Les amants du Pont-Neuf (1991) Leos Carax
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Les amants du Pont-Neuf (1991) Leos Carax
Le film maudit qui construisit un mythe
Le tournage des Amants du Pont-Neuf fut une vraie épopée : cinq années séparent le début du tournage de sa fin. L’acteur principal, Denis Lavant, se blesse le pied ; l’autorisation de tourner sur le Pont-Neuf devient caduque et Leos Carax décide de reconstituer les décors à Lansargues, près de Montpellier. Le budget est allègrement dépassé et les producteurs lâchent l’aventure. Le Ministre de la Culture, l’éternel Jack Lang, fait du pied à tous les financiers quand Christian Fechner décide de reprendre les choses en main. À sa sortie, le film reçoit un accueil mitigé et ne rentre pas dans ses frais. C’est le début d’une période plus que difficile pour Carax, qui ne réussira à sortir un film qu’en 1999. Pola X, malgré une exposition au Festival de Cannes, décevra beaucoup de monde et son réalisateur mettra encore une fois beaucoup de temps avant de se relever.
Alex s'effondre sur une avenue en pleine nuit. Une voiture passe à toute vitesse et lui écrase la main. Michèle vient à son secours, ils sont tous deux sans-abri. Le bus du Samu social vient les récupérer pour les amener dans un foyer d'urgence. Au bout de quelques jours, Alex veut retourner sur le Pont-Neuf, où il passe ses journées dans les travaux. Il y retrouve un ami, Hans, qui est énervé parce qu'une femme s'est installée à la place d’Alex C'est elle qui l'a ramassé l'autre soir : elle le croyait mort. Ils font connaissance au milieu des festivités organisées à l’occasion du bicentenaire de la Révolution française. Michèle est peintre, elle lui tire le portrait. Alex est saltimbanque, il joue au cracheur de feu devant des passants fascinés. Leur romance ne fait que commencer.
La qualité principale des Amants du Pont-Neuf est de nous parler de ces sans-abris qu'autrefois on appelait clochards. Leos Carax nous narre une histoire d'amour simple dont les héros sont des déshérités. Il le fait sans misérabilisme aucun ni traitement documentarisant. Il veut juste raconter cette histoire simple, et s'y prend d'une façon très naturelle. Aucun violon n'est utilisé, nous sommes touchés simplement par cette romance qui surprend ces deux êtres ayant perdu tout espoir et ne cherchant a priori pas de quelconque reconstruction. Michèle a perdu un œil, Alex se blesse au pied, à la main. Ils se soûlent pour oublier, vivent intensément, au jour le jour, sans contrainte. La poésie affleure à chaque instant, au détour d’une course effrénée ou d’une déclaration d‘amour pudique.
Malheureusement le cœur de l'intrigue des Amants du Pont-Neuf peine à démarrer. Après quelques scènes d'exposition, le film s'enlise dans un train-train monotone qui manque de rythme. Le long-métrage pourrait être amputé d'une bonne demi-heure qu'il n'en serait que meilleur. Pourtant les acteurs sont très bons, en particulier Juliette Binoche qui est pourtant loin d'être à son avantage. Pour la petite histoire, le critique Marc Esposito a d’ailleurs reproché à Leos Carax d’avoir malmené son ancien amour : reste que pour une jeune actrice le défi est louable. On retient tout de même du film de très belles images de Paris et des décors assez impressionnants, surtout quand on pense que la plupart d'entre eux ont été reconstitués. On retient également quelques scènes fortes, où l'on retrouve l'urgence de filmer de Leos Carax.