Josey Wales hors-la-loi (1976) Clint Eastwood
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Josey Wales hors-la-loi (1976) Clint Eastwood
La vengeance du fermier solitaire
À contre-courant avec son époque, Clint Eastwood propose avec Josey Wales hors la loi un western classique et lyrique. Après L’homme des hautes plaines, d’inspiration toute « léonienne », l’incarnation de Blondin dans Le bon, la brute et le truand rend discrètement hommage au roi du genre, John Ford. Il tire son récit d’un roman écrit par le ségrégationniste et suprémaciste Asa Earl Carter, qui était, pour couronner le tout, membre du Ku Klux Klan. Or, officiellement, Eastwood n’était pas au courant de l’identité de l’auteur quand il en a acquis les droits, avec ses deniers personnels. Il confie l’écriture du scénario à Michael Cimino et Philip Kaufman, celui-ci se chargeant de la réalisation. Mais suite à des désaccords artistiques, Eastwood décide d'endosser le rôle de metteur en scène, assisté par James Fargo qui, par la suite, dirigera son collègue dans Doux, dur et dingue.
Le début
Le fermier Josey Wales profite d’une vie paisible dans le Missouri en cette fin de guerre de Sécession. Des brigands, originaires du Kansas voisin, envahissent en son absence sa demeure, violent son épouse et tuent ses enfants. Quand des Sudistes débarquent, il se joint à eux, même si ils sont désormais officiellement vaincus, et rendent alors les armes. Or, les Nordistes en profitent pour les assassiner lâchement, et seuls Wales et un jeune homme s’en sortent. Mais Wales a été identifié par les Nordistes comme potentiellement dangereux, sa tête est mise à prix, et il est activement recherché par les soldats Terrill et Fletcher. Les fuyards traversent le Missouri et tuent deux hommes qui cherchaient à les attraper afin de capter la rançon. Mais les blessures du jeune compagnon de Wales finissent par avoir raison de lui, et le fermier se dirige seul vers le Texas.
Analyse
Si Josey Wales hors la loi commence comme un western-spaghetti pur jus, il va peu à peu se muer en western plus classique. Le personnage de Josey Wales est présenté comme un modeste paysan du Missouri qui assiste impuissant au massacre de sa famille par des tuniques bleues. Il décide donc, logiquement pour lui, de s’allier avec l’armée sudiste en cette fin de guerre de Sécession pour rendre justice à sa façon. Avec sa troupe, ils vont être très vite battus, mais, bien entendu, Wales refuse de rendre les armes, se rendant ainsi hors la loi, un fugitif poursuivi par l’armée, et il va peu à peu acquérir une notoriété certaine dans le grand Ouest. La trame est ainsi classique, et encore une fois Clint Eastwood incarne le héros solitaire à la gâchette facile. Il endosse le rôle que le public identifie très souvent à sa personne, et assume les stéréotypes du genre.
Mais si beaucoup de ses anciens personnages n’étaient motivés par aucun but sinon celui de gagner encore plus d’argent, le protagoniste de Josey Wales hors la loi est mû par une vengeance. Dépossédé de tous ses biens et de tous ses proches, il n’aura de cesse de trouver réparation pour pouvoir enfin trouver la paix. C’est un des aspects qui rapproche le film de l’œuvre de John Wayne. Le héros pourra même à un moment trouver l’illusion d’une paix avec un foyer reconstitué. Mais ne brûlons pas les étapes, le héros incarné par Clint Eastwood va devoir tout d’abord subir comme une quête initiatique avant de ressentir une certaine forme de réconciliation. Ainsi, d’une rencontre à l’autre, Wales va-t-il croiser des individus tout autant lésés que lui avec lesquels il va s’allier. Il y a bien sûr des Indiens, éternels rejetés du Far West, ici en particulier Dan George, très drôle en vieux grigou qui ne s’en laisse pas compter.
On trouve aussi des pèlerins du Kansas, avec la revêche grand-mère et sa petite-fille qui ne laissera pas Clint Eastwood insensible, comme de bien entendu. D’ailleurs tous les personnages que Josey Wales va rencontrer sont rejetés par la communauté et vont donc bon gré mal gré s’associer pour survivre dans un milieu hostile. Ainsi Josey Wales hors la loi est-il l’occasion pour Clint Eastwood de montrer une autre facette de l’histoire des États-Unis, un pays qui s’est construit dans la douleur, et de légèrement modifier la narration qui nous est souvent présentée, quitte à froisser certains. Et Eastwood d’incarner ici un personnage qui pourrait bien des années plus tard ressembler au héros d’Impitoyable, encore une fois un homme qui, a priori, n’est pas destiné au combat, mais qui, par honneur, va considérer qu’il est de son devoir de se venger en prenant les armes.