L’art du mensonge (2019) Bill Condon
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L’art du mensonge (2019) Bill Condon
Un peu trop escroc
On pourrait facilement s’y tromper, et penser que L’art du mensonge est un film britannique. Le scénario est adapté d’un roman écrit par Nicholas Searle, né en Cornouailles, tandis que le casting est quasiment entièrement composé de citoyens du Royaume-Uni. Mais le réalisateur, le scénariste ainsi que surtout les producteurs du film étant américain, il écope de cette nationalité. L’idée de cette adaptation est venue à Greg Yolen, le producteur des deux précédents films de Bill Condon, qui s’empresse de demander à son fidèle collaborateur Jeffrey Hatcher, un scénariste de théâtre, d’écrire le script. Le réalisateur, qui avait déjà travaillé avec Ian McKellen dans Mr. Holmes, s’est jusqu’ici constitué une filmographie assez solide, distribuant Beyoncé dans Dreamgirls et mettant en scène le dernier chapitre de Twilight, sans compter son retour à la comédie musicale avec La Belle et la Bête.
Le début
Deux retraités, Betty et Roy, discutent sur un site de rencontres, dissimulant par pudeur leurs addictions à la cigarette ou à l’alcool. Très vite, ils s’entendent assez bien et se donnent rendez-vous pour dîner. Au début anxieux, ils se rendent vite compte qu'ils ont beaucoup de choses en commun et se séparent après le repas, se promettant de se revoir bientôt. Betty rejoint son petit-fils Stephen, qui est venu la raccompagner en voiture, tandis que Roy prend un taxi, alors qu’il lui avait dit qu’il prendrait le train pour rentrer chez lui. Or, il se rend dans un club de strip-tease et y rejoint trois autres hommes. Il explique à deux d'entre eux le plan qu'il a imaginé avec son ami Vincent pour arnaquer des investisseurs russes. Ils n'ont qu'à mettre sur un compte 50 000 livres chacun pour les appâter, les autres mettront la différence, soit 800 000 livres. Puis Ray se rend compte avec plaisir que Betty lui a laissé un message et lui propose de le revoir.
Analyse
Dès le début de L’art du mensonge, on est installé dans cette ambiance purement british d’arnaqueurs filous où l’humour léger enrobe les actions. La suite ne déçoit pas, mis à part une parenthèse dans le passé complètement dispensable, mais qu’importe, l’essentiel n’est pas là. On est là pour passer un bon petit moment, pour se laisser distraire et emporter dans des complications scénaristiques cousues de fils blanc mais qui restent malgré tout bon an mal an jouissives. Ces deux personnages sont complètement craquants et, même si on n’est dès le début absolument pas dupes de ce petit jeu du chat et de la souris, l’important est de les voir se dépatouiller avec des péripéties à l’emporte-pièce mais amusantes. On reste durant les quasiment deux heures de film (c’est peut-être un peu long) dans notre zone de confort : on sait ce qui nous attend avant d’aller voir le film, et ce qui nous est présenté y est en tout point conforme.
On ne va pas se mentir, la qualité principale de L’art du mensonge réside dans ses interprètes. Le film ne regorge pas de personnages mais chacune et chacun des actrices et des acteurs qui émaillent le casting est un bon choix. Évidemment, honneur aux dames, saluons la prestation de Dame Helen Mirren dans un film qui ne passerait pourtant pas le Test de Bechdel puisqu’on y compte que très peu de femmes. Cette actrice est une fois de plus étincelante en veuve apparemment tranquille, après avoir interprété, entre autres, la fée Morgane, la soprano Galina Ivanova, les reines Charlotte et Elizabeth d’Angleterre, Alma Reville, l’épouse d’Alfred Hitchcock ou bien Catherine de Russie. Inutile de dire que son interprétation était très bien calibrée pour avoir une nomination aux Oscars, bien que le film ne fut pas partie des listes des prétendants aux récompenses, et n'avait pas la carrure d’un tel palmarès.
Le reste du casting de L’art du mensonge est donc principalement masculin. L’acteur principal, que l’on voit quasiment de tous les plans, n’est autre que l'essentiel Sir Ian Mckellen, une fois de plus étonnant, tout en malice et humour. Lui qu’on a connu en Gandalf et en Magnéto, en Macbeth et en Richard III ou en Roi Lear semble visiblement prendre beaucoup de plaisir à jouer avec ce drôle de rôle de vieux briscard assez attachant. Un autre défenseur de la cause LGBTQIA+, en la personne de Russell Tovey, fait partie des interprètes du film. Celui qui nous a ému dans Years and Years, que l’on a eu plaisir à voir dans Quantico et dans Looking et que l’on avait pu apercevoir dans Pride, incarne ici encore un homosexuel craquant qui, pour couronner le tout, s’occupe bien de sa grand-mère : l’époux et le gendre idéal en somme. Pour compléter cette belle distribution, notons que Jim Carter, alias le majordome Charles Carson dans Downton Abbey, fait ici une apparition remarquable.