Enfin de retour
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Enfin de retour
Je rentre enfin à la maison. Après des années d’exil à sillonner cette planète si hostile, je retrouve mon coin de paradis. Il y a vingt ans, jamais je n’aurai cru avoir la chance d’apercevoir à nouveau cette arche de roche et de verdure, ni même entendre le chant mélodieux des cascades magiques de la forêt de Fea. Il y a vingt ans, je pensais mourir dans l’un de ces déserts sinistres peuplés de créatures épouvantables.
Je n’étais qu’un enfant, mais je ne fus pas épargné par la colère du Grand Maître. Il avait eu une vision, un rêve me concernant. Selon lui, je représentais une menace pour notre peuple, pour notre terre. Moi, le gamin de tout juste dix ans, frêle et maladroit. Alors, il me chassa. Il me laissa une nuit pour faire mes adieux et rassembler quelques affaires avant de me conduire aux portes de notre territoire.
Je revois le regard larmoyant de mes parents. Ils avaient voulu partir avec moi. M’accompagner dans ce péril pour me protéger, mais le Grand Maître les en avait empêché en les menaçant de tous nous tuer. Et avant de me pousser vers ce monde dangereux, un sourire malveillant accroché sur son visage froid et sévère, il me mit au défi de me présenter ici-même dans quarante cycles.
Quarante cycles…, toute une vie durant laquelle j’ai vu tant de choses. Pourtant, partir à l’aventure m’avait été difficile. Durant de nombreuses semaines, j’étais resté caché à la lisière de la forêt de Fea. Je guettais les miens, espérant pouvoir me faufiler et me réfugier chez moi sans que personne ne le remarque. Mais le Grand Maître voit tout et il ordonna à quelques gardes de me traquer et de me tuer si je refusais de partir.
N'ayant d’autres choix, je quittais le plateau des Driurs. Après plusieurs jours de marche, j’arrivais, épuisé, dans un hameau. Un couple adorable m’accueillit et me soigna. Ils s’occupèrent de moi comme si j’étais leur propre fils. Ils m’éduquèrent, m'inculquèrent l’art de la terre et des bêtes. Cinq années merveilleuses de rude labeur et d’amour. Jusqu’à ce que la vieillesse et la fatigue eurent raison d’eux… Lisa partit la première, suivie de Florent anéanti par le chagrin.
Ne me sentant plus à ma place parmi les gens de ce village, je m’enfuis après un dernier adieu à mes parents d’adoption. Et le cœur lourd de perdre pour la seconde fois mon chez moi, je décidai de ne plus jamais m’attacher à quiconque, de ne jamais rester plus de quelques jours au même endroit. Pas avant d’avoir vécu mes quarante cycles et pouvoir me présenter devant l'immense portail et réclamer ma vengeance.
Texte de L. S. Martins (25 minutes chrono, sans relecture).
D'après Image by Andrian Valentino from Pixabay : Manipulation Digital Art Fantasy - Free photo on Pixabay