Le tombeau des lucioles (1988) Isao Takahata
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Le tombeau des lucioles (1988) Isao Takahata
On savait, on savait, que ça n'allait pas durer…
Ce film est encore un mythe plus de trente ans après sa sortie. Et pour cause : Le tombeau des lucioles est le film qui consacrera Isao Takahata et lui ouvrira les portes à l’international. Et pourtant il a fallu huit ans pour qu’il sorte en France, dans un quasi-anonymat. Aujourd’hui, il est un des films d’animation les plus téléchargés vendus en DVD ; comme quoi… Il faut dire qu'entre temps les films de Takahata ont été attendus au tournant (voir le succès de Pompoko). Tout que comme ceux de son compatriote Hayao Miyazaki, avec qui il a créé le studio Ghibli en 1984.
Dés le début du film, le spectateur est prévenu : nous sommes en 1945 et le héros, Seita, est mort et nous parle d’outre-tombe. Son fantôme rejoint celui d’une petite fille et un long flash-back nous entraîne quelques mois plus tôt à Kobe. Un bombardement est imminent et tous les habitants vont se réfugier dans les abris. Seita et sa sœur Setsuko partent avant leur mère qui doit les rejoindre plus tard. Quand les enfants la retrouvent, elle souffre de graves blessures et ne survivra pas. Seita et Setsuko vont vivre chez leur tante paternelle, une femme de prime abord sympathique mais qui se révèlera odieuse. Laissés pour compte, les deux orphelins vont devoir survivre seuls.
Rarement dessin animé (pour ceux qui sont de l’ancienne école) n’a été aussi dur et aussi réaliste que Le tombeau des lucioles. Les premières images du bombardement de Kobe sont (paraît-il) d’une terrifiante véracité. Isao Takahata n’hésite pas à souligner la noirceur de son récit par des images chocs qui marquent les esprits. Des corps ensanglanté gisent dans les décombres, des bombes s’écrasent sur des civils en panique. Le contraste des couleurs, les lumières et la qualité du dessin renforcent le réalisme parfois hallucinant du film de Takahata. Inspiré par la propre histoire d'Akiyuki Nosaka, l'auteur de la nouvelle La tombe des lucioles, le réalisateur n’omet aucun détail de la vie quotidienne en temps de guerre.
Et ces évènements nous semblent encore plus cruels qu’ils nous sont racontés par l’intermédiaire de deux personnages de 4 et 14 ans. L’un est une fillette et l’autre est un adolescent bien obligé de grandir trop vite et de passer à l’âge adulte à vitesse grand V. Tout ce qui va leur arriver nous semble du coup encore plus atroce, injuste, impitoyable. Rien ne leur est épargné et pourtant, au travers de moments d’une poésie incroyable, le monde de l’enfance réparait comme par magie. La superbe scène des lucioles qui donne son nom au film est à ce titre absolument magnifique, sorte de pause entre toutes les horreurs qui nous sont assénées (après coup, il semble pourtant que cette scène révèle une réalité encore plus terrible). Et la réalité refait surface, l’histoire poursuit son implacable et tragique chemin. La beauté des dessins, le réalisme des situations, l’absence de manichéisme et la poésie d’ensemble font du Tombeau des lucioles un film à part, inclassable et à ne pas rater.
Julien Guyomard 3 years ago
L'auteur de l'histoire l'a écrit à partir de ses expériences personnelles et comme une sorte de pardon par rapport à la mort de sa demi-soeur à l'époque. C'est un de mes films préférés!