Le parrain 3 (1990) Francis Ford Coppola
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Le parrain 3 (1990) Francis Ford Coppola
L’œuvre de Dieu, la part du Parrain
Après le tournage éprouvant d’Apocalypse now, débute avec les années 1980 une décennie de vaches maigres au niveau des succès populaires pour Francis Ford Coppola. Les studios finissent par le convaincre au début des années 1990 de tourner une autre suite à sa fameuse saga du Parrain. Le réalisateur gardera tout de même une certaine maîtrise artistique : refusant comme le désirait la Paramount de montrer l’énième histoire d’un homme au faîte de sa puissance, avec force scènes d’actions, il préfère raconter le crépuscule d’un parrain. Osant par là même montrer Al Pacino vieilli et malade, il apporte ainsi avec Le parrain 3 un nouvel éclairage à sa saga, quitte à déstabiliser une part du public.
Le début
Quelques années après la mort de son frère, qu'il avait ordonné, et pour laquelle il ne peut s'empêcher d'éprouver de la culpabilité, Michael Corleone a atteint une certaine respectabilité et souhaite réunir sa famille à l’occasion d’une cérémonie à son honneur donnée par l’église catholique elle-même, qui souhaite le décorer pour ses œuvres de charité. Sa fille Mary, maintenant impliquée officieusement dans ses affaires par le biais d’une association caritative, doit d’ailleurs y remettre une importante donation. Elle revoit à la réception Vincent, le fils illégitime de son oncle Sonny. Elle tombe fatalement amoureuse de lui, au grand dam de son père. Celui-ci ne désire plus qu’une chose : parachever son œuvre en signant un pacte avec le saint Vatican.
Analyse
Ainsi cet épilogue des Parrain apparaît plus intime que ses deux préquels. Francis Ford Coppola considère d’ailleurs les deux premiers épisode comme une seule et même œuvre, parachevée par Le parrain 3, qu’il aurait d’ailleurs souhaité intituler La mort de Michael Corleone. Le ton est donné, il s’agit d’apporter la touche finale à une histoire de famille forgée dans le sang et les meurtres. Un passif lourd à porter et que Michael, formidable Al Pacino véritablement transformé dans le film, désire expier à tout prix. Il se rapproche ainsi naturellement des plus hautes instances religieuses catholiques , une intrigue finement ciselée se dessine alors et l’on constate que la corruption atteint finalement tous les cercles de pouvoirs, même les plus insoupçonnables.
Ici, Francis Ford Coppola se paye donc très délicatement un des plus grands tabous de la société moderne, se permettant même d’imaginer l’élection de Jean-Paul 1er. Ce qui fait aussi l’épaisseur de ce Parrain 3, c’est l’implication de Coppola dans cette histoire familiale qui fait écho à ses proches. On en retrouve comme à l’accoutumée de nombreux au générique du film : sa sœur Talia Shire est toujours là pour interpréter tout en nuance Connie Corleone. On trouve aussi Carmine Coppola, qui signe toujours la musique, quelques-uns de ses petits enfants se retrouvent lors d’une réunion de famille et surtout on découvre sa propre fille Sophia, à peine sortie de l’adolescence et propulsée fille de Michael.
Si on connaît maintenant les dessous du casting, Winona Ryder ayant décliné la proposition à la dernière minute, Francis Ford Coppola se trouva fort démuni et imposa son inexpérimentée fille, force est de constater qu’il a été sérieusement critiqué pour ce choix. Et comme Michael qui va voir sa progéniture sacrifiée à sa place, le réalisateur souffrira des quolibets dont fut victime Sofia et dont il se sentira visé. Pour interpréter son prétendant, on retrouve Andy Garcia, en digne successeur de ses illustres prédécesseurs, lui qui a décroché le rôle au nez et à la barbe de Val Kilmer ou de Nicolas Cage. Le parrain 3 clôt en tout cas d’une très belle façon cette saga mythique, avec ce brillant final à l’opéra dont on n’a pas finit d’entendre parler.