A single man (2008) Tom Ford
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A single man (2008) Tom Ford
Homme seul cherche joie de vivre
On dirait au début un défilé de chez Dolce & Gabbana, soit des costumes et des robes impeccables, des coiffures sophistiquées, et c'est beau : en bref, la mode, la mode la mode. Et là on se rappelle que A single man est le premier long-métrage réalisé par Tom Ford, et nombre sont les premiers spectateurs du film qui ont pu se de demander ce qu’il faisait là. C’est fatal, le procès d’intention est si vite intenté de nos jours, ma bonne dame. Et pourtant A single man est une pure merveille : préparez vos mouchoirs et laissez vous séduire. Notons au passage que son scénario est adapté du roman de l'excellent Christopher Isherwood, dont certaines œuvres ont auparavant été adptées au cinéma, tel Cabaret.
Le début
George Falconer se réveille depuis huit mois sans aucune envie de vivre. Huit mois que Jim est mort dans un accident de voiture. Qu’il n’a pas pu lui faire ses adieux : un compagnon, « vous comprenez », c’est pas « la famille », d’autant plus en 1962. Mais pour George, si, et, las, ce jour là, il a décidé d’en finir, une fois pour toutes. Il prépare méticuleusement ses vêtements, ses papiers, les lettres d’adieux à sa femme de ménage ou à sa grande amie Charley. Celle-ci l’appelle d’ailleurs de bon matin pour confirmer le dîner qu'elle organise ce soir. Puis il se rend à l’université pour donner ses cours à des étudiants inintéressants, sauf peut-être Kenny qui remarque cette petite note de tristesse dans les yeux de George.
Analyse
La journée de George va donc être parsemée de rencontres plus ou moins fortuites et de souvenirs tendres. Avec une folle élégance Tom Ford réussit avec A single man un film maitrisé de bout en bout, sobre, avec une mise en scène distinguée, et un sens de l’esthétique très poussé. On remarquera tout particulièrement la superbe lumière et le jeu avec les couleurs, certes un peu appuyé, mais en tout cas original. La direction artistique est d'ailleurs assurée par Dan Bishop, qui a collaboré à la série Mad men, tandis que le réalisateur prend le soin de travailler avec d'excellents professionnels, tels la costumière Arianne Phillips, plusieurs fois nommée aux Oscars, et le chef opérateur Eduard Grau.
On assiste avec A single man à un objet formellement réfléchi et non pas à un espèce de standard de la mise en scène comme il y en a trop souvent. Colin Firth est assez remarquable, et remportera pour son interprétation plusieurs distinctions, dont au Festival de Venise. Julianne Moore y est divine, comme toujours, dans un rôle de fille à pédé idéale. Et il y a tous ces beaux gosses, figures angéliques qui vont illuminer la journée de George. On se noie dans les yeux de Nicholas Hoult, qui fut révélé par la série Skins, et qu'on ne présente plus désormais, on se pâme devant la plastique de Jon Kortajanera, mannequin vedette qui participa à un clip de Madonna.
Et puis A single man c’est aussi un film engagé, sans non plus revendiquer bêtement ses discours sur les minorités, et c’est un film humain, on pourrait même dire humaniste, mais n’en faisons pas trop non plus. C’est d’ailleurs intéressant de voir que c’est une icône fashion comme Tom Ford qui mette au centre de son film les rapports humains et leur pouvoir parfois rédempteur. Si la suite de sa carrière de réalisateur est moins flamboyante, Nocturnal Animals ayant reçu un accueil plus mitigé, on peut convenir que, loin de la superficialité des podiums, A single man est un beau film qui parle de nous, de la vie, et de l’amour.