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The bubble (2007) Eytan Fox

The bubble (2007) Eytan Fox

Published Jun 20, 2022 Updated Jun 20, 2022 Culture
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The bubble (2007) Eytan Fox

Bulle de chagrin, boule d’incertitude

Le réalisateur Eytan Fox a participé en 1997 à une série israélienne à succès, Florentine, basée sur la vie quotidienne des jeunes de Tel Aviv. Puis Yossi et Jagger évoquait un couple d'homme dans l'armée de Tsahal, et Tu marcheras sur l’eau revenait sur les relations pour le moins compliquées entre Israël et l'Allemagne. Dix ans après sa série, il revient à Tel Aviv avec The bubble, qui est le surnom souvent donné à la ville côtière, en référence à l'apparent climat de liberté et de calme qui s'en dégage. Mettant en avant un couple d'homosexuels, il reçoit le refus de plusieurs acteurs d'incarner ne serait-ce que leurs pères. D'ailleurs autant Yousef Sweid que Ohad Knoller, qui avaient déjà travaillé avec Eytan Fox, ont déclaré que le tournage des scènes de sexe entre eux a été compliqué, voire difficile. Reste que cela n'est pas l'essentiel du film, qui base son intrigue sur le rapprochement entre deux hommes que tout oppose a priori, l'un isrélien, l'autre palestinien, dans un élan de métphore nationale à peine voilé.

Le début

Lors de son service militaire, le disquaire Noam, originaire de Tel Aviv, est basé à Naplouse, sur un checkpoint, où il est le témoin de l'accouchement d'un enfant mort-né par une palestienne. C'est un jeune palestinien, Ashraf, dont il note les très beaux yeux, qui l'assiste pendant ce drame, durant lequel Noam perd son passeport, qu'Ashraf ramasse. Quand il retourne dans le quartier en vogue dans lequel il habite, avec Lulu, qui vend des parfums, et Yali, responsable d'un restaurant. La première fréquente depuis peu un journaliste, Sharon, et envisage de l'inviter à dîner, tandis que le second ne manque pas d'être attiré par un jeune homme qu'il envisage de recruter comme serveur. Ashraf se présente soudain à leur domicile pour rendre à Noam sa pièce d'identité, et ils ne tardent pas à conclure. Le nouveau venu va petit à petit faire partie du groupe de collocataires, et Yali l'embauche dans son équipe. De son côté, Lulu, pas très sûre d'elle, a du mal à joindre son nouvel amant.

Analyse

Après une scène d’introduction intense, qui met en scène un événement pas vraiment banal se déroulant sur un check-point à Naplouse, et qui pose relativement bien le contexte, à la fois burlesque et politique, The bubble laisse place à un savant mélange entre Friends, Sex and the city et Queer as folk. Le film reprend cette trame éculée mais efficace, consistant à mêler dans un même appartement une bande de jeunes gens qui vivent chacun leurs histoires sentimentales respectives. Sauf qu’ici nous sommes à Tel Aviv, soit en Israël, en plein milieu des années 2000, et que pas loin de là quelques petites incidents émaillent malheureusement la vie quotidienne des habitants. De leur côté, dans le quartier chic et tendance où se passe l’intrigue, notre bande de jeunes essayent de vivre à l’américaine, ou à l’européenne, disons pour faire court « à l'occidentale », peut-être justement pour oublier cette tension permanente qui risque d’éclater à tout moment.

La première moitié de The bubble est d’ailleurs vraiment enthousiasmante de ce point de vue, pour qui accèpte le parti-pris. On suit alors avec intérêt le quotidien de cette bande de potes hauts en couleurs et leurs petits tracas amoureux a priori insignifiants. L’idée maîtresse du film, hautement symbolique bien sûr, de faire incarner le couple principal par deux homosexuels, l’un israélien et l’autre palestinien, pourrait sembler indigeste mais passe très bien pour une raison toute bête : l’alchimie entre les deux personnages nous semble aller de soi. Sans doute est-ce dû au talent des comédiens, Ohad Knoller et Yousef Sweid, tout en naturel et décontraction. La charge revendicatrice est évidente mais n’est pourtant pas trop plombante, et l'on aurait presque envie de participer à cette rave organisée en bord de mer contre l’occupation. D'une part parce que le décor est, il faut bien en convenir, assez agréable, et puis aussi parce que « la guerre c’est pas bien quand même ».

Trêve de cynisme, car soudain, vers le milieu du film, le discours change de façon quasi-imperceptible, et Eytan Fox transforme petit à petit son long-métrage en film à thèse, le discours politique prenant le pas sur les histoires sentimentales. Pourquoi pas, c’est tout à fait légitime quoique somme toute un brin consensuel. Seulement le mélange des genres n’est pas entièrement réussi et parfois The bubble ne sait plus trop sur quel pied danser, sans compter sur un final un chouia trop attendu, et trop spectaculaire pour être honnête. Pour le reste on a affaire ici à un film qui se tient, divertissant et ancré dans son époque tout en étant aussi finalement plutôt utile. On peut sans doute préférer du réalisateur certaines de ses autres productions, et l'on peut aussi considérer que sur le conflit israélo-palestinien, d'autres films tiennent mieux la route, mais l'argument a le mérite d'être original et porté par des interprêtes sincères et authentiques.

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