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Il est trop tard

Il est trop tard

Publié le 14 nov. 2022 Mis à jour le 14 nov. 2022 Culture
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Il est trop tard

Il ne nous reste que quelques secondes à vivre. Inutile de chercher à fuir, de chercher à se cacher. Il est trop tard. Nous ne pouvons que savourer ces derniers instants en contemplant cet étrange spectacle de mort.

Nous le savions, mais nous n’osions y croire. La menace pesait depuis si longtemps sur nos épaules que nous avions fini par l’oublier. Peut-être par mépris pour notre ennemi. Notre quotidien n’a jamais changé. Nos habitudes n’ont pas évolué. Notre attitude ne s’est pas améliorée. Nous étions les plus forts, intouchables, imbattables. Parfois, je me dis que nous méritons notre sort. Qu’à force de bêtises et de méchanceté, nous sommes responsables de ce qui nous arrive.

2052, début d’une nouvelle ère. La technologie est omniprésente. Développée pour nous servir, elle augmente tous les Hommes dès leur naissance. Une petite puce placée sous la peau du poignet droit qui nous permet de justifier de notre identité. Nombreux sont ceux qui ont essayé de l’arracher, mais le process est compliqué et douloureux. Avec le temps, elle émet des prolongements qui se connectent à notre système nerveux. L’objectif : offrir à notre gouvernement un système de surveillance et de contrôle pour chacun d’entre nous. Pour nous court-circuiter en cas de comportement suspect. En cas de rébellion.

Ma mère avait accouché clandestinement, dans un hangar, assistée par mon père et Rébecca, une femme médecin. Elle ne m’avait même pas regardé ni même pris dans ses bras. Elle m’avait abandonné pour que jamais ils ne me voient à travers ses yeux. Pour qu’ils ignorent tout de mon existence. J’ai été élevée par un robot de l’avant-guerre. Une nourrice droïde déconnectée du réseau. À l’âge de cinq ans, j’ai rejoint les Non-marqués pour qu’ils m’élèvent dans le respect des vieilles traditions — c’est-à-dire, avant que la technologie fasse tout à notre place. Je vivais simplement et je n’étais pas malheureux, mais j’aspirais à autre chose. Je voulais explorer le monde. Faire mes propres expériences. Trouver l’amour.

Alors, une nuit, je me suis enfui. J’ai quitté les égouts de la ville pour partir à la découverte d’autres horizons. Et ce que j’ai vu m’a refroidi. Nous sommes tous dans le déni : les Non-marqués et les autres. Les premiers pensent être à l’abri, libres de vivre comme ils l’entendent. Les seconds sont persuadés d’être hors de danger, oisifs et ignorants. Et moi aussi, je l’étais — ignorant, je veux dire. Jamais je n’avais entendu parler de cette autre vie. Jamais on ne m’a expliqué le pourquoi de mon abandon. De l’urgence pour l’être humain de réagir avant qu’il ne soit trop tard. Avant que les machines ne décident de prendre le pouvoir et de tous nous anéantir.

Durant près de dix ans, j’ai sillonné les villes. Je me suis fondu dans la masse. J’ai essayé d’éveiller les consciences, en vain. Personne n’entend un fantôme. Personne ne prend au sérieux un morveux. À présent, il est trop tard, mais peut-être que nous méritons ce qui nous arrive.

 

Texte de L. S. Martins (25 minutes chrono, sans relecture). 
D'après Image par Fabien Huck de Pixabay : Apocalyptique Guerre Danger - Photo gratuite sur Pixabay

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