Drugstore Cowboy (1989) Gus Van Sant
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Drugstore Cowboy (1989) Gus Van Sant
Vous reprendrez bien un peu de contre-culture ?
Juste après son film de fin d'études, Mala noche, Gus Van Sant s'attaque avec Drugstore Cowboy à un sujet dit « sensible », à savoir la toxicomanie. Aidé de William S. Burroughs pour le scénario (celui-ci interprète aussi un petit rôle dans le film), il choisit d'adapter le roman autobiographique de James Fogle.
L'histoire de Drugstore Cowboy est celle d'une bande de jeunes sous l'emprise de drogues diverses et variés qui vivent au jour le jour, leur seule préoccupation se résumant à savoir quelle prochaine pharmacie ils vont pouvoir braquer afin d'assouvir leur dépendance et à semer les flics ne cherchant qu'à les prendre en flagrant délit.
Le personnage principal de Drugstore Cowboy est donc un paumé, héros qu'affectionne particulièrement Gus Van Sant, sa filmographie le prouvera. Bob n'a pas de passé, pas d'avenir, au grand désespoir de sa mère (l'excellente Grace Zabriskie), qui le voit inexorablement sombrer sans qu'aucun de ses sermons ne le fasse réagir. Tout ce qu'il a, ce sont sa femme Dianne et ses deux prétendus « amis », Rick et Nadine.
Ou plutôt ses disciples : ces deux adolescents traînent leur vie comme un mal en peine en apprenant de Bob toutes les ficelles du « métier ». On est loin de la jeunesse doré que veulent nous montrer bon nombre de films trop formatés. Matt Dillon est un peu dans une mauvaise passe quand on lui propose Drugstore Cowboy. Le jeune acteur prometteur de Outsider trouve ici une occasion de rebondir, et il le fait sacrément bien. Véritable pierre angulaire du film, il rend son personnage à la fois pathétique et attachant.
Car le risque est toujours grand avec ce genre de sujet : difficile de montrer le quotidien de junkies sans tomber dans le moralisme ni dans la caricature. Drugstore cowboy ne tombe dans aucun de ces travers et réussit à être un film à la fois distrayant (si, si) et profond, mais jamais donneur de leçon : Bob est lucide sur sa condition et refuse de se considérer comme une victime. On sent que l'aide apportée par William S. Burroughs, qui prononce d'ailleurs un monologue écrit par lui-même, a été d'un grand secours à un Gus Van Sant encore en début de carrière.