Ma décision
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Ma décision
Encore une journée exceptionnelle qui se lève sur notre île. La Vieille Pie l’avait prédit : pas un jour de pluie avant le Banoul. Une chose délicieuse pour les rêveurs, mais pour nos récoltes une véritable catastrophe.
Les anciens ont essayé d’invoquer les dieux et d'implorer leur clémence. Danses et chants autour du feu, sacrifice du plus jeune bétail…, en vain. La Vieille Pie avait toujours raison, rien ne pourrait nous sauver de ces mois de sécheresse.
La nature autour de nous semblait s’en être accommodée, mais pas nous. Nous vivons trop loin dans les terres, sans source à proximité. Les eaux qui coulent dans la forêt sont dangereuses : elles sont peuplées de créatures hideuses et leur acidité nous brûle de l’intérieur.
La Prêtresse de notre village, dans sa sagesse infinie, a demandé à tous les hommes de partir sur les plages pour puiser un peu de la mer. Le sel nous servirait à la conservation de nos viandes et l’eau à nous hydrater. Quant aux femmes, elles étaient missionnées pour trouver des baies pour permettre aux plus vieux et aux plus jeunes de survivre en attendant.
Mais voilà déjà plus de trois semaines qu’aucun de nos guerriers n’est revenu. Les fruits se font rares et la folie emporte nos aînés un à un. La chaleur nous terrasse, même à l’abri des grands arbres. Le moindre effort est un véritable supplice et respirer est de plus en plus difficile. Je ne peux plus rester là sans rien faire, regardant les miens agoniser. Du haut de mes 15 ans, je peux aider. Je ne suis plus une enfant.
Ce soir, j’ai pris une grande décision : je vais me rendre au mont Raïos. Une légende ancestrale dit que si l’on présente une fleur de Grajulis au cratère, alors les dieux exhausseront un vœu. J’ai voulu en parler, mais ma mère a tout fait pour m’en dissuader. Pour elle, cette idée est aussi délirante que d'expédier tous nos hommes à la mer. Folle et dangereuse. Mais je ne suis pas de cet avis. Et la Vielle Pie non plus.
Je ne marcherai que de nuit, lorsque les températures sont les plus supportables, et le jour, je trouverai refuge dans les profondeurs de la terre. Je trouverai cette fleur si rare et si exceptionnelle et je ferai plier les dieux pour qu’ils laissent le ciel pleurer sur notre île.
Texte de L. S. Martins (20 minutes chrono, sans relecture).
D'après Image par Kanenori de Pixabay : Montagnes Paysage Matin - Photo gratuite sur Pixabay