillant sur elle-même, enroulant ses bras autour d'elle. Puis elle murmura des excuses incohérentes.
— Non, non, souffla Julie honteuse. Je ne suis pas en colère contre toi, Kaïla, mais contre ceux qui t'ont fait ça. Veux-tu bien me dire qui s'en est pris à toi, cette fois ?
Kaïla refusa d'un hochement de tête et recula contre le mur. Elle était terrorisée. Comment pouvaient-ils se montrer aussi cruels ? Aussi insensibles ? Pourquoi s'en prendre à cette enfant si douce ?
— C'est ma faute... Je... bégaya Kaïla sa voix éraillée. Je... j'ai fait tom... tomber la bassine d'eau... eau chaude pour le bain de... de Marie.
Julie regarda plus attentivement les jambes de petite fille et, malgré l'obscurité ambiante, elle parvenait à distinguer les brûlures sur ses pieds et ses tibias. Ils ne s'étaient même pas donné la peine de la soigner. La jeune femme ne put retenir un sanglot. Son cœur se serra pour cette enfant, si douce.
— Je suis désolée, ma chérie. Viens, à partir d'aujourd'hui, tu n'as plus à vivre ici. Je voulais te faire la surprise...
Julie caressa tendrement le visage de Kaïla puis ramena une mèche de cheveux rebelle derrière son oreille. Un mince sourire sur les lèvres, elle lui annonça la bonne nouvelle :
— Si j'ai dû m'absenter, c'était pour faire accélérer la procédure. Ton adoption a enfin été acceptée. Tu es ma fille, à présent. Et je te fais la promesse que plus personne ne te fera du mal. Je te protégerai toujours.
Les grands yeux noisette de Kaïla s'écarquillèrent de joie. Son visage s'illumina et elle sauta dans les bras de Julie en pleurant de bonheur. Elle respira le doux parfum floral de la jeune femme, une odeur réconfortante et agréable, avant de lui chuchoter à l'oreille :
— Merci, maman...
Texte de L. S. Martins (20 minutes chrono, sans relecture).
Image par Sibeal Artworks de Pixabay : Ai Généré Fille Enfant - Photo gratuite sur Pixabay

