Les deux cavaliers (1961) John Ford
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Les deux cavaliers (1961) John Ford
Le délicat dilemme des prisonniers des Comanches
Cinq ans après La prisonnière du désert (et cinq ans avant son dernier film), John Ford reprenait le thème des pionniers prisonniers des Comanches dans Les deux cavaliers. Un film où il donnait à James Stewart son dernier rôle dans un western (un genre qui ne lui convient pas vraiment). Les motivations d réalisateurs pour réaliser le film sont avant tout pécunières, et il ne sera pas très content du résltat final. La commande était d'adapter un roman de Will Cook, mais l'adaptation qu'en tira le scénariste ne lui plaisait pas. La mort d'un de ses amis, survenue durant le tournage, ne fit qu'aggraver la situation, Ford ne prenant pls aucun plaisir à ce tournage qu'il délaissa. Cela n'empêcha pas une partie de la critique de réhabiliter le film par la suite, louant son indolance.
La trame est simple : Guthrie McCabe, un shérif un peu corrompu, qui boit et qui fume sans vergogne, se voit déranger dans ses petites habitudes par Jim Gary, officier yankee. Celui-ci fait appel à son expérience auprès des indiens pour récupérer les prisonniers que ceux-ci ont fait au cours des dernières années. Pas très motivé pour effectuer cette tâche, McCabe traîne des pieds et réclame plus d'argent. Les deux hommes aux caractères opposés vont devoir s’allier dans cette aventure et ramener leur progéniture aux colons qui ont installé un campement de fortune près du camp militaire d’où provient Jim Gary. Ils vont devoir pour ce faire s'infiltrer dans le camp indien et manigancer plus ou moins honnêtement pour valoir leurs droits, tout en apprenant à connaître les fameux prisonniers.
Les grands thèmes fordiens sont là dans Les deux cavaliers : le héros solitaire, les traditions, les oppositions ancestrales, la femme garante du foyer… mais quelques changement ont opéré à travers le temps. Le héros est moins positif, plus ambigu qu’au début, la femme commence à avoir plus d’autonomie qu’avant. S’il n’est pas aussi exécrable que le héros de La prisonnière du désert, Guthrie McCabe n’en est pas moins foncièrement individualiste. S’il n’accepte d’aider les autorité ce n’est que par l’argent qu’il pourra dégoter, s’il est bien content de profiter de l’hospitalité de sa maîtresse, il n’envisage pas une seule seconde le mariage.Un fameux dialogue entre les deux personnages principaux près d'une rivière résume d'aillers fort bien le caractère de ce dernier.
Et c’est intéressant de voir James Stewart dans un rôle moins lisse qu’à l’accoutumée ; mais est-ce dû au rôle de l’éternel américain moyen, droit dans ses bottes et symbole de la loyauté, qu’il incarnait chez beaucop de réalisateurs dont Frank Capra, le fait est qu’on a vu plus convaincant. Reste que son incessant duel verbal avec l’impeccable Richard Widmark est très amusant. C’est d’ailleurs un des atouts indéniables de ce film de John Ford, l’humour qui en est parsemé. Quelques répliques cinglantes et des situations à la limite du burlesque atténuent un peu la tension qui résulte du thème principal. Car mine de rien Les deux cavaliers approfondit un thème grave, celui de la réinsertion des anciens prisonniers des Comanches dans la bonne société d’alors.
Les deux faces du problème sont justement traités, sans non plus faire du film une thèse sur la question. D’abord est relevée l’angoisse des familles séparées de leur fils, de leur frère, depuis cinq ans, dix ans. Leurs membres cultivent le vain espoir de retrouver leur proche sain et sauf comme ils l’avaient laissé auparavant. Ensuite la situation hybride que vivent les prisonniers eux-même, souvent arrachés à leur famille à leur plus jeune âge et qui ne se souviennent souvent pas de leur ancienne existence. Leur allégence à leur famille de sang ou à celle qui les a élevés est tot aussi évoquée. Le sort de ces individus amène ainsi somme toute une amorce de belle réflexion et donne dans Les deux cavaliers matière à un western élégant et qui sait rester léger malgré tout.