Le portrait
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Le portrait
Que pourrais-je dire d'elle sans tomber dans le mélodrame ?
Je l'ignore.
Je pourrais la dépeindre comme une femme forte et aimante. Joyeuse et drôle. Douce et maternelle. Je pourrais la décrire comme une magnifique brune aux cheveux bouclés, aux yeux ambrés en amande, au teint laiteux et au sourire éclatant.
Je pourrais raconter que chaque soir, avant de m'endormir, elle venait me lire une histoire, me border et m'embrasser sur le front, puis éteindre la lampe et fermer doucement la porte derrière elle. Que chaque fois que je me sentais triste, elle avait toujours les mots pour sécher mes larmes. Que chaque fois que je me sentais seule, elle était toujours là pour moi.
Je pourrais, mais je ne le ferais pas. Je ne le ferais pas parce qu'en réalité tout ceci ne serait que mensonges.
Parce que ma mère est un fantôme d'un passé que je préfère oublier. Une absence avec laquelle j'ai dû grandir, j'ai dû me construire. Une personne sans laquelle j'ai dû apprendre à vivre.
En novembre 1990, alors que je n'avais que quelques heures, elle a décidé de nous abandonner, mon père et moi. Sans même me laisser la chance de la connaître...
Je suis née prématurée. Et pendant que je me battais contre le destin, que je luttais pour rester dans ce monde, elle a plié bagage, ne laissant derrière elle qu'un goût amer et une tristesse sans nom dans laquelle mon père se noie chaque fois qu'il pose les yeux sur moi. Jamais il ne me l'avouera, mais je peux le lire dans son regard menthe à l'eau.
Je ne sais pas comment il fait pour supporter cette ressemblance presque parfaite, malaisante entre elle et moi. Pas besoin de photo, je n'ai rien de mon père. Peut-être mon arc de Cupidon. Et encore. Mes yeux dorés, mes cheveux de jais, mon visage en forme de cœur et ma peau si pâle, je les tiens d'elle et d'elle seule. C'est son héritage. Sa seule contribution à mon existence. L'unique rappel de son absence.
Texte de L.S.Martins (25 minutes chrono, sans relecture).
Image créée par L.S.Martins à l'aide de DallE-3.