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Les misérables (2019) Ladj Ly

Les misérables (2019) Ladj Ly

Published May 24, 2020 Updated May 24, 2020 Culture
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Les misérables (2019) Ladj Ly

Violence des échanges en milieu tempéré

Né au Mali, Ladj Ly a grandi dans le quartier des Bosquets où se passe l'action de son premier long-métrage, Les misérables. Il a seize ans quand il participe à la création du collectif Kourtrajmé créé par Kim Chapiron avec notamment Romain Gavras. En parallèle de quelques rôles dans les films de ses amis, il construit ses premières œuvres de cinéaste en travaillant avec Oxmo Puccino et en réalisant des documentaires, comme 365 jours à Clichy-Montfermeil qui revenait sur les émeutes qui ont commencé en 2005 à Clichy-sous-Bois. Primé dans plusieurs festivals, son court-métrage Les misérables lui serviront comme base pour réaliser son premier long. Celui-ci sera sélectionné en compétition officielle au Festival de Cannes, où il décrochera le Prix du Jury. Auréolé d'un succès critique et public, le film représente la France aux Oscars, et décroche quatre Césars dont celui du meilleur film.

Un groupe de jeunes partent de la cité des Bosquets, à Montfermeil, pour assister dans Paris à la finale de la Coupe du monde de football. Ils se joignent à la liesse populaire lors de la victoire de la France, brandissant des drapeaux tricolores et entonnant la Marseillaise. Quelques jours plus tard, un nouvel équipier du nom de Stéphane Ruiz, venant de Cherbourg, se joint à la brigade anti-criminalité en charge du quartier. Ses collègues se moquent de sa coupe de cheveux et le surnomment Pento, en lui expliquant que les Bosquets étaient encore il y a quelques années un no man's land pour les policiers, tellement les trafics y tenaient une place prépondérante. Puis les Frères musulmans ont « nettoyé » le quartier mais la prostitution s'y est développée. En arrivant au commissariat, ils découvrent qu'un jeune garçon s'est fait arrêter pour vol de poulets vivants. Pento explique à ses collègues qu'il est venu en Île-de-France pour suivre son ex-compagne, qui a la garde de leur fils.

Particulièrement durant sa première partie, Les misérables se présente comme une sorte de cartographie d'un quartier. D'ailleurs durant plus d'une heure et demi, la caméra ne va jamais quitter la cité des Bosquets, où a grandi Ladj Ly. Situé à la proximité de Clichy-sous-Bois, ce quartier notoire de Montfermeil se montre ici sous ses divers aspects. L'outil le plus utile au réalisateur est bien sûr ce drone, qui survole les bâtiments lors d'une séquence assez réussie. L'usage de la caméra à l'épaule permet également à Ladj Ly de montrer avec efficacité les différents coins et recoins du quartier. Une certaine maîtrise de la mise en scène se dégage de quasiment tout le film, qui se tient relativement bien formellement parlant. Mis à part à sa toute fin, le film n'affiche aucune volonté de se montrer tape-à-l'œil : l'efficacité dont il fait preuve va de paire avec une forme de sobriété, sans doute travaillée pour contraster avec son dernier quart d'heure. 

Car la construction des Misérables se voit, peut-être un peu trop. Le premier tiers du film, qui traîne en longueur, a pour fonction de nous introduire dans un territoire qu'on ne connaît pas. La ficelle du nouvel arrivant, en la personne de ce policier effectuant sa première journée, est classique mais marche plutôt bien. Puis le scénario se resserre autour de la disparition d'un lionceau ; l'incident apparemment banal met toutefois en exergue les tensions que l'on pouvait déjà palper. Au milieu du film, le nœud gordien se met en place et chacun des protagonistes sera amené à faire un choix. La tension monte alors progressivement, pour retomber à certains moments et ainsi de suite, jusqu'à ce dernier quart d'heure franchement problématique. Si l'on comprend la volonté d'imager la colère, le décalage entre la violence inutile de cette dernière séquence et tout ce qui a été mis en place jusque là n'a pas beaucoup de raison d'exister.

Mais c'est sans doute une des raisons d'être de ces Misérables, que d'exprimer une rage et un désarroi auprès des pouvoirs publics. Très appuyé (les références à Victor Hugo, les dialogues parfois lénifiants), ce discours est malheureusement utile même s'il n'a rien d'original. Mais encore une fois, la répétition est parfois nécessaire, et on peut souligner que le film n'est jamais manichéen. Certes, le personnage de flic borné incarné par Alexis Manenti est chargé, mais il en existe quelques uns. Et la vision que nous transmet Ladj Ly des figures incontournables du quartier, comme « le maire » ou bien les Frères musulmans a beaucoup d'acuité. Chacun des personnage a sa part d'ombre, et les raisons de leurs actions sont judicieusement présentées. Reste qu'au final on a tout de même un peu l'impression de se retrouver une fois de plus devant un film dossier, qui est à la fois nécessaire et risque de ne se retrouver malgré lui que comme un symbole.

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