Hustler White (1996) Rick Castro et Bruce LaBruce
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Hustler White (1996) Rick Castro et Bruce LaBruce
La face cachée d’Hollywood
Réalisateur underground d’origine canadienne, Bruce LaBruce lance un petit pavé dans la mare en 1996 avec Hustler White. Bénéficiant très vite d’un bouche à oreille favorable, le film échappera notamment à une classification X en France grâce au soutien de Jack Lang. C’est semble-t-il justifié, le film n’étant absolument pas pornographique pour un sou. Irrévérencieux c’est sûr, certaines scènes, en particulier à la fin du film, sont difficilement soutenables, et à ne pas mettre entre toutes les mains, mais la dose d’humour et le décalage donne une toute autre dimension au film.
Le début
Écrivain imbu de lui-même, Jürgen Anger débarque à Los Angeles afin détudier le milieu interlope des proxénètes homosexuels qui officient notamment sur le mythique Sunset Boulevard. C'est le cas de Monty Ward qui, un jour, écrase sans le faire exprès le pied d'un de ses comparses avec sa voiture. L'ayant gravement blessé, il prend peur et s'enfuit, prenant soin de laver le sang sur sa voiture avec le t-shirt qu'il portait. Témoin de la scène, Jürgen récupère le vêtement et tente de retrouver Marty pour le lui rendre, et connaître un peu mieux le garçon afin de récupérer de la matière pour son enquête.
Analyse
Nous suivons ainsi les péripéties d’un journaliste, interprété par Bruce LaBruce himself, qui tombe raide dingue d’un prostitué de Santa Monica. Au passage, celui-ci est interprété par Tony Ward, ex de Madonna, tout en muscles apparents, et nous allons le suivre dans ses diverses virées. Le début d'Hustler white donne d’ailleurs le ton avec une référence burlesque et ironique à Sunset Boulevard. Comme dans le film de Billy Wilder, c’est un type qu’on trouve inconscient dans une piscine, enfin ici un jacuzzi, qui va nous raconter son histoire.
Et c’est aussi la part d’ombre de l’usine à rêve qu’on va découvrir, et on y rencontre plus particulièrement une certaine frange de cet univers. Ainsi toute une flopée de plus ou moins jeunes hommes, plus ou moins paumés, errent d’aventure en aventure sans autre but que de survivre dans cette jungle préfabriquée qu’on nomme Hollywood. Dans le ton, Hustler white est souvent franchement glauque, pitoyable et sordide. Seulement voilà, Bruce LaBruce a décidé de traiter son quasi documentaire de façon clairement ironique.
Le résultat est drôle, les situations sont tellement burlesques et parfois même absurdes que ça fait passer la pilule en douceur. On trouve même un moment de tendresse en voyant le personnage que joue Tony Ward s’occuper de son petit bébé de fiston. Sans avoir de grandes ambitions artistiques, on trouve tout de même dans Hustler white des références à Paul Morrissey et à Andy Warhol, le film se voulant sans nul doute dans la ligne droite de ces prédécesseurs, voire même d’un John Waters version Pink Flamingo, sans doute le talent en moins. Hustler white constitue en tout cas un témoignage de plus sur la déjantée Hollywood.